Une « légère » récession sera nécessaire

14 novembre 2022 | Dernière mise à jour le 11 octobre 2023
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La Banque du Canada (BdC) n’aura pas le choix de maintenir ses taux élevés au moins jusqu’en 2024, et cela aura un coût pour l’économie canadienne, croit Benjamin Tal, économiste en chef adjoint à la CIBC.

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« Il est possible que nous soyons d’ores et déjà en récession, et si ce n’est pas le cas, elle est pour bientôt. Mais nous croyons qu’elle sera légère, car elle affectera surtout la croissance du PIB plutôt que le marché de l’emploi », entrevoit Benjamin Tal.

Selon l’expert, la Banque du Canada se montre très agressive, car confrontée à un choix entre récession ou inflation, elle choisira forcément la première. La question n’est donc pas si l’inflation redescendra autour de sa cible de 2 %, mais plutôt combien coûtera cette redescente.

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« Il semble que la Banque se montre prudente, car le marché s’attendait à la voir augmenter son taux de 75 points de base lors de sa dernière annonce [le 26 octobre], mais elle s’est contentée de 50. Chaque récession des 30 dernières années a été alimentée ou même causée par une erreur de politique monétaire qui consistait à faire monter les taux trop rapidement », rappelle Benjamin Tal.

Mais la Banque n’en a pas fini pour autant avec les hausses de taux, croit-il.

« Nous nous attendons à une autre hausse à 3,75 à 4,25 % et peut-être à 4,50 % d’ici la fin de l’année, mais après cela, les hausses seront terminées. En revanche, les taux resteront sûrement élevés au moins pendant une année, jusqu’à 2024, afin d’assurer que l’inflation est vraiment sous contrôle. Il faut éviter de répéter les erreurs des années 80 lorsque la politique monétaire était assouplie prématurément et que l’on assistait à une récession en W. La Banque en est consciente et a clairement indiqué qu’elle allait prendre son temps avant d’abaisser à nouveau les taux », poursuit l’économiste.

Il ne faudra pas non plus s’attendre à une baisse rapide à ce moment, soutient-il.

« Rappelons-nous que nous faisons face à trois forces inflationnistes : la démondialisation, la diminution des inventaires et un marché de l’emploi serré avec des salaires en hausse. En même temps, la cible d’inflation de la Banque reste à 2 % et ne changera pas. Si elle baisse ses taux en 2024, ce ne sera pas plus que de 1 ou 1,25 %, soit un point de pourcentage de plus qu’avant l’apparition de ces forces inflationnistes », explique Benjamin Tal.

Reste un scénario du pire, où l’inflation est têtue et la Banque doit faire monter les taux encore plus hauts, à 5 ou 5,5 %. Selon lui, cela plongerait l’économie dans une véritable récession avec une hausse du chômage. Il estime la probabilité de ce scénario « entre 20 et 30 % ».

Pour le moment, tempère-t-il, les nouvelles sont plutôt encourageantes.

« L’inflation a ralenti et les perturbations commencent à se dissiper dans les chaînes d’approvisionnement. C’est très important, car plus les problèmes sont réglés du côté de l’offre, plus la Banque a de pouvoir pour contrôler l’inflation. »

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.