Une hausse de taux plus tôt que prévu au Canada

Par La rédaction | 22 juin 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Comme les conditions économiques s’améliorent sensiblement depuis le début de l’année au pays, la Banque du Canada (BdC) devrait bientôt devancer la remontée de ses taux directeurs, prévoit Desjardins.

Dans une note de synthèse publiée mardi, les analystes du Mouvement indiquent que d’autres banques centrales pourraient également suivre la voie de la Réserve fédérale, qui vient d’augmenter ses taux directeurs pour un troisième trimestre consécutif et garde le cap sur une hausse supplémentaire cette année, probablement en décembre plutôt qu’en septembre, et trois hausses de 0,25 % l’an prochain.

« Alors que les doutes sur la solidité de la reprise canadienne semblent se dissiper et que les capacités excédentaires diminuent rapidement, la BdC se questionne ouvertement à savoir si les deux baisses de taux de 2015 ne doivent pas être renversées », écrivent-ils, ajoutant s’attendre désormais à une hausse de 0,25 % des taux directeurs au pays en octobre, et même possiblement dès le mois de juillet. Dans ce contexte, « le dollar canadien devrait se maintenir aux environs de 0,75 $ US », et ce, bien que le billet vert risque de s’apprécier par rapport à la plupart des autres devises.

LES POLITIQUES DE TRUMP SONT « UNE SOURCE DE RISQUES »

La faiblesse des économies émergentes demeure cependant une source d’inquiétude, rappelle Desjardins. Sans oublier le fait qu’« un ressac de l’économie européenne, les résultats des élections en Allemagne, des négociations difficiles avec le Royaume‐Uni au sujet du Brexit et les risques géopolitiques qui persistent pourraient aussi perturber l’économie mondiale, tout comme la possibilité de guerres commerciales ».

Aux États-Unis, l’incertitude quant aux politiques qui seront mises de l’avant par l’administration Trump constitue « une source importante de risques », estiment les analystes du Mouvement. En effet, « les prévisions peuvent être grandement affectées par la réaction des ménages, des entreprises, des marchés financiers et des gouvernements étrangers à des éléments comme le protectionnisme du président, le gonflement de l’endettement du gouvernement fédéral américain et la réforme de l’immigration ».

De même, « l’incertitude politique alimentée par des doutes sur l’intégrité de l’administration [républicaine] pourrait aussi affecter les marchés », poursuivent-ils, soulignant qu’« il faudra continuer à surveiller de près la Réserve fédérale alors que l’évolution de la politique monétaire américaine demeure très incertaine », et que le choix du successeur de Janet Yellen, en février prochain, « pourrait avoir un effet notable sur les marchés financiers ».

AU QUÉBEC, L’ÉCONOMIE MAINTIENT LA CADENCE

Dans ce contexte, « les marchés obligataires risquent d’être très volatils », avertit Desjardins. Et notamment au Canada, où « les incertitudes associées à une recrudescence du protectionnisme américain sont importantes », sans parler de l’avenir de l’Accord de libre-échange nord-américain qui reste « incertain ». Autant de paramètres qui suscitent des « inquiétudes », notamment au Québec et en Ontario, compte tenu de l’importance de leur commerce extérieur avec les États-Unis. Enfin, il faut également compter avec la situation du marché immobilier au pays et l’endettement élevé des ménages, qui demeurent aux aussi « une source de préoccupation ».

Au Québec, les économistes du Mouvement notent que les points positifs continuent de s’accumuler pour les ménages et que l’indice de confiance des consommateurs dans la Belle Province a bondi à « un niveau inespéré » depuis la récession de 2008-2009. Certains indicateurs de la situation financière des particuliers ont également pris du mieux. Ainsi, le taux d’épargne a remonté à 6,2 % l’an dernier, soit un sommet par rapport aux 20 dernières années, tandis que le nombre de cas d’insolvabilité a amorcé une tendance à la baisse.

Dans le même temps, le marché du travail connaît lui aussi une amélioration notable avec un taux de chômage qui a chuté à 6 % en mai, soit un nouveau creux depuis plus de 30 ans. Seuls les signaux des entreprises sont moins encourageants, puisque les exportations internationales québécoises ont fléchi au premier trimestre et que les investissements privés tardent à se raffermir. Résultat : la croissance du produit intérieur brut (PIB) dans la province devrait avoisiner 2 % cette année, tandis qu’un rythme moins rapide de 1,5 % est attendu en 2018, à cause des dépenses de consommation qui devraient ralentir.

L’ÉCONOMIE CANADIENNE A LE VENT DANS LES VOILES

Du côté de l’immobilier, Desjardins note que si les ventes de propriétés existantes et les prix sont à la hausse, le marché ne fait en réalité « que reprendre de la vigueur après une période d’accalmie ». « La variation annuelle des prix moyens vient tout juste de franchir le cap des 5 % après quelques années de faible hausse », ce qui est « loin d’être comparable avec l’accélération des prix en Ontario », observe le Mouvement. Même si une partie des acheteurs étrangers se déplaçaient vers Montréal en raison de l’imposition d’une taxe à Vancouver et à Toronto, « beaucoup de chemin reste à parcourir avant d’être confronté à une situation de pénurie associée à une flambée des prix », rassure-t-il.

Enfin, Desjardins juge que l’économie d’un océan à l’autre a le vent dans les voiles depuis la mi‐2016, bien que les conditions climatiques difficiles observées en avril et en mai risquent d’affecter certaines activités saisonnières et de freiner la croissance au deuxième trimestre. Malgré cela, écrivent les analystes, « le momentum de l’économie canadienne est très positif et la progression du PIB réel devrait reprendre un rythme plus rapide dès l’été ». Par conséquent, ils anticipent un gain de 2,6 % du PIB en 2017 au pays, ainsi qu’un taux croissance de 2 % l’an prochain.

La rédaction