Retour en force des gestionnaires valeur!

Par Alexandre Daudelin | 5 mai 2011 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Les gestionnaires de placements adoptant une position plus défensive ont pu bénéficier de cette situation, au premier trimestre 2011. Selon les nouvelles données du Rapport de Russell sur la gestion active, 59 % des gestionnaires de titres de valeur canadiens à grande capitalisation ont surclassé le rendement de 5,6 % de l’Indice composé S&P/TSX au premier trimestre de 2011 comparativement à seulement 22 % pour les gestionnaires de croissance.

Les données sont encore plus frappantes comparativement à celles du quatrième trimestre de 2010, lorsque 45 % des gestionnaires de valeur et 74 % des gestionnaires de croissance ont devancé l’indice. Les gestionnaires axés sur les dividendes ont également obtenu de bons résultats au premier trimestre, 55 % d’entre eux surclassant l’indice de référence.

L’impact du secteur des matières La faiblesse du secteur des matières, particulièrement l’or, a le plus contribué aux rendements supérieurs des gestionnaires de valeur et de ceux axés sur les dividendes. «Les gestionnaires de valeur ont sous-pondéré les aurifères d’environ 7 %, contre presque 9 % pour les gestionnaires axés sur les dividendes. Voilà pourquoi la baisse de 4,8 % du prix de l’or a stimulé leurs rendements», affirme Kathleen Wylie, analyste principal en recherches pour Investissements Russell.

Mme Wylie a rencontré et évalué des centaines de gestionnaires de placements au cours de sa carrière. « Les gestionnaires de croissance disposent, en moyenne, d’une pondération supérieure en aurifères, ce qui nuit à leurs rendements relatifs. »

Pour la première fois en un an, le secteur des services financiers a devancé l’indice de référence. Avec un rendement de 9 %, les services financiers ont obtenu les meilleurs rendements pour le trimestre. Le secteur a bénéficié de la vigueur des actions bancaires, la Banque Royale du Canada et la Banque Toronto-Dominion prenant les devants. Ces deux actions sont présentes dans les portefeuilles des gestionnaires canadiens à grande capitalisation. Toutefois, ce sont les gestionnaires axés sur les dividendes, qui détenaient une surpondération d’environ 8 % dans le secteur des services financiers, qui ont le plus bénéficié de cette performance supérieure. Les gestionnaires de valeur ont également surpondéré les titres des services financiers de 1,5 %, tandis que les gestionnaires de croissance ont en moyenne sous-pondéré ce secteur de 5 %, ce qui a nui à leur rendement.

Historiquement, nous avons assisté à des écarts considérables entre les rendements trimestriels des gestionnaires de valeur et ceux des gestionnaires de croissance, particulièrement au cours des deux derniers trimestres. Au premier trimestre de 2011, le rendement médian des gestionnaires de valeur se chiffrait à 6,3 % comparativement au rendement médian de 4,9 % des gestionnaires de croissance. Au quatrième trimestre de 2010, la situation était inversée, avec une avance de 2 % des gestionnaires de croissance. Il faut se rappeler que les gestionnaires de croissance avaient devancé les gestionnaires de valeur pendant deux trimestres consécutifs après un retard de presque deux ans.

«Il y a certainement des périodes où un style de placement devancera l’autre, mais sur de plus longues périodes, les deux styles ont obtenu des rendements similaires», affirme Kathleen Wylie. «Il est impossible de prédire quel style sera en avance à un moment précis. Un portefeuille multi-styles qui inclut plusieurs styles de gestion permettra d’atténuer les fluctuations et de réduire la volatilité.»

Plus difficile pour les gestionnaires à grande capitalisation Dans l’ensemble, le rapport a constaté que seulement 39 % des gestionnaires de titres canadiens à grande capitalisation ont réussi à surclasser l’indice au premier trimestre de 2011, soit une baisse par rapport à 52 % au quatrième trimestre de 2010, mais une hausse par rapport à 34 % au troisième trimestre. Le rendement médian des gestionnaires à grande capitalisation était de 5,3 %, comparativement à 5,6 % pour l’indice composé S&P/TSX.

La performance relative au cours du trimestre était décevante, mais elle n’a pas surpris étant donné que seulement quatre secteurs ont surclassé l’indice. Les secteurs des services financiers et de l’énergie ont obtenu les meilleurs rendements, contribuant à plus de 85 % du rendement de l’indice pour le trimestre.

«Les gestionnaires de titres à grande capitalisation détenaient, en moyenne, une faible surpondération dans le secteur des services financiers, et une sous-pondération de presque 2 % en titres du secteur de l’énergie, laquelle a nui au rendement par rapport à l’indice de référence», a souligné Mme Wylie. «Dans l’ensemble, les gestionnaires détenaient des positions favorables dans seulement quatre des 10 secteurs de l’indice. Les gestionnaires demeurent fortement sous-pondérés en titres du secteur des matières (6 %), ce qui aurait alimenté leur performance relative pendant le trimestre.»

Kathleen Wylie a ajouté qu’au cours des dernières années, il a été particulièrement difficile pour les gestionnaires de titres canadiens à grande capitalisation de surclasser l’indice de référence puisque, par moments, le marché a été davantage influencé par les événements macroéconomiques ou dominé par les ressources et moins axés sur les facteurs fondamentaux spécifiques des entreprises. «Malgré ce contexte difficile, 52 % des gestionnaires de placements à grande capitalisation ont surpassé l’indice de référence, par trimestre, au cours des 10 dernières années, et le rendement médian dépasse l’indice.»

La clé, selon Mme Wylie, consiste à identifier les gestionnaires compétents dans la sélection d’actions et la construction de portefeuilles, ce qui leur permet de surclasser l’indice et le rendement médian. «Dans un marché normal, ce sont ces gestionnaires qui ont offert une nette plus-value par rapport à l’indice de référence, comme le démontre le passé», insiste-t-elle.

Alexandre Daudelin