Solides, les banques américaines

Par La rédaction | 27 juin 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Les grandes banques américaines sont « solidement capitalisées » et elles résisteraient à une grave crise financière, conclut la Réserve fédérale.

À l’issue de la première étape des tests de résistance (stress tests) qu’elle impose chaque année aux principales institutions financières ayant pignon sur rue chez nos voisins du Sud, la Fed a indiqué jeudi que toutes les banques testées avaient passé avec succès ces épreuves destinées à éprouver leur solidité en cas de récession extrême.

Celles-ci avaient été instaurées en 2010 par la loi Dodd-Frank dans la foulée du krach de 2008 afin de veiller à ce que les géants de la finance présentant des risques dits « systémiques » en cas de crise soient suffisamment capitalisés, rappelle l’Agence France-Presse.

SCÉNARIO CATASTROPHE À PRÈS DE 500 G$ DE PERTES

Pour cette septième édition, la Fed avait soumis 34 banques, détenant plus de 50 milliards de dollars d’actifs, à un scénario très sévère, avec notamment un taux de chômage de 10 % et une chute de 35 % des prix de l’immobilier commercial. Résultat, après cette simulation, leur niveau cumulé de fonds propres de haute qualité est passé de 12,5 % à 9,2 %, ce qui demeure bien au-dessus du minimum de 4,5 % fixé par le régulateur et également au-dessus du chiffre de 8,4 % obtenu l’an dernier, note l’AFP.

Avec un tel niveau de fonds propres, les banques pourraient en effet « continuer de prêter pendant la totalité du cycle économique et de soutenir les ménages comme les entreprises quand les temps sont durs », s’est félicité Jérôme Powell, gouverneur de la Fed chargé de la régulation bancaire. Ce scénario catastrophe exposerait toutefois les institutions financières impliquées à des pertes colossales, soit 493 milliards de dollars, dont 383 milliards pour les seuls prêts, souligne l’AFP.

Sur les 34 établissements évalués cette année dans le cadre des stress tests, Ally Financial et KeyCorp ont été les deux seuls à produire des ratios de solvabilité inférieurs à 7 %, précise Reuters. L’agence indique aussi que du côté des banques de Wall Street, c’est Citigroup qui a réalisé le meilleur score, avec un ratio de 9,7 %. Les cinq autres principales institutions, JPMorgan, Bank of America, Wells Fargo, Goldman Sachs et Morgan Stanley ont pour leur part produit des ratios situés entre 8,4 % et 9,4 %.

D’AUTRES RÉSULTATS SERONT PUBLIÉS MERCREDI

Les tests créés dans le cadre de la loi Dodd-Franck ne constituent cependant que la première partie de l’examen de la Fed, explique Reuters, qui ajoute que cette dernière évalue également les systèmes de mesure et de contrôle des risques mis en place par les banques. Une seconde phase particulièrement attendue par les marchés, puisque la banque centrale « se prononce sur les plans de redistribution de capitaux aux actionnaires et peut, le cas échéant, s’y opposer », souligne l’agence de presse.

Les résultats de cette phase plus qualitative, appelée CCAR (Comprehensive Capital Analysis and Review), seront connus le 28 juin, précise-t-elle.

Ces annonces, qui interviennent alors que l’administration Trump est « en pleine offensive anti-régulation », pourraient « servir d’arguments aux banques, qui réclament un desserrement de la réglementation », estime l’AFP. Celle-ci rappelle que le nouveau président a affirmé à plusieurs reprises que les institutions financières « ne pouvaient plus prêter parce qu’elles étaient étranglées par trop de régulation ».

LES BANQUIERS RÉCLAMENT UN ALLÉGEMENT DES TESTS

Réagissant à ces premiers bons résultats, l’American Bankers Association a demandé à ce que le processus des stress tests soit allégé, comme le préconise un récent rapport du Trésor. « Nous soutenons fortement les recommandations du Trésor qui demandent de réviser les modèles de surveillance selon les observations du public plutôt que de forcer les banquiers à gérer et allouer leur capital sans être bien informé des attentes des régulateurs », écrit l’ABA dans un communiqué cité par l’AFP.

Pour sa part, l’organisation lobbyiste Financial Services Roundtable a déclaré qu’il était désormais temps « d’adapter les seuils de gestion prudentielle pour qu’ils reflètent les risques et non des coussins de capitaux arbitraires ».

Quant à la Fed, elle s’est elle aussi « montrée relativement ouverte » en se disant récemment favorable à un « ajustement » de la réglementation et des tests, notamment dans le cas des banques de moyenne taille ou de celles qui conserveraient un niveau de fonds propres très élevé, note l’AFP.

La rédaction