Toujours aussi aveugles, dix ans après la crise

Par La rédaction | 28 août 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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L’une des leçons de la crise financière d’il y a dix ans, c’est qu’il est difficile de distinguer un événement isolé d’un autre annonçant une crise systémique. La crise de 2007-2008 aura-t-elle été formatrice à cet égard? C’est loin d’être sûr, répond Rob Cox, dans le New York Times.

En regardant dans le passé, on voit se dessiner la trame qui a mené à l’une des plus grosses crises financières de l’histoire moderne. Tout le monde a son opinion sur les événements qui ont été les plus dommageables et de ce qu’il aurait fallu faire pour éviter la catastrophe.

Facile, une fois la crise passée. Mais il est plus ardu de prétendre qu’un événement en particulier, pris à part, suffisait à prédire l’ampleur de ce qui allait suivre, croit le chroniqueur. C’est la somme totale des événements et surtout leur enchaînement, autant que notre incapacité à le déceler, qui est porteur de certaines leçons.

DES ALERTES QUI N’ALARMENT PERSONNE

Rob Cox rappelle que la première alerte, qui n’avait de fait pas alarmé grand monde à l’époque, est survenue en février 2007, lorsque HSBC a annoncé son intention de prendre un montant supplémentaire de 1,8 milliard de dollars américains (2,25 G $CAN) en provisions pour des prêts hypothécaires fournis à des emprunteurs à risque (subprimes) aux États-Unis. Mais comme HSBC avait quelques années plus tôt fait l’acquisition d’un prêteur spécialisé dans les clients à risque, plusieurs ont vu cela comme un cas isolé.

Deux mois plus tard, c’est le prêteur spécialisé dans les subprimes New Century Financial qui fait faillite. Puis, en mai de la même année, deux fonds de couverture de Bear Sterns reliés aux hypothèques subprimes s’effondrent. Les événements continuent de s’enchaîner et il devient assez clair que le problème touchant les produits ayant un lien avec les hypothèques subprimes est généralisé.

LENTS À LA DÉTENTE

Panique? Fuite en masse des investisseurs? Pas du tout. La Fed rejette l’hypothèse d’une crise systémique en septembre et rappelle qu’il n’est pas de sa responsabilité de protéger les prêteurs et les investisseurs des conséquences de leurs décisions financières. Les investisseurs, eux, demeurent calmes, le S&P 500 gagnant même 10 % entre l’annonce de HSBC en février 2007 et le mois d’octobre 2008, lorsque UBS, Merrill Lynch et Citigroup ont dévoilé des pertes d’environ 20 milliards de dollars américains (24,9 G $CAN) liées aux subprimes.

En fait, l’alarme n’a véritablement été entendue que trop tard, en mars 2008, lorsque Bear Stearns s’est laissé avaler par JPMorgan Chase. On connaît la suite. Fin de Lehman Brothers, sauvegarde d’American International Group et de Fannie Mae et Freddie Mac, banques centrales qui se mettent, enfin, sur le pied de guerre…

DIFFICILE D’ÊTRE DEVIN

Vu comme ça, il est facile de penser que tout le monde a manqué de vigilance, mais selon le chroniqueur du New York Times, la vraie leçon est surtout qu’il est ardu de distinguer les événements isolés des événements systémiques. Les investisseurs, les régulateurs, les politiciens, les banquiers et les journalistes n’ont pas su le faire en 2007. Il ne serait pas si étonnant qu’ils ne sachent pas prévenir la prochaine crise non plus.

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