Six astuces pour ne pas investir dans un prochain Norshield

24 août 2010 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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« Les perspectives sont sombres pour les 1 900 investisseurs particuliers de Norshield, qui ont collectivement investi 159 millions de dollars dans des fonds gérés par Norshield Asset Management et d’autres entreprises connexes », rappelle le journaliste Scot Blythe, de Morningstar Canada.

Bien que la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario ait imposé des amendes de 2 millions de dollars aux principaux dirigeants de Norshield, les investisseurs, eux, doivent faire valoir leurs droits dans d’interminables recours judiciaires. Au mieux, ils récupéreront 6 % de leur placement initial, mais personne ne sait quand les chèques seront émis. Scot Blythe parle de délais qui pourraient prendre des années.

Comment éviter d’être pris au piège dans des histoires à la Norshield ? Voici six façons de faire :

1. Ne vous fiez pas à la notice d’offre La notice d’offre de Norshield était discrète sur l’enchevêtrement de sociétés dans lesquelles circulait l’argent. Celles-ci étaient basées au Canada, à la Barbade, aux Bahamas, aux îles Caïmans et aux États-Unis, mais le document le mentionnait à peine. Une notice d’offre, souligne Scot Blythe, n’est qu’un « billet d’entrée » qui sert à sonder l’intérêt du marché en vue d’une nouvelle émission de titres.

2. Posez des questions sur les dirigeants et leurs stratégies Plus important que toute divulgation se trouvant dans les notices d’offres, il faut vérifier les qualifications des dirigeants et la pertinence de leurs stratégies de placement. Ont-ils déjà mis en place de telles stratégies par le passé ? Si oui, quels ont été les résultats ? Quels processus utilisent-ils ? Ont-il déjà été testés en temps réel ? Sont-ils actuellement en application ? Il est possible que cela exige une ou deux visites des bureaux. Enfin, qui sont les personnes qui gèrent cette société de fonds spéculatifs ? Sont-ce des professionnels chevronnés de l’industrie du placement, dotés d’historiques de rendement quantifiables et pertinents ?

3. Méfiez-vous des entités complexes L’argent des investisseurs de Norshield passaient à travers au moins quatre entités différentes, qui ne figuraient pas toutes dans la notice d’offre. Qui plus est, plusieurs entreprises portaient également les noms Norshield et Olympus. Certaines d’entre elles ont joué un rôle direct, d’autres, un rôle indirect au sein de cette structure d’investissement. « Insistez sur la transparence », conseille Scot Blythe.

4. Prudence avec les sociétés extraterritoriales La débâcle Norshield illustre avec éclat la limite des pouvoirs des organismes canadiens et des lois en matière de valeurs mobilières. Pour les investisseurs institutionnels plus aguerris, tels que les caisses de retraite, les placements offshore proposent des avantages fiscaux potentiels ainsi qu’une diversification accrue. Contrairement au commun des mortels, ces investisseurs disposent des ressources juridiques pour vérifier la validité des accords extraterritoriaux.

5. Évitez l’utilisation excessive de l’effet de levier Bien que la notice d’offre de Norshield mentionnait qu’il y aurait utilisation de l’effet de levier, celui-ci fut employé de manière excessive, à un ratio de plus de 10:1. « Si l’on compare cela aux fonds spéculatifs canadiens, on remarque que d’habitude l’effet de levier est plus souvent qu’autre chose inférieur à 1:1, soit 1 million de dollars empruntés pour 1 million de dollars investis », note Scot Blythe. Dans le cas de Norshield, c’était 30 millions de dollars investis pour… 300 millions de dollars empruntés ! Or, on le sait, les leviers financiers sont une arme à deux tranchants : lorsque les marchés tournent mal, le fonds qui en fait usage s’effondre aussi rapidement qu’un château de cartes.

6. Scrutez les administrateurs et les autres fournisseurs de service La firme chargée de calculer la valeur de l’actif net du fonds Norshield était une petite entreprise inconnue située aux Bahamas. Selon la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario, elle avait surévalué les actifs de Norshield de 300 millions de dollars. Si vous voulez faire affaire avec un fonds spéculatif, choisissez-en un qui est associé à des banques de dépôts reconnues, comme RBC Dexia, CIBC Mellon et Citifund. Ces institutions se spécialisent dans l’administration des capitaux et ont à coeur la préservation de leur réputation.