Une amende de 11,2 M$ pour le « roi du penny stock »

Par La rédaction | 7 août 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Le financier montréalais surnommé le « roi du penny stock » a été condamné à payer une amende de 11,2 millions de dollars par l’Autorité des marchés financiers (AMF), rapporte l’Agence QMI.

Jean-François Amyot s’était vanté en 2015 auprès du Journal de Montréal d’avoir gagné 2 M$ en quelques heures grâce à ces actions. Les penny stocks sont des titres « qui ne valent que quelques sous et sont souvent utilisés pour tromper des investisseurs crédules », indiquait le quotidien.

« Mon rapport d’impôt pour 2006, c’était 16 millions de dollars. En 10 ans, j’ai dû faire 100 M$ », avait-il alors confié aux journalistes qu’il avait rencontrés.

INFORMATIONS FAUSSES OU TROMPEUSES

L’Agence QMI précise que l’homme d’affaires a plaidé coupable à sept chefs d’accusation reliés à de la manipulation boursière au printemps dernier, « selon une décision inédite rendue uniquement sous forme de procès-verbal » obtenue par son bureau d’enquête. Outre l’amende de 11,2 M$ qu’il devra verser à l’AMF, Jean-François Amyot devra purger une peine de trois mois de détention à la prison de Saint-Jérôme.

L’Autorité a décidé d’intenter une poursuite pénale en 2014 à son encontre, ainsi que contre une dizaine d’autres individus et deux sociétés, car elle les soupçonnait d’avoir été impliqués dans des activités de manipulation de marché entre 2008 et 2012.

Il leur était notamment reproché d’avoir vanté le potentiel de croissance de sociétés en publiant des informations fausses ou trompeuses dans des communiqués de presse, sur les médias sociaux et ailleurs sur le Web. Des activités qui leur ont permis d’influencer le cours ou la valeur des titres de certaines sociétés de microcapitalisation répertoriées sur les marchés américains de gré à gré, dont Spencer Pharmaceutical, Energy 1, Andes Gold Corporation, Kender Energy et Wanderport Corporation.

TÊTE DIRIGEANTE

L’AMF qualifiait alors Jean-François Amyot de « maître d’œuvre » de ce stratagème de pump and dump et celui-ci avait dû faire face à pas moins de 10 chefs d’accusation : cinq concernant la concertation en vue d’influencer ou de tenter d’influencer le cours ou la valeur d’un titre, et cinq de manipulation de marché.

« Certains acteurs du stratagème auraient misé sur l’activité créée sur le marché et la hausse de la valeur des actions des sociétés visées pour liquider leurs propres titres et ainsi toucher d’importants profits », soutenait l’Autorité.

Au moment où la poursuite a été intentée contre lui, l’homme d’affaires montréalais était en outre président de Conseils Hilbroy et administrateur de IAB Media, deux sociétés visées par un chef d’accusation de manipulation de marché. Enfin, le financier était également sous le coup d’ordonnances d’interdiction et de blocage prononcées en 2011.

SOIRÉE DE FINANCEMENT DU PARTI CONSERVATEUR

Au début de l’année, Jean-François Amyot a invoqué l’arrêt Jordan, espérant ainsi faire tomber les accusations portées contre lui, mais sans succès, rappelle QMI. « Le délai dans le présent dossier est bien au-delà du plafond légal [pour être jugé] qui a été établi par la Cour suprême », affirmait son avocat.

Invoquant la complexité extrême du dossier, un enquêteur de l’AMF a répondu que l’enquête avait été l’une des plus difficiles de sa carrière et qu’elle avait exigé des efforts particuliers.

Jean-François Amyot est par ailleurs « connu dans certains milieux politiques québécois », relève l’Agence QMI. En 2011, il a ainsi organisé une soirée de financement à 1 000 dollars le couvert au Mount Stephen Club au profit du sénateur conservateur Larry Smith. L’année suivante, il a quitté le pays pour s’installer aux Bahamas, un paradis fiscal, et affirmait depuis avoir l’intention de créer à Dubaï un fonds spéculatif impliquant des investissements aux États-Unis dès que sa situation juridique au Québec serait réglée.

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