Trump ou Biden, des conséquences très différentes

Par Nicolas Ritoux | 12 octobre 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Élections présidentielles américaines 2020
Photo : LPETTET / iStock

Les marchés réagiront de façon fort différente selon l’issue de la présidentielle américaine, prévoit Avery Shenfeld, économiste en chef de la CIBC.

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Tout d’abord, il faut distinguer deux périodes selon lui dans les effets de l’élection. La première est celle qui sépare le vote du 3 novembre de l’inauguration du 20 janvier. Ici, l’incertitude risque de régner sur les marchés.

« Il y a un risque que les votes soient contestés, en particulier ceux du scrutin postal, que l’élection se retrouve devant la justice, et dans un cas extrême, que cela se traduise par de la violence dans les rues. On n’a jamais vu ça dans une élection présidentielle, et c’est une grande source de volatilité jusqu’à ce que les marchés soient fixés sur le prochain président », observe Avery Shenfeld.

Pour les investisseurs à long terme, cependant, c’est surtout les effets d’une victoire de l’un ou l’autre candidat qui comptent.

« Si Joe Biden est élu, et avec lui une majorité au Sénat, l’effet sera important sur les marchés d’actions. M. Biden compte augmenter l’impôt des sociétés, ce qui pourrait être mal pris par les marchés qui ont déjà digéré la réforme fiscale de 2017. Mais il faut se souvenir que l’argent prélevé aux Américains les plus riches finira par être dépensé par le gouvernement ou transféré à des familles à faible revenu et donc réinjecté dans l’économie, ce qui profitera à certains secteurs », dit Avery Shenfeld.

L’autre grande promesse de M. Biden est de reprendre le combat contre les changements climatiques, mis plus ou moins au point mort par le président Trump.

« À long terme, cela pourrait être positif pour l’économie américaine et mondiale, mais à court terme il y aura des gagnants et des perdants. Les entreprises du secteur de l’énergie seront mises sur un pied d’égalité réglementaire avec leurs homologues canadiennes, mais en même temps, Joe Biden a annoncé son opposition au pipeline Keystone XL et cherchera sûrement à s’assurer que des pays comme le Canada font leur part dans la lutte aux changements climatiques », croit Avery Shenfeld.

Selon l’économiste, les penchants verts de Joe Biden seront positifs pour le secteur des sources d’énergie non traditionnelles. Pour atteindre ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, les États-Unis auront notamment besoin d’accroître les parts de marché des véhicules électriques. Il cite aussi l’hydrogène, qui se montre prometteur pour propulser les véhicules lourds en remplacement du diesel. Les entreprises de ces secteurs profiteront donc d’une administration Biden.

Si Donald Trump obtient un second mandat, en revanche, le portrait sera tout autre, entrevoit Avery Shenfeld.

« On pourrait penser qu’il va agir dans la continuité, par exemple avec des tensions dans les échanges commerciaux. Nous avons un accord avec les États-Unis, mais cela ne les a pas empêchés d’imposer des droits de douane à notre aluminium. Cela pourrait se produire à nouveau. Ensuite, les taux d’imposition actuels resteront en place et continueront de poser des défis de compétitivité pour les entreprises canadiennes. Nos taux sont similaires, mais il est plus difficile pour les Canadiens d’attirer des capitaux dans notre pays quand l’imposition est basse aux États-Unis. »

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.

Nicholas Ritoux

Nicolas Ritoux

Nicolas Ritoux est journaliste indépendant. Il collabore à Conseiller.ca depuis 2009.