Rendement de 18 %, et sans risque svp…

Par Laurence Hallé | 20 mai 2014 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Rendering of a waving flag of the United Kingdom with accurate colors and design.

En Grande-Bretagne, les investisseurs qui recherchent à la fois un placement sécuritaire et profitable semblent avoir trouvé leur eldorado: les établissements de soins spécialisés pour enfants.

La firme Gravity International promet ainsi un rendement sur le capital investi de 18 % en l’espace d’un an, le placement étant garanti à même la propriété. Chaque enfant hébergé dans ces centres représente un profit d’au moins 4500 $ par semaine, une somme poussée jusqu’à 10 000 $ pour ceux présentant le plus de difficultés, indique-t-on dans un article du quotidien britannique The Guardian. Et la liste d’attente pour avoir une place dans l’un de ces établissements est longue, selon la firme. Un foyer comptant quatre lits enregistrera des profits de quelque 390 000 $ par année pour un taux d’occupation de 75 %, et 1,1 million pour une occupation au maximum de sa capacité.

Un parfait exemple des « dérives de la sous-traitance »

Or, si une entreprise privée peut offrir des rendements aussi avantageux à ses investisseurs, c’est entre autres parce que les autorités britanniques ne sont pas en mesure d’amasser les fonds pour bâtir de nouveaux établissements de soins, pas plus qu’elles n’ont les moyens de rénover les foyers déjà existants. Les compagnies entrent alors en jeu, rachètent les logements sociaux et revendent leurs services au prix fort, explique la chroniqueuse du Guardian, Polly Toynbee.

Il faut y voir le parfait exemple des dérives de la sous-traitance, omniprésente en Grande-Bretagne depuis les années 1980, de même que la démonstration que le privé n’est pas toujours préférable au public, poursuit-elle. Le gouvernement ayant vendu environ deux millions de logements sociaux, le plus souvent sans utiliser cet argent pour les remplacer, il les relouera ensuite à des entrepreneurs trois fois plus chers que le coût du loyer. Emprunter se traduit souvent par une facture plus salée pour l’État, plaide Polly Toynbee.

Cette tendance a connu une croissance fulgurante au Royaume-Uni entre 2010 et 2012, selon le centre de recherches britannique LaingBuisson. La sous-traitance des établissements de soins pour enfants par des entreprises privées, une pratique «encouragée par des manques de fonds», est ainsi passée de 8 à 67 %, souligne-t-on dans l’article du Guardian.

Les chercheurs ont aussi indiqué que les investisseurs pourraient encore faire de bonnes affaires dans ce secteur d’ici les prochaines années, puisque la politique n’y est que peu présente. Les intérêts du secteur public dans les services sociaux sont mal représentés en comparaison avec ceux des services de santé, où les opposants à la sous-traitance se sont mobilisés, affirment-ils.

Laurence Hallé