Qui a peur des Mexicains?

Par Soumis par Investissements Renaissance | 23 mai 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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N’en déplaise à Donald Trump, le Mexique se porte bien, merci, argue Richard Lawrence, premier vice-président, équipe des titres à revenus pour Brandywine à Philadelphie (Pennsylvanie).

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« Les ours (bears, ou pessimistes) du marché mexicain pensent au candidat Trump et à ses propos sur la construction d’un mur, sur les vices de l’ALENA, sur les Mexicains qui volent les jobs des Américains. Il a même nommé un directeur du comité de la Maison-Blanche sur les accord commerciaux, Peter Navarro, qui a une longue feuille de route de critiques à l’égard des pays qui ont un déficit commercial avec les États-Unis. Mais de la façon dont nous voyons les choses, le président Trump est très différent du candidat Trump », dit Richard Lawrence.

Après avoir traité l’ALENA de pire accord commercial de l’Histoire, le candidat devenu président s’est ravisé et parle désormais d’améliorations et de négociation; une position plus raisonnable à laquelle beaucoup peuvent s’identifier puisque l’accord a plus de vingt ans, selon Richard Lawrence.

« Il n’écoute plus vraiment les Navarros de son administration, mais plutôt des gens pragmatiques comme [son conseiller économique] Gary Cohn et [son conseiller au Trésor] Steven Munchin », estime l’expert.

En réalité, les actifs mexicains gérés par Brandywine ont bien fait; ils ont même connu les meilleurs résultats du portefeuille au premier trimestre de 2017. Car derrière la rhétorique et la politique, les chiffres ne mentent pas.

« Le Mexique ne représente qu’environ 7 % du déficit commercial américain, soit environ 60 milliards de dollars américains, tandis que les exportations américaines au Mexique s’élèvent à environ 240 milliards. C’est une relation bilatérale, à l’image de celle que les États-Unis entretiennent avec le Canada », dit Richard Lawrence.

« Selon nos estimations, de 5 à 6 millions d’emplois américains dépendent des exportations au Mexique. Et il est intéressant de noter que si le Mexique expédie aux États-Unis 80 % de ses explorations, le contenu américain de ces exportations compte pour 40 % : la chaîne d’approvisionnement est si complexe entre les deux pays que les biens passent plusieurs fois d’un côté à l’autre de la frontière [au cours de leur production]. Quand on regarde la vraie histoire et les chiffres, on se fait une autre idée de la relation commerciale entre les deux pays », poursuit-il.

Seuls nuages à l’horizon, selon Richard Lawrence : des pratiques commerciales plus risquées que prévu de la part des États-Unis, et des changements politiques internes au Mexique, alors qu’approchent les élections présidentielle et parlementaires à l’été 2018.

« L’un des candidats émergents de cette élection [le populiste López Obrador] s’apparente à une version mexicaine de Donald Trump. Nous allons donc surveiller avec intérêt l’évolution de cette campagne », dit Richard Lawrence.

Mais dans le grand ordre des choses, la clé du succès demeure la diversification. Le Mexique ne représente d’ailleurs qu’environ un dixième des actifs de pays émergents gérés par Brandywine.

« La lente reprise de la croissance mondiale et des matières premières nous force à regarder aussi ailleurs. En ce moment, nous investissons au Brésil, en Inde, en Indonésie, en Afrique du Sud, en Pologne et en Malaisie. Tant que le dollar américain poursuit sa course actuelle, nous nous attendons à de belles performances en provenance des pays émergents dans notre portefeuille. »

Soumis par Investissements Renaissance