S’intégrer à son milieu par l’engagement social

Par André Giroux | 14 novembre 2012 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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En plus de sa participation à Rimouski, la Banque Nationale a aussi une équipe aux 24h de Tremblant.

C’était il y a une vingtaine d’années. Une employée de CIBC en Colombie-Britannique a eu un diagnostic de cancer du sein. Ses collègues ont décidé d’organiser une campagne de financement pour lui venir en aide. « Le cancer causait des difficultés financières à la victime, rappelle Sylvain Vinet, premier vice-président de Distribution Détail, est du Canada. Ses collègues ont organisé une marche visant à amasser des fonds pour la soutenir dans l’épreuve. Par la suite, elles ont présenté une demande au siège social de Toronto afin d’élargir le soutien à l’ensemble des Canadiennes atteintes du cancer du sein. La haute direction a accepté. »

2012 marque le 16e anniversaire de l’engagement de la banque à titre de commanditaire principal de la Course à la vie CIBC de la Fondation canadienne du cancer du sein, qui finance la recherche, l’éducation et la promotion de la santé. La course en est à sa 20e édition.

Au cours de la deuxième quinzaine de septembre 2012, des activités de collecte de fonds se sont déroulées dans 60 villes partout au pays. Ces démarches ont culminé par une course d’un ou de cinq kilomètres (au choix) qui s’est déroulée le dimanche 30 septembre 2012, notamment à Montréal, à Québec et à Sherbrooke.

« À l’échelle du Canada, précise M. Vinet, les employés de CIBC ont fait de cette course l’une des causes qu’ils appuient le plus. Chaque année, un employé de CIBC sur trois y participe, agit comme bénévole ou recueille des fonds. En 2011, plus de 13 000 employés et clients de la banque ont amassé plus de 3 millions de dollars grâce à des promesses de dons, à des activités de collecte de fonds et à la vente d’articles de la Collection rose. Au total, la Course à la vie CIBC a permis de recueillir plus de 30 millions de dollars grâce à la participation de plus de 170 000 personnes. »

De la base au sommet Il est inusité que des initiatives locales en matière de causes sociales réussissent à motiver le siège social, qu’il s’agisse de dons importants ou d’engagement. Louis Khalil consacre la majeure partie de son temps de travail à la gestion du portefeuille de ses clients. Il est aussi vice-président de la Financière Banque Nationale pour le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie. Il a réussi à obtenir 100 000 $ de la Banque Nationale pour créer, en 2011, la Ligue de Mini-Football de Rimouski, destinée aux jeunes de neuf et dix ans, et pour consolider une équipe de football collégiale : les Pionniers de Rimouski.

L’un des gages de succès : son engagement personnel. « Pour moi, l’expérience du football collégial a commencé voilà une douzaine d’années, raconte-t-il. Nous étions deux amis qui voulions offrir du football dans la région, afin de ralentir l’exode des jeunes. Nous avons créé une équipe de football collégial dont j’assume la présidence encore aujourd’hui. J’imagine que l’appui à une cause déjà soutenue par un membre de l’équipe de la Financière Banque Nationale a encouragé la haute direction de la banque à prendre une décision favorable. »

L’établissement d’un consensus régional joue aussi, selon lui. « La Banque Nationale compte trois divisions dans notre région, précise le vice-président régional : la Financière, le Service aux entreprises et les succursales. J’ai obtenu l’assentiment de ces trois services avant de présenter ma demande à l’échelon national. Nous savions que la synergie est très importante pour le président de la Banque, Louis Vachon. Il veut établir une vision d’ensemble; aussi, quand il reçoit une demande conjointe de trois secteurs d’une région, celle-ci attire son attention. »

Est-ce suffisant? Non! Généralement, les employés et retraités de la Banque Nationale peuvent obtenir un soutien par deux voies distinctes. D’une part, le programme De tout cœur avec vous soutient le bénévolat. La banque remet, en leur nom, un montant de 500 $ à l’organisme au sein duquel œuvrent les employés ou retraités. D’autre part, le prix André-Bérard souligne la contribution exceptionnelle d’un bénévole. Il s’accompagne d’une contribution financière de 5000 $, toujours attribuée à l’organisme où s’effectue le bénévolat.

Mais 100 000 $? « C’est difficile de recevoir 100 000 $ de quiconque, reconnaît M. Khalil. Il s’agit d’un don important. Il nous a fallu envoyer des lettres et répondre aux questions. Nous avons entrepris plusieurs démarches, parce que la banque est très sollicitée. Ce qui nous a aidés, c’est que nous contribuons personnellement au soutien de l’équipe de football. Nous ne nous contentons pas de demander des fonds, nous contribuons aussi. »

Après un an de démarches, en avril 2011, lors de l’inauguration de son nouvel immeuble abritant les trois divisions de la Banque Nationale à Rimouski, la haute direction a annoncé l’octroi de 100 000 $. La moitié de cette somme a servi à acheter 80 équipements de football dans la foulée de la création de la ligue de football. L’autre moitié a servi à consolider l’organisme à but non lucratif qu’est l’équipe de football collégial. Le montant a transité par un don remis à la Fondation du Cégep de Rimouski.

« Les équipements que nous avons achetés servent aussi aux élèves des 1res et 2es années des écoles secondaires, précise M. Khalil. Compte tenu de l’engagement des écoles, les jeunes peuvent maintenant jouer au football organisé pendant une dizaine d’années, soit de l’âge de neuf ans jusqu’à la fin des études collégiales. »

Un bonheur ne vient jamais seul. Quelques jours après l’inauguration du nouvel immeuble de la Banque Nationale à Rimouski, Julie Boulet, ancienne ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale et ministre responsable de la région de la Mauricie, décernait à M. Khalil son prix Hommage Bénévolat-Québec, le football n’étant qu’une des activités caritatives de ce conseiller et vice-président régional de la Banque Nationale.

Son poste de vice-président régional a-t-il aidé M. Khalil à recevoir les fonds? « Mes relations ont aidé, avoue-t-il, mais je ne découragerai pas un employé qui n’occupe pas mon poste de s’engager dans une démarche semblable. Je suggère aux personnes intéressées de soumettre leur candidature au prix André-Bérard ou de chercher du soutien pour des causes similaires à celles auxquelles s’intéresse particulièrement la Banque Nationale, à savoir les jeunes, et d’aller chercher un consensus régional en ce qui concerne la demande de fonds. »

Obtenir le soutien de 49 succursales Vice-président pour le Nord-Ouest du Québec à la Banque Laurentienne, Sylvain Pageau a obtenu le soutien de la haute direction pour une cause qui lui tient à cœur : les enfants victimes d’abus sexuels. Il siège au conseil d’administration de la Fondation Marie-Vincent depuis 2009. « Cette fondation soutient principalement le Centre d’expertise Marie-Vincent. Il s’agit d’un centre multidisciplinaire unique au Canada, où les enfants reçoivent les services d’un psychologue et de médecins et où les policiers effectuent leurs entrevues. Ce centre est situé à Montréal », explique-t-il.

Ce poste au conseil d’administration de la Fondation Marie-Vincent, Sylvain Pageau le prend au sérieux. « Afin de contribuer aux efforts de financement de l’organisme, j’ai approché certains de mes collègues pour organiser des activités de collecte de fonds, explique-t-il. Nous avons organisé trois soupers-bénéfices. De fois en fois, nous avons intéressé de plus en plus d’employés de la banque. »

Qu’on en juge : lors de la première année, en 2009, près de 300 personnes ont participé au souper-bénéfice, qui a recueilli 42 000 $ grâce à la contribution de 18 succursales. Deux ans plus tard, 500 personnes y ont participé, ce qui a permis de recueillir 100 000 $ avec l’appui de 49 succursales.

« La tenue d’un tel événement exige une organisation rigoureuse, souligne M. Pageau. Certains directeurs et vice-présidents étaient regroupés en comité pour trouver une salle, préparer le menu et recruter des musiciens. Les directeurs et les conseillers s’occupaient de la sollicitation, entre autres auprès des clients. C’était pour eux une occasion de faire du développement des affaires et de montrer leur engagement social à leurs clients. »

En plus d’assumer la présidence d’honneur, le bureau national de la Banque Laurentienne est surtout intervenu sur le plan logistique. « Le service du marketing a préparé les documents, fait imprimer les billets et conçu le document publicitaire. Le service des relations publiques a contribué à la préparation des discours et des relations avec les médias. »

« Nous demandons à nos gens d’être près de leur marché, affirme Manon Stébenne, directrice principale des médias et des relations publiques à la Banque Laurentienne. Localement, cela se concrétise par l’engagement dans diverses activités communautaires. »

La banque peut octroyer un don d’une valeur maximale de 1 000 $ à un organisme où œuvre un employé. Elle privilégie le soutien à la jeunesse, sous toutes ses formes.

Le soutien à la fondation Marie-Vincent est exceptionnel. « Un seul autre projet mobilise autant nos ressources : La grande guignolée des médias, précise Mme Stébenne. Toutes nos succursales y sont engagées, mais c’est une activité issue du secteur des affaires publiques de la banque. Ce qui est exceptionnel dans le soutien à la Fondation Marie-Vincent, c’est qu’il provient d’une personne engagée dans le réseau, qui a réussi à mobiliser ses gens : 49 succursales, c’est énorme. Cela exige beaucoup de temps. Nous avons vu d’autres initiatives intéressantes, mais jamais de cette ampleur. »

« La première année, explique M. Pageau, j’ai choisi des collègues dont j’étais proche et que j’ai ralliés à cette cause. Les gens ont spontanément répondu à l’appel. Je n’ai pas eu à présenter beaucoup d’arguments. Les gens ont voulu s’engager parce qu’ils trouvaient la cause intéressante et que nous les faisions participer à tout le processus plutôt que de limiter leur apport à une contribution financière. Le succès de la première année a poussé les gens à participer au cours des années suivantes. »

Difficile de convaincre la haute direction de se lancer dans l’aventure ? « Pas tellement, répond M. Pageau, surtout que des gens de tous les niveaux hiérarchiques participaient, et ce, dans plusieurs succursales. La haute direction a cru dans le projet et voulu a reconnaître l’engagement local. »

En 2009, le vice-président du développement des affaires, Mario Galella, a assumé la présidence d’honneur du souper-bénéfice. L’année suivante, ce fut le vice-président exécutif des Services financiers aux particuliers et aux PME, Luc Bernard, qui a joué ce rôle. En 2011, ce fut le tour du président et chef de la direction lui-même : Réjean Robitaille.

Desjardins n’est pas homophobe « Nous sommes nombreux à croire que miser sur les compétences, sans discrimination envers l’orientation sexuelle, contribue à enrichir notre société. »

Cette publicité signée par dix caisses populaires Desjardins depuis octobre 2011 dans l’hebdomadaire montréalais 24 heures et le magazine Fugues reflète leur travail visant à mieux intégrer les personnes provenant des communautés lesbiennes, gaies, bisexuelles et transgenres (LGBT).

« L’historique de cette publicité remonte à la création d’un groupe de discussion avec la communauté LGBT, qui nous a permis de vérifier la perception entretenue par ces gens à l’égard de Desjardins », explique Jean-Paul Lachapelle, directeur général de la Caisse populaire Desjardins Préfontaine-Hochelaga.

Le constat? « Bien que Desjardins initie plusieurs actions et qu’elle témoigne d’une ouverture à la diversité, notamment dans l’embauche, ces actions ne sont pas visibles, répond M. Lachapelle. Desjardins était perçue comme conservatrice à l’égard des communautés LGBT. »

Après la mise sur pied de ce groupe de discussion, dix caisses ont créé un comité LGBT. « Le regroupement de dix caisses montréalaises nous donne une plus grande force de frappe, explique M. Lachapelle. Nous avons mis notre argent, nos ressources et nos efforts en commun. »

Ce comité est formé de gestionnaires des caisses et d’employés de Desjardins spécialisés en communications. L’enjeu : changer la perception de ces communautés à l’égard de Desjardins. « Le comité a décidé d’axer son action sur la visibilité », précise M. Lachapelle.

« Tout en informant nos employés que nous cherchions à afficher davantage notre ouverture, nous leur avons demandé s’ils accepteraient de participer à une publicité, mentionne M. Lachapelle. Nous avons observé une grande mobilisation de l’ensemble de notre personnel au sujet de l’ouverture que nous voulions démontrer publiquement. »

« L’objectif ultime, ajoute-t-il, c’est de dire à notre clientèle : “si vous venez chez Desjardins, vous pourrez discuter de toutes vos affaires, en toute liberté et sans aucun frein.” Comme on le sait, si le conseiller ne reçoit pas toutes les informations, il ne pourra pas jouer son rôle efficacement. »

Outre le groupe de discussion et la publicité, le comité a lancé en mai 2012 une page Facebook Desjardins consacrée à la communauté LGBT. De plus, M. Lachapelle a été nommé gouverneur de la Fondation Émergence en mars 2011, et il siège au conseil d’administration de l’organisme depuis septembre 2012. Dédiée au bien-être et à l’égalité des personnes issues des communautés LGBT, la Fondation Émergence est née en 2000 à l’initiative du Centre d’aide, d’écoute téléphonique et de renseignements Gai Écoute.

Le comité participe aussi au groupe Fierté au travail Canada, qui favorise la diversité en milieu de travail. Il prépare aussi un sondage sur la perception que les communautés LGBT ont de Desjardins.

« Nous prévoyons lancer un blogue et être présents sur Twitter, signale M. Lachapelle. Le comité LGBT pourra éventuellement fusionner avec celui sur les communautés culturelles. »

Cette initiative de dix caisses montréalaises marquera-t-elle le Mouvement Desjardins dans son ensemble? « Probablement, répond M. Lachapelle. La publicité et la page Facebook ont suscité des éloges dans toute la province; les gens disent souhaiter que ce comité s’élargisse à tout le Québec. Nous avons reçu des demandes d’autres caisses qui désirent en faire partie. Nous évaluons en ce moment comment les intégrer. »

Le rédacteur en chef de Conseiller, Yves Bonneau, s’implique lui aussi. Découvrez comment vous pouvez l’aider dans sa prochaine mission.

André Giroux