Un répit dans la chasse aux banquiers

Par La rédaction | 27 mars 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Dans un récent article, Bloomberg constate un changement d’attitude de la population autant que des gouvernements envers les banques, longtemps vilipendées pour leur rôle dans la crise financière de 2008.

C’était il n’y pas si longtemps. En 2012, en ouverture de sa campagne pour l’élection présidentielle française, le candidat socialiste et éventuel vainqueur François Hollande déclarait « mon véritable adversaire, c’est le monde de la finance ». Il misait là sur un sentiment très répandu dans la population. Les logos des banques étaient brûlés dans des manifestations, quand ce n’était pas carrément des sculptures des politiciens jugés trop accommodants avec elles, comme Angela Merkel.

DES RÈGLES PLUS STRICTES

Aux États-Unis et au Canada, tout comme en Europe, les règles ont été resserrées pour tenter d’empêcher les banquiers de commettre les mêmes erreurs qui avaient mené à la crise. Pour les banques, le coup n’a pas été que symbolique. En plus de perdre une partie de leur liberté d’action, elles ont payé plus de 321 milliards de dollars américains (429 G$ CAN) en pénalités pour divers méfaits. De lourdes amendes, qui restent toutefois loin du trillion de dollars que les États ont dépensé pour sauver certaines banques.

CHANGEMENT D’ATTITUDE

Mais depuis quelque temps, souligne Bloomberg, on sent un vent de changement. Aux États-Unis, le président Donald Trump s’est entouré d’au moins cinq anciens du groupe Goldman Sachs, et promet d’enlever leurs chaînes aux banques. Il s’est déjà attaqué à la loi Dodd-Frank et a aussi dans la mire le tout jeune Bureau de protection financière des consommateurs, qui a notamment épinglé Wells Fargo dans l’affaire des faux comptes bancaires. L’entreprise avait écopé d’une amende de 185 millions de dollars américains (247 M$ CAN).

En France, très loin du ton vindicatif de François Hollande, le candidat Emmanuel Macron caracole en tête des sondages en affichant bien haut son passé chez Rothschild & Co, où il a travaillé pendant quatre années. Et sur tout le continent on fait de l’œil aux banques qui songent à délocaliser une partie de leurs activités de Londres suivant l’entrée en vigueur du Brexit.

Pour Rita Kottasz, auteur de deux études récentes sur la perception de l’industrie financière au Royaume-Uni, les banques jouissent d’une relative tranquillité parce que d’autres sujets inquiètent les gens. Ils sont concentrés sur le Brexit, sur la mondialisation, l’immigration et le nationalisme, cherchant des responsables à l’écart sans cesse grandissant entre les revenus des plus riches et des plus pauvres.

NE PAS SOUFFLER SUR LES BRAISES

Est-ce à dire que les feux de la colère se sont éteints? Pas tout à fait, avance Bloomberg. Il reste de belles braises chaudes, lesquelles pourraient s’embraser rapidement si les banques commettent de nouvelles turpitudes. En 2016, 10 000 Américains répondaient à un sondage de Survey Monkey cherchant à identifier les entreprises jugées les plus dommageables à la nation. Pas moins de trois entreprises sur les cinq premières étaient des banques.

Ces dernières ont-elles retenu la leçon de 2008? Tous n’en sont pas convaincus. « Elles disent les bonnes choses, indique Peter Richardson, directeur exécutif de Protiviti Inc, une firme de consultants. Dans certaines organisations, nous ne les voyons pas s’attaquer aux raisonnements de base qui les amènent à agir d’une certaine manière lorsque nous leur tournons le dos. Je crains que cela ne cause de nouveaux problèmes à l’avenir. »

La rédaction