Un loup de Wall Street au Trésor américain

Par La rédaction | 1 Décembre 2016 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Steven Mnuchin a été nommé hier par Donald Trump au poste de secrétaire au Trésor dans la prochaine administration américaine, rapporte Le Monde.

Un choix plutôt paradoxal pour un président qui n’a cessé de fustiger « les élites de la finance et de Washington » tout au long de sa campagne, puisque cet ex-banquier de Goldman Sachs en est un pur produit, souligne le quotidien français.

Âgé de 53 ans, celui-ci sera notamment chargé de mettre en application les mesures promises par le candidat républicain en vue de réduire la fiscalité sur les entreprises et les ménages aux revenus les plus élevés afin d’encourager la consommation, l’investissement et la croissance.

SPÉCIALISTE DES FONDS SPÉCULATIFS

Même s’il ne possède aucune expérience politique et qu’il n’a jamais exercé de mandat électif, l’homme d’affaires constituera « une pièce maîtresse du nouveau gouvernement », estime journal. En effet, c’est lui qui organisera les baisses d’impôts annoncées, lancera le programme d’investissements dans les infrastructures, en plus d’être « au cœur des discussions pour imposer des barrières douanières avec les principaux partenaires commerciaux des États-Unis ».

Donald Trump, qui avait vertement reproché durant la campagne à Hillary Clinton ses liens avec Wall Street, et en particulier avec Goldman Sachs, a donc choisi de confier les clés de l’économie américaine à l’un de ses ex-dirigeants, ironise Le Monde. Celui-ci rappelle par ailleurs qu’il existe des précédents, puisque Robert Rubin et Henry Paulson, deux anciens de cette banque d’investissement, avaient été nommés secrétaires au Trésor par Bill Clinton et George W. Bush.

Après en être devenu le vice-président exécutif et avoir amassé une fortune de 46 millions de dollars, Steven Mnuchin a quitté l’établissement en 2002 pour rejoindre le secteur des fonds spéculatif et créer sa propre firme, Dune Capital.

ENRICHI PAR LA CRISE DES SUBPRIMES

Selon Le Monde, son principal « fait d’armes » a consisté à aider un groupe de richissimes investisseurs, dont le célèbre spéculateur George Soros, à racheter en 2009 IndyMac Bank, une caisse d’épargne spécialisée dans les prêts hypothécaires à risque qui avait fait faillite après la crise des subprimes

Alors que celle-ci avait été placée dans un premier temps sous le contrôle de la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC), l’agence fédérale qui garantit les dépôts bancaires chez nos voisins du Sud, Steven Mnuchin l’a ensuite reprise avec ses associés pour 1,5 milliard de dollars, soit un montant largement inférieur à la valeur des actifs de la société.

Pour ses détracteurs, explique Le Monde, cela a constitué « le parfait exemple d’une opération de socialisation des pertes suivi d’une privatisation des profits », car c’est en réalité la FDIC qui a assumé l’essentiel des risques. L’association à but non lucratif California Reinvestment Coalition indique en effet que l’agence fédérale a versé plus d’un milliard de dollars pour couvrir le coût des saisies immobilières dans le seul État de la Californie.

UNE PRIME DE DÉPART DE 10,9 M$

Rebaptisée OneWest Bank, la société ainsi allégée de son passif s’est avérée une affaire très lucrative pour ses acheteurs qui, dès la première année, se sont versé 1,57 milliard de dividendes. En quelques années, devenue le « leader des saisies sur le segment des personnes âgées », celle-ci s’est également forgé « une réputation d’entreprise sans scrupule », faisant en outre l’objet de « plusieurs plaintes pour discrimination raciale » dans la façon dont elle accordait ses prêts, rapporte Le Monde.

Finalement, OneWest a été revendue en 2014 à CIT Group pour 3,4 milliards de dollars, soit une plus-value de 100 % en l’espace de cinq ans, mais Steven Mnuchin est resté vice-président de son conseil d’administration jusqu’au 31 mars 2016, touchant pour cela 4,5 millions de dollars par an, sans compter une prime de départ de 10,9 millions, selon le Wall Street Journal.

La rédaction