Récession ou pas? Des experts se prononcent

Par Ronald McKenzie | 14 septembre 2011 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Déjà modéré, l’optimisme des économistes quant à la croissance du PIB canadien se tiédit davantage. En effet, de plus en plus de signes semblent indiquer que le Canada se dirige vers une récession.

Au début de la semaine, la Banque Royale et la Banque TD ont prédit un ralentissement de la croissance d’ici la fin de l’année. Cependant, elles ont pris soin de ne pas mentionner le mot récession.

Mardi dernier, la Banque Scotia a brisé la glace en annonçant tout de go que le Canada pourrait être le premier pays développé à retomber en récession. Les experts de la Scotia ont affirmé qu’il s’agirait d’une « récession technique », caractérisée par deux trimestres consécutifs de croissance négative du PIB. Au terme du 2e trimestre (avril-juin 2011), le PIB canadien a reculé de 0,4 %. Les données du 3e trimestre sont attendues avec impatience.

« Nous avions déjà abaissé à 2,3 % nos perspectives de croissance de l’économie canadienne pour 2011 et 2012. Nous ne sommes donc pas surpris des commentaires de la Banque Royale », a indiqué Avery Shenfeld, en entrevue à Advisor.ca. L’économiste en chef de Marchés mondiaux CIBC a ajouté : « Il est hasardeux de faire des prédictions pour l’économie canadienne, car on tient pour acquis que les politiciens en Europe et aux États-Unis posent les bons gestes. »

De façon générale, les observateurs estiment que la faiblesse de la reprise aux États-Unis et dans la zone euro, de même que leurs problèmes de dette, sont responsables de la stagnation économique qui frappe les pays membres de l’OCDE, le Canada y compris.

« Le Canada fera face à un risque de récession si les problèmes liés aux dettes souveraines en Europe se traduisent par une crise bancaire. Même chose si le Congrès américain ne réussit pas à adopter une programme de stimulation économique pour 2012. Mais si l’Europe et les États-Unis évitent la récession, il n’y a aucune raison de croire que le Canada en subira une », a dit Avery Shenfeld.

De son côté, Robert Kavcic fait preuve de plus d’optimisme. Certes, la croissance canadienne ralentit, admet cet économiste de BMO Marché des capitaux. Mais il réfute l’hypothèse de l’arrivée rapide d’une récession. « Bien que nous ayons révisé à la baisse nos perspectives, nous prévoyons une croissance modeste au cours du dernier semestre de 2011 et une légère reprise en 2012 », a-t-il noté.

En chiffres : + 2 % pour les 3e et 4e trimestres de 2011, et environ + 2,5 % pour 2012, estime Robert Kavcic.

Sherry Cooper n’envisage pas non plus de récession au pays, ni aux États-Unis d’ailleurs. En ce qui concerne le Canada, l’économiste en chef de BMO Groupe financier prévoit une croissance de 2,1 % au 3e trimestre, de 1,95 % au 4e trimestre et de 2,2 % pour 2012.

Enfin, Benjamin Tal fait remarquer qu’une croissance anémique du PIB peut s’apparenter à une récession, car les effets ressentis sont pratiquement les mêmes. Pour l’heure, il demeure positif. « Le programme de dépenses du président Barack Obama aidera le Canada. Et puis, les autorités canadiennes peuvent utiliser la politique monétaire et la politique fiscale pour prévenir une récession. Ce qui est certain, c’est que la croissance économique sera faible et donnera l’impression que nous sommes réellement en récession », conclut l’économiste en chef adjoint de Marchés mondiaux CIBC.

Ronald McKenzie