Rassurez vos clients : vous n’êtes pas un fraudeur!

Par Bruno Geoffroy | 6 mai 2015 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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« Allez-vous me frauder? », lance le septuagénaire assis en face de vous avant de vous citer l’affaire Earl Jones. Un nouveau client qui se fait l’écho de milliers d’autres. « Un Canadien sur cinq s’est déjà fait offrir un placement frauduleux », précise une spécialiste de l’Autorité des marchés financiers (AMF) lors d’une conférence donnée en avril à l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal. Alors, comment rassurer vos clients?

Jouer cartes sur table et éduquer vos clients à reconnaître les fraudeurs, voilà un bon moyen de tranquilliser ceux qui sont angoissés par la fraude. La transparence débute d’ailleurs avec vous.

Offrez-leur la chance de consulter avec vous le Registre des entreprises et des individus de l’AMF et prouvez que vous possédez les permis pour exercer en toute légalité. Perte de temps? Pas vraiment : « Au Québec, 4,5 % des citoyens ont déjà été victimes de fraude en assurances et en investissements », explique Valérie Sauvé, analyste à la direction de l’éducation financière de l’AMF, à un auditoire de 60 personnes âgées de 60 ans et plus.

Pour vous démarquer, n’hésitez pas non plus à éduquer votre clientèle. Qui sait, votre prospect ou votre client sera peut-être un jour démarché par un fraudeur. Rappelez-lui que toute proposition de placement doit s’accompagner d’un prospectus écrit et détaillé sur le produit. Un document incontournable que les fraudeurs sont incapables de présenter. Encore faut-il leur demander! L’AMF propose en ligne sa brochure Déchiffrez le prospectus, vulgarisée à l’attention des consommateurs de produits et services financiers.

Informez aussi vos clients des indices qui peuvent leur faire suspecter une fraude. « Si le rendement offert est trop beau pour être vrai, c’est probablement le cas », rappelle Michel Gariépy, analyste à la direction de l’éducation financière de l’AMF présent aussi lors de la conférence. Si l’on vous offre de faire des chèques au nom du représentant ou si on vous fait miroiter des rendements miraculeux et garantis pour des placements sans risque, ça sent la fraude à plein nez. Passez votre chemin.

Selon M. Gariépy, « il n’y a jamais d’urgence à investir. Les fraudeurs font souvent pression sur leurs victimes pour qu’elles investissent rapidement et gardent secrètes des informations privilégiées ». Conseillez donc à votre client de prendre le temps de lire toute la documentation avant de décider et de ne surtout pas hésiter à poser des questions.

« Un fraudeur va toujours finir par s’enfarger dans ses menteries », précise l’analyste. Avant de rappeler que « 99,9 % des conseillers en services financiers sont compétents et honnêtes ». Ouf, vos clients peuvent respirer!

Des stratégies de plus en plus raffinées

En matière d’escroquerie, les grands classiques comme la chaîne de Ponzi ou les fraudes basées sur les groupes d’affinités fonctionnent toujours. Le profil de la victime type peut d’ailleurs étonner : niveau de scolarité élevé, excès de confiance dans ses décisions (ne se renseigne pas auprès d’autres sources), investisseur autonome prêt à assumer des risques.

Et, comme un homme avisé en vaut deux, prévenez donc vos clients qu’ils ne recevront jamais un courriel de votre part leur demandant de vous transmettre des données confidentielles. L’hameçonnage a toujours la cote, selon Michel Gariépy.

L’analyste rappelle aussi à tous les investisseurs de ne jamais donner le mot de passe de leur compte chez un courtier à escompte en ligne. « Pas même à votre beau-frère qui prétend s’y connaître en finances. Vous risquez de perdre gros et de n’avoir aucun recours juridique… puisque vous aurez de votre plein gré cédé vos identifiants. »

L’avenir de la fraude passera par le Web. « Avec 2, 5 milliards d’utilisateurs Web aujourd’hui et 4 milliards dans quatre ans, la fraude de masse, rapide et peu coûteuse a de beaux jours devant elle. » La cyberextorsion se déploie sur des applications mobiles ou par le biais de votre courriel aussi. À bon entendeur…

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Bruno Geoffroy