Réseaux captifs : le client est-il perdant?

Par La rédaction | 13 février 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Les clients des conseillers de réseaux captifs sont-ils moins bien servis? se demande le chroniqueur du New York Times Paul Sullivan. La comparaison de certains fonds le fait douter.

C’est l’évaluation de deux fonds gérés par Waddell & Reed qui lui a mis la puce à l’oreille. L’Ivy Asset Strategy a livré une mauvaise performance en 2016, se classant au 99e rang percentile, selon Morningstar. Difficile de faire pire. Le Waddell & Reed Asset Strategy n’a fait guère mieux, se retrouvant au 97e rang percentile.

Pourtant, le fond Ivy a perdu 65 % de ses actifs l’an dernier, les investisseurs le désertant en masse, alors que le fonds Waddell & Reed n’a perdu que 26 % de ses actifs. Depuis trois ans, malgré des performances similaires, le premier a perdu 82 % de ses actifs, contre 41 % pour le second. Les deux fonds proviennent de la même famille et sont gérés par les mêmes personnes. Alors, pourquoi cette différence?

DIS-MOI QUI TE VEND LE PRODUIT…

Parce que le fonds Waddell & Reed est vendu par des représentants de la firme à leurs clients uniquement, alors que les parts du fonds Ivy peuvent être achetées par n’importe qui, notamment via des professionnels du conseil financier indépendants. Or, ces derniers semblent avoir conseillé à leurs clients d’abandonner ce fonds, contrairement aux représentants de Waddell & Reed, soutient M. Sullivan.

Ces deux fonds ne sont pas les seuls à afficher ce type d’incongruité. Le Strategic Emerging Market Fund, de MassMutual Financial Group, se classait au 63e rang percentile en 2016 et ses actifs ont grimpé de 3,7%. Le fonds OppenheimerFunds, identique et lui aussi géré par MassMutual, a connu la même performance, mais ses actifs ont chuté de 6,4 %.

Et encore là, il ne s’agit que de fonds qu’il est possible de comparer. Plusieurs firmes donnent désormais le même nom aux fonds réservés à leurs clients et aux versions des mêmes fonds offertes à tous. Cette opacité complique la tâche de ceux qui veulent comparer les flux de capitaux provenant des représentants de la firme à ceux arrivant de l’extérieur, affirme le chroniqueur.

AMENDE SALÉE

À moins, bien entendu, qu’il n’y ait une poursuite devant le tribunal. En 2015, JP Morgan Chase a été frappée d’une amende de 307 M $US (401 M $CAN) pour avoir amené des consommateurs à investir dans ses propres fonds et produits. Les autorités ont démontré qu’en plus de procurer à la banque plus de revenus en frais de gestion, ses conseillers ont proposé aux clients les produits les plus coûteux de JP Morgan Chase, alors qu’elle en offrait des versions moins chères.

CONVENANCE OU MEILLEUR INTÉRÊT?

Qu’est-ce qui doit guider les professionnels du conseil financier? se demande alors Paul Sullivan. Aux États-Unis, la plupart des conseillers suivent la norme de la « convenance au client ». Ils choisissent un investissement qui correspond aux besoins des clients. Le devoir fiduciaire pousserait cette logique plus loin, obligeant le conseiller à travailler dans le meilleur intérêt de son client. Le devoir fiduciaire devait remplacer sous peu la convenance pour les gestionnaires d’épargne-retraite. Toutefois, Donald Trump vient de signer un décret demandant de revoir, voire d’abolir, cette directive.

LA RESPONSABILITÉ DU CONSEILLER

Cela complique la tâche de ceux qui veulent s’assurer que leur conseiller travaille bien pour eux, estime le chroniqueur. Michael Krol, directeur en chef du service à la clientèle de Waldron Private Wealth, croit que la responsabilité de la transparence revient au professionnel en services financiers. Selon lui, les clients ont besoin de l’entendre leur dire : « Voici combien tu me paies. Aucun des conseils que je te donne, aucun des produits que je te vends ne me procurera une plus grande rémunération ». Une approche probablement plus simple à adopter pour ceux qui travaillent à honoraires que pour ceux qui touchent des commissions et des bonis, lesquels varient en fonction du type de produit et de son émetteur.

Ici, le MRCC 2 a déjà fait de grands pas pour augmenter la transparence, notamment par rapport aux frais et au rendement. Cela suffira-t-il à rassurer vos clients?

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