Une autre voix s’élève contre le cours d’éducation financière

Par La rédaction | 23 mars 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Le ministre de l’Éducation devrait revenir sur sa décision d’instaurer un cours obligatoire d’éducation financière à l’automne 2017, recommande le Conseil supérieur de l’éducation (CSE).

Dans un avis rendu public hier par voie de communiqué, ce dernier suggère à Sébastien Proulx d’intégrer plutôt le contenu de ce cours dans les domaines d’apprentissage tout au long de l’enseignement secondaire.

« Bien qu’il reconnaisse l’importance de posséder des compétences de base en matière de finances personnelles, le Conseil se questionne sur la pertinence d’ajouter un nouveau cours obligatoire de 50 heures sur cette question », indique l’instance, qui regroupe 22 membres nommés par le gouvernement et issus du monde de l’éducation ou d’autres secteurs d’activité de la société civile.

« RISQUE DE RÉDUIRE LES AUTRES CHAMPS D’ÉTUDES »

Le CSE rappelle également que la modification initialement proposée par le ministère aurait pour effet « de réduire la place accordée aux cours optionnels au deuxième cycle du secondaire, ce qui réduit du coup la possibilité pour les élèves de découvrir de nouveaux champs d’études qui pourraient contribuer au développement de leur maturité ».

« Compte tenu des relations entre le programme d’éducation financière et l’ensemble des domaines d’apprentissage du Programme de formation de l’école québécoise, le Conseil plaide plutôt en faveur de l’élaboration d’un cadre (…) qui permettrait l’intégration du contenu de formation considéré comme essentiel dans le cours Éducation financière dans les différents programmes d’études tout au long de l’enseignement secondaire », détaille le communiqué.

« Cette façon de faire permettrait ainsi d’assurer la réalisation des apprentissages considérés comme nécessaires en matière de finances personnelles, tout en préservant le cours Monde contemporain dans son intégralité », conclut le CSE.

LES ENSEIGNANTS HOSTILES AU PROJET

Ce dernier affirme par ailleurs « déplorer le contexte d’urgence dans lequel s’inscrit la présente réflexion sur l’opportunité de rendre obligatoire le programme d’éducation financière », et il estime que les conditions, notamment sur le plan de la formation du personnel enseignant, « ne sont pas optimales pour assurer une intégration réussie du contenu en éducation financière dans le curriculum de cinquième secondaire ».

Le retour prochain du cours d’éducation financière en milieu scolaire avait suscité une levée de boucliers au début de l’année, notamment parmi les enseignants. Trois syndicats, représentant quelque 100 000 professeurs du réseau des écoles publiques du Québec, avaient alors dénoncé la « précipitation » du ministre ainsi que l’orientation donnée à cette matière.

L’Association provinciale des enseignantes et enseignants du Québec (APEQ), la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) et la Fédération des syndicats de l’enseignement avaient aussi déploré « le caractère irrespectueux, et même illégal » de sa démarche « à l’effet d’imposer ce nouveau cours dès la rentrée scolaire 2017 ».

« UN COURS CONCOCTÉ PAR LES BANQUES »

« En modifiant unilatéralement et aussi rapidement la grille-matière, le ministre manque de respect à l’endroit du personnel enseignant et des élèves et fait fi des encadrements légaux qui prévalent. Les organisations syndicales demandent donc un moratoire sur l’implantation de ce cours, le temps de faire correctement les choses, en tout respect de la loi », indiquait un communiqué conjoint émis en janvier par les trois centrales syndicales.

La mise en branle d’un tel programme ne correspond pas à la « philosophie d’éducation » de l’APEQ, s’était plus tard indigné son président, Sébastien Joly, qui soutenait que le cours tel qu’il était agencé découlait de souhaits exprimés par « les groupes financiers » et « les banquiers », et qu’il ne proposait qu’une vision libérale de l’économie. De son côté, le président de la FAE, Sylvain Mallette, jugeait tout aussi sévèrement la démarche du gouvernement, arguant sur plusieurs tribunes que « ce cours avait été concocté par les banques ».

La rédaction