Une hausse des taux freinerait l’accès à la propriété

Par La rédaction | 6 juillet 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Alors que les rumeurs d’une prochaine hausse de taux par la Banque du Canada se font de plus en plus insistantes, certains analystes estiment que celle-ci risque d’entraver fortement l’accès à la propriété, rapporte Radio-Canada.

Citant un récent rapport de la Banque Royale consacré aux tendances immobilières du premier trimestre 2017, la chaîne d’information relève que si le rôle joué par les taux d’intérêt a été « secondaire » ces dernières années dans l’évolution de l’accès à la propriété à cause de leur faible niveau, la situation « serait sur le point de changer ».

Bien que la RBC anticipe plutôt une hausse « au début de 2018 », certains analystes jugent que la banque centrale pourrait relever son taux directeur dès la semaine prochaine, sa prochaine annonce à ce sujet étant prévue le 12 juillet.

« UN RISQUE CROISSANT POUR LE MARCHÉ DU LOGEMENT »

« Toute amorce d’un cycle de relèvement des taux pourrait peser considérablement sur l’accessibilité à la propriété, selon l’ampleur et le rythme des hausses de taux. La politique monétaire pourrait donc poser un risque croissant pour le marché du logement du Canada », mettent en garde les auteurs du rapport, Craig Wright et Robert Hogue, respectivement économiste en chef et économiste principal à la RBC.

Ces derniers « ne voient donc pas d’un bon œil une possible hausse puisqu’elle pourrait faire en sorte que les coûts de logement grugent davantage le budget des emprunteurs et accentue l’endettement déjà élevé des ménages au pays, note Radio-Canada. Une hausse des taux d’intérêt fait en sorte d’augmenter les coûts des hypothèques et pourrait faire baisser la demande pour des propriétés pour ensuite pousser les prix faramineux des résidences dans certaines régions du pays à baisser. »

Interrogé par Radio-Canada, Benjamin Reitzes, économiste de la BMO, juge pour sa part que « la banque centrale a clairement derrière la tête un désir d’insuffler un peu plus de discipline sur le marché immobilier ».

L’IMMOBILIER, UNE DÉPENSE IMPORTANTE

Dans son étude, la Banque Royale explique par ailleurs que le ménage canadien type consacre « une part effarante de 45,9 % de son revenu aux coûts de propriété d’une maison moyenne achetée au premier trimestre ». Or, « depuis 1990, il n’est arrivé qu’une fois que les consommateurs doivent dépenser autant pour les coûts de propriété », souligne-t-elle. Cette situation « démontre clairement à quel point la hausse rapide des prix a réduit l’accessibilité à la propriété au pays au cours de la dernière année ».

« La mesure globale d’accessibilité à la propriété de RBC pour la région de Toronto s’est détériorée à son pire niveau jamais enregistré », observent encore les économistes de l’institution financière. De même, les statistiques pour Vancouver contribuent elles aussi à « niveler la moyenne canadienne [de l’accessibilité] vers le bas à des niveaux record », constate Radio-Canada.

Immobilier : les Canadiens trouvent la facture trop élevée

Deux Canadiens sur cinq estiment que les coûts liés à l’habitation sont trop élevés, un sentiment que partagent les citoyens de presque toutes les tranches de revenus, rapporte La Presse Canadienne.

Reprenant les résultats d’un sondage d’EKOS Research, l’agence de presse observe que cette opinion semble encore plus marquée dans les régions les plus peuplées du pays, où seule une faible proportion des sondés disent croire que les maisons sont abordables.

Pour le président d’EKOS, Frank Graves, certaines portions du Canada soient aujourd’hui parvenues « à un niveau de crise », ce qu’il qualifie de « profondément troublant ».

HORS D’ATTEINTE

Le sondage révèle par ailleurs qu’environ la moitié des répondants qui se considèrent comme pauvres ou issus de la classe ouvrière jugent que les coûts d’habitation sont au-delà de leurs moyens. Dans les classes moyenne et plus élevée, ce chiffre se situe respectivement à 38 % et à 37 %. Dans les grandes villes, seuls 6 % des Torontois et 2 % des Vancouvérois trouvent que les logements sont abordables. À Calgary, ce chiffre grimpe à 11 % et à Montréal, 22 %.

Une récente étude de l’École de politique publique de l’Université de Calgary indique que le problème d’habitation est plus aigu à Calgary, Vancouver et Toronto, où les familles à faible revenu peuvent dépenser jusqu’à la moitié de leur revenu pour un appartement, même à coût modique.

Le sondage a été mené par téléphone du 1er au 19 juin auprès de 5 658 personnes d’un océan à l’autre.

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