Scandale du Libor : un ancien courtier devant les juges

Par La rédaction | 28 mai 2015 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Le procès du courtier Tom Hayes, accusé d’avoir été l’un des acteurs principaux du scandale du Libor, (London Interbank Offered Rate, ou « taux interbancaire pratiqué à Londres »), a débuté mardi à Londres, rapporte Le Monde.

Si plusieurs banques ont déjà été condamnées à payer des amendes dans le cadre de ce scandale de manipulation des taux interbancaires, l’ex-employé de 35 ans d’UBS et de Citigroup est le premier courtier à comparaître devant la justice.

« M. Hayes était à l’épicentre [de cette affaire], a accusé Mukul Chawla, le procureur britannique. Personne ne pense qu’il devrait porter la responsabilité de toute la manipulation, mais il est allé plus loin que les autres. »

Vaste réseau de manipulation

Selon Mukul Chawla, l’ancien courtier avait mis sur pied un vaste réseau, non seulement au sein de la banque où il travaillait, mais aussi avec plusieurs autres institutions financières.

Basé à Tokyo, il avait travaillé comme courtier pour UBS de 2006 à 2009, puis pour Citigroup, avant de se faire licencier en 2012 lorsque le scandale du Libor a éclaté.

L’accusation a décrit mardi comment le jeune homme avait manipulé ce taux interbancaire, supposé représenter le taux moyen auquel les banques se prêtent entre elles, « de façon presque quotidienne pendant des années », écrit Le Monde.

Une pratique courante

« La pratique était relativement simple, détaille le quotidien. Le Libor était à l’époque déterminé quotidiennement par un panel de banques. Chacune téléphonait chaque jour à l’Association des banquiers britanniques (BBA), donnant le taux qu’elle pratiquait ce jour-là dans les prêts interbancaires. La BBA en faisait ensuite la moyenne pondérée. »

Au milieu des années 2000, de nombreux courtiers ont compris tout l’intérêt qu’ils pouvaient retirer de cette façon de procéder. En effet, ils n’avaient qu’à demander aux employés qui communiquaient le taux à la BBA, moyennant rétribution, de l’augmenter ou de l’abaisser très légèrement en fonction de leurs positions sur les marchés.

Cette pratique a ensuite pris de l’ampleur lorsque plusieurs courtiers de différentes banques ont décidé de s’entendre. Au total, Tom Hayes aurait ainsi inclus la quasi-totalité du panel des 16 établissements qui calculent le taux Libor en yens.

D’autres procès sont à venir

« Il est certain que la manipulation existait avant que M. Hayes ne rejoigne UBS. Mais cela n’est pas une justification et, surtout, il l’a développé à une autre échelle, a dénoncé Mukul Chawla. Il a réalisé qu’il pouvait manipuler le taux en travaillant avec d’autres banques. Il les a approchées, de même que les maisons de courtage. »

Depuis 2012, rappelle Le Monde, la plupart des grandes banques ont été prises la main dans le sac et ont dû payer des amendes totalisant plus de neuf milliards de dollars. Et Tom Hayes ne sera pas le dernier courtier à devoir s’expliquer devant un juge, puisqu’une vingtaine de ses collègues sont eux aussi poursuivis en justice, tant en Grande-Bretagne qu’aux États-Unis.

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