RRQ : les jeunes générations « se font avoir »

Par La rédaction | 17 janvier 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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À l’heure où la réforme du Régime des rentes du Québec (RRQ) est débattue en commission parlementaire, l’économiste et consultant en politiques publiques Paul Daniel Müller juge que les jeunes générations « se font avoir », rapporte TVA.

Interrogé par la chaîne d’information, cet ancien président de l’Institut économique de Montréal (IEDM) assure que la réforme proposée par le gouvernement provincial ne réglera pas les problèmes de la génération X (gens nés entre 1966 et 1976) ni Y (nés entre les années 1980 et 2000).

En juin dernier, le gouvernement fédéral s’est entendu avec la plupart des provinces au pays pour bonifier le Régime de pension du Canada. Selon cet accord, qui doit débuter en 2019, les cotisations d’un employé avec un salaire d’environ 55 000 dollars augmenteront de sept dollars par mois pour atteindre 34 dollars d’ici à 2023, tandis que la cotisation de contrepartie des employeurs croîtra du même montant.

Refusant de signer cette entente, qui a d’ailleurs reçu un accueil mitigé dans la Belle province, le ministre des Finances Carlos Leitao a déclaré que la solution québécoise au problème de la retraite devait être « différente ». Il a alors présenté une autre proposition, affirmant qu’il consulterait les Québécois à ce sujet.

« LES AÎNÉS ET LES BOOMERS N’ONT PAS PAYÉ LEUR JUSTE PART »

Or, le problème est que la génération de l’avant-guerre et celle des boomers n’ont pas payé leur juste part, bien qu’ils aient eu accès à tous les services, soutient Paul Daniel Müller.

« Si les gouvernements du passé avaient eu assez de sens des responsabilités pour facturer le véritable coût des promesses qu’ils faisaient, le taux de cotisation total (employés et employeurs) serait aujourd’hui d’environ 7,3 % plutôt que de 10,8 % », explique-t-il à TVA.

À propos du souhait de Carlos Leitao d’indexer les prestations sur le taux d’inflation du Québec plutôt que sur celui du Canada, plus élevé, l’ancien patron de l’IEDM estime que « cela diminuera les rentes futures ».

LES BOOMERS FERONT-ILS PARTIE DE LA SOLUTION?

Celles-ci pourraient-elles être ajustées à la baisse en fonction de l’augmentation de l’espérance de vie? L’économiste répond que « si cette mesure est appliquée uniquement progressivement, les boomers en seront exemptés, alors que c’est précisément la génération qui a bénéficié le plus de l’augmentation de l’espérance de vie ».

Enfin, questionné sur l’âge minimum pour accéder à la retraite anticipée, qui pourrait passer de 60 ans à 62 ans (tandis que l’âge habituel demeure 65 ans), il déclare : « Quand va-t-on appliquer cette mesure? Une fois que tous les boomers auront déjà pris leur retraite? Feront-ils enfin partie de la solution? »

Soulignant que le coût total du RRQ avoisine 11 milliards de dollars, Paul Daniel Müller juge la facture« énorme ». Sa conclusion? « Il faut se mettre en mode arrêt, le temps de réfléchir. On dit aux générations plus jeunes : payez plus et vous en aurez plus. Mais déjà, ils paient plus que leurs prédécesseurs et ils en auront moins. »

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