Un conseiller bancaire escroque une cliente âgée

Par La rédaction | 27 novembre 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Un jeune conseiller bancaire français qui avait presque entièrement dépouillé une cliente de 89 ans de ses économies doit désormais répondre de ses actes devant la justice, rapporte Le Monde.

Récemment embauché par le Crédit lyonnais et bien noté par sa hiérarchie, Wael A. était jusqu’alors décrit comme un employé « timide, sérieux, bosseur », dont le mémoire de maîtrise, dans une école de commerce de l’Hexagone, avait pour titre « Conformité et déontologie en milieu bancaire ».

Mais en 2016, ce jeune conseiller modèle âgé de 28 ans, spécialiste en gestion de patrimoine, a « craqué », ainsi qu’il l’a expliqué la semaine dernière au juge du tribunal de Bobigny, dans la banlieue parisienne, en revenant sur « la descente aux enfers d’un bon élève qui a grandi dans une famille aisée et n’avait jamais volé de bonbons dans un magasin ».

« SUICIDE PROFESSIONNEL »

Il s’agissait d’« un suicide professionnel », a-t-il reconnu. La raison? Son embauche à un poste de conseiller « en deçà de son potentiel et de son ambition »; une charge de travail « au-delà du raisonnable » avec 1 200 clients à gérer, soit deux fois plus que la normale; des horaires à rallonge et des heures supplémentaires non payées… Avec pour conséquence la prise de 50 kilos et des problèmes de santé sérieux.

Jusqu’au jour où… « Simone S. s’est permis à plusieurs reprises de proférer des insultes racistes devant moi. Ça m’a fait disjoncter », a tenté de justifier le jeune homme. Celui-ci signale alors à sa hiérarchie ces « insanités » qu’il n’a pas voulu répéter à la barre. Mais sans résultat. « Ils ont fermé les yeux. J’ai demandé plusieurs fois qu’elle ne soit plus gérée par moi parce que je ne pouvais pas tolérer ces insultes. Ça a été refusé », explique-t-il.

« J’étais à bout, je venais de passer six mois en enfer, j’étais une loque humaine », ajoute le conseiller. Pour tenter de calmer sa frustration, il décide alors de siphonner petit à petit les fonds de sa (riche) cliente. Et pour justifier les retraits de plus en plus élevés qui sont effectués depuis ses comptes bancaires, il explique à sa hiérarchie que la vieille dame lui a fait part de sa crainte que les banques ne fassent faillite et de « sa volonté de sortir progressivement son argent pour le mettre dans un coffre personnel chez elle ».

« UNE FUITE EN AVANT »

Jusqu’à ce que le pot aux roses finisse par être découvert, le conseiller dilapide une partie de ce magot dans des achats compulsifs, par exemple « des vêtements de taille L alors que je faisais du triple XL, des sacs de voyages alors que je n’ai pas quitté la France depuis trois ans », raconte-t-il à la barre des prévenus, ajoutant voir « vécu ça comme une fuite en avant ».

En moins d’une année, il parvient ainsi à « siphonner l’épargne de sa cliente », comme l’écrit Le Monde, la délestant au total de 383 457 euros, soit environ 600 000 dollars canadiens. Finalement licencié par son employeur, il parvient quand même à acquérir un appartement dans la banlieue parisienne ainsi que quelques lingots d’or « en espérant faire de rapides plus-values pour pouvoir tout rembourser », assure-t-il. Une défense qui n’a semble-t-il pas convaincu le président du tribunal, qui lui a répondu sur le ton de l’ironie : « Ce n’est pas tous les jours qu’on a un escroc qui se dit : “Tiens je vais faire fructifier ce qui me reste avant de me faire pincer”! »

« Ces faits sont inqualifiables, Wael A. a profité de la faiblesse d’une personne de 89 ans pour détourner frauduleusement les économies de toute une vie », dénonce de son côté l’accusation, qui a requis à son encontre dix-huit mois de prison avec sursis, le remboursement des sommes détournées au Crédit lyonnais et une interdiction à vie d’exercer le métier de banquier. La décision sera connue le 12 janvier.

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