Tendances économiques mondiales : quelques signes encourageants de reprise

Par Frédérique David | 6 octobre 2014 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Benjamin Tal, économiste en chef adjoint à la CIBC. Photo : Frédérique David.

Le passage de Benjamin Tal et Luc de la Durantaye était très attendu lors de la Tournée Renaissance 2014 jeudi dernier à Montréal. Les conseillers se pressaient en effet pour connaître leurs visions de l’économie mondiale et les tendances qui s’annoncent.

« L’environnement mondial n’est pas constant, prévient Luc de la Durantaye, directeur gestionnaire, Répartition de l’actif et gestion des devises à Gestion d’actifs CIBC. Il faut constamment se demander quelles sont les politiques monétaires en place et quels sont leurs impacts sur les marchés financiers. »

La reprise américaine

Les deux experts ont longuement commenté les signes de reprise économique observés aux États-Unis.

« Les mesures d’assouplissement monétaire aux États-Unis commencent à porter leurs fruits, constate Luc de la Durantaye. Le crédit, qui s’était effondré en 2008, 2009 et 2010, est en train d’augmenter dans tous les secteurs. C’est le premier signe que l’économie reprend de la vigueur. »

Selon l’analyste financier, la baisse du taux de chômage aux États-Unis devrait entraîner une augmentation des salaires.

Pour sa part, Benjamin Tal se dit « optimiste concernant le marché de l’habitation aux États-Unis » avec la hausse du crédit. « Les banques sont prêtes à prêter, constate l’économiste en chef adjoint à la CIBC. La hausse du crédit sera le moteur de la hausse de l’économie. »

Un « atterrissage contrôlé en Chine »

À propos des données économiques décevantes en Chine, les deux experts ont prévu un « atterrissage contrôlé ».

« La Chine qui émerge est une Chine que nous devons comprendre, constate Benjamin Tal. Elle est en train de devenir une économie qui dépend moins des produits de base. Elle est assez puissante sur le plan monétaire et politique et atteindra la terre promise avec un atterrissage contrôlé en dépit du fait qu’il y a une bulle financière. »

La survie de l’euro

Les deux conférenciers ne se sont pas montrés très inquiets au sujet de l’Europe.

« Seule une disparition de l’euro pourrait avoir un impact sur nos portefeuilles, a indiqué Benjamin Tal. Mon hypothèse est que l’euro tiendra le coup, car l’Allemagne a besoin de l’euro plus que l’euro a besoin de l’Allemagne. »

L’analyste financier croit que les mesures adoptées par les gouvernements permettront à la zone euro d’éviter la récession. « Il n’y aura pas de croissance de 5%, mais pas d’effondrement non plus », prévoit-il.

Le Canada à la traîne

Benjamin Tal reproche à la Banque du Canada de vouloir maintenir son taux directeur au plus bas, ce qui ralentit l’économie du pays.

« Elle dit que l’on ne crée pas d’emploi, ajoute-t-il. Toutefois, elle se base sur des sondages téléphoniques alors que les sondages réalisés par les entreprises indiquent qu’il y a une création d’emplois. »

« Nous ne sommes pas compétitifs avec le reste du monde, constate pour sa part Luc de la Durantaye, qui préfère que le dollar canadien demeure bas. Quand nous négocions à l’étranger, nous vendons moins que nous achetons, ce qui crée un déséquilibre négatif. Pour rééquilibrer notre balance commerciale, une portion de l’équation réside dans une devise plus faible. »

Bien que la reprise économique au Canada ne s’annonce pas aussi rapide qu’aux États-Unis, Benjamin Tal ne recommande pas aux investisseurs de sortir du secteur de l’énergie. « L’énergie représente maintenant 25 % de nos exportations, dit-il. Le Canada restera un joueur majeur dans le secteur de l’énergie. »

« Nous sommes dans un environnement où les États-Unis sont la locomotive, constate Luc de la Durantaye. La politique monétaire s’accélère en Europe et au Japon pour essayer de créer une reprise économique. Graduellement, nous sortons du ralentissement économique et nous commençons à voir une croissance positive de l’économie, ce qui devrait soutenir les marchés financiers. »

Vers une renaissance du secteur manufacturier?

Benjamin Tal est convaincu que nous assisterons prochainement à la renaissance du secteur manufacturier en Amérique du Nord.

« C’est un secteur qui a su tirer profit de la crise financière de 2008-2009 », a-t-il déclaré.

L’économiste en chef adjoint à la CIBC constate que les États-Unis ont commencé à récupérer des marchés qui étaient jusqu’à présent détenus par d’autres pays comme l’Allemagne.

« Ils vendent des jouets à la Chine, a-t-il annoncé. C’est le secteur d’importation qui connaît actuellement la plus grande croissance. »

À titre d’exemple, Benjamin Tal a cité également le marché des vins américains. « L’exportation de vins coûteux d’Amérique du Nord vers la Chine a augmenté de 200 % par année au cours des dernières années », a-t-il indiqué.

Au Canada, les secteurs qui présentent les perspectives les plus prometteuses sont le bois, les métaux de base, la machinerie, l’aérospatiale, les ordinateurs et l’électronique, les plastiques et le caoutchouc, ainsi que le papier, a mentionné le réputé économiste.

Benjamin Tal n’a pas hésité à recommander aux conseillers d’investir dans le secteur manufacturier.

« Le secteur manufacturier qui est en train d’émerger est un secteur très robuste, dit-il. C’est le secteur qui profitera le plus d’un dollar faible et de la reprise de l’économie américaine. C’est un secteur à privilégier, tant au Canada qu’aux États-Unis, pour les cinq prochaines années », a-t-il conclu.

Conseiller à la Tournée Renaissance :

Frédérique David