Un budget qui satisfait, mais pas parfait

Par Pierre-Alexandre Maltais | 23 avril 2015 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Si dans l’ensemble le budget fédéral dévoilé mardi a fait bonne impression dans le milieu financier grâce au relèvement du plafond du CELI et, surtout, de l’assouplissement des règles concernant les FERR, des joueurs de l’industrie interrogés par Conseiller.ca auraient aimé en avoir un peu plus. Alors, comment aurait-on pu avoir un budget « parfait »?

« Je suis inondé d’appels de mes clients à propos du CELI », lance Fabien Major, MBA, conseiller en sécurité financière et représentant en épargne collective au cabinet Major Gestion Privée, à Montréal.

M. Major, qui considère le compte d’épargne libre d’impôt comme la « pierre angulaire » de l’épargne en vue de la retraite, croit toutefois que le nouveau plafond de 10 000 $ de cotisation par année ne reflète pas nécessairement un besoin criant à combler pour la majorité des épargnants.

Une opinion que partage le planificateur financier Denis Preston.

« Les gens cotisent en moyenne 3 000 $ par année à leur CELI… C’est une mesure trop ciblée sur la classe [aisée] », croit-il.

« J’aurais préféré des mesures qui touchent plus la classe moyenne que les retraités. Une baisse d’impôt aurait été plus appropriée, même si c’est sûr que beaucoup de clients vont en profiter! », ajoute le formateur indépendant pour l’IQPF et la CSF.

Un meilleur outil d’épargne?

Fabien Major

Si le but premier de cette mesure touchant le CELI est d’être un outil d’épargne plus efficace, le fiscaliste Daniel Laverdière croit que le relèvement du plafond va plutôt à l’encontre de l’objectif.

« Le résultat, c’est que ça va faire passer l’argent du compte A au compte B. Rapidement, les gens qui peuvent se le permettre vont utiliser l’espace supplémentaire du CELI. La stratégie va être encore meilleure, mais ça ne va pas vraiment stimuler l’épargne », explique le directeur principal planification financière et service conseil pour la Banque Nationale Gestion privée 1859.

Selon lui, le gouvernement aurait pu profiter de l’occasion pour intégrer des limites de cotisation au REER en fonction des modifications apportées à celui du CELI. « En augmentant le plafond du CELI, on aurait dû adapter celui du REER, pas nécessairement à la baisse, mais au moins de façon à optimiser les deux », indique-t-il.

Mieux vaut tard que jamais

En réduisant les facteurs de retrait minimal aux FERR, le ministre Oliver a – finalement – frappé un grand coup qui arrive peut-être un peu trop tard au goût de certains. Rappelons que ces règles n’avaient pas été modifiées depuis 1992.

« C’est quelque chose de positif qu’on attendait depuis longtemps », confirme Denis Preston.

« Les mesures touchant les FERR, c’est la plus grande nouvelle de ce budget. En faisant passer le taux de rendement réel à 3 %, ça vient équilibrer les choses. Par contre, j’aurais été encore un peu plus loin en ramenant ce taux réel de rendement plus près du 0 % », explique Daniel Laverdière. Cela aurait permis aux investisseurs d’avoir une meilleure idée à propos de la manière de dépenser leur argent.

« Ce n’est pas facile pour les 71 ans et plus d’avoir un rendement de 3 % [+ inflation] », souligne-t-il.

Daniel Laverdière

Fabien Major a aussi son opinion concernant la décision du gouvernement d’enfin aller de l’avant avec les modifications aux FERR.

« Si on jumelle les deux mesures [NDLR : CELI et FERR], on constate que c’est intéressant pour les personnes âgées, mais pas pour ceux qui ont de la misère à joindre les deux bouts. D’un côté, c’est positif pour ceux qui n’ont pas besoin d’argent ou qui n’ont pas besoin de le sortir [de leurs FERR]. D’un autre côté, je ne comprends pas pourquoi le gouvernement se prive d’autant de recettes fiscales ».

Dans tous les cas, comme il le souligne si bien, ce qu’il y a de plus « intéressant » dans ce budget ne prendra effet que si le gouvernement Harper occupe toujours le siège du conducteur en 2016…

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Pierre-Alexandre Maltais