Une manipulation de titre rapporte 2,6 millions de dollars

Par La rédaction | 24 avril 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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L’Autorité des marchés financiers poursuit Solo international inc. et cinq individus en lien avec une manipulation de titres sur le marché de gré à gré, laquelle aurait généré plus de 2,6 millions de dollars en profits à ses auteurs présumés.

Sur une période d’un an, de l’automne 2011 à l’automne 2012, les actions cotées sur le marché de gré à gré (OTCBB) de la société Solo International Inc. auraient fait l’objet d’une manipulation de type « pump and dump ». Dans ce genre de stratagème, les détenteurs des actions d’une entreprise gonflent de manière artificielle la valeur du titre en faisant des campagnes de promotion et de communications auprès d’investisseurs. Lorsque le titre a grimpé, ils vendent leurs propres positions, générant des profits importants. Le titre s’écrase rapidement par la suite et les investisseurs se retrouvent floués.

Le cas de Solo International Inc., décrit en détail dans la demande de l’AMF que Conseiller a obtenue du Tribunal administratif des marchés financiers, serait un classique du genre. L’entreprise, créée dans le but d’exercer des activités de design intérieur en avril 2010, se réoriente vers le secteur minier à l’automne 2011 après l’acquisition de deux droits miniers au Québec. Mais il ne s’agit que de sauver les apparences. De ses débuts jusqu’au 30 septembre 2013, l’entreprise n’a généré aucun revenu, accumulant plutôt une perte nette de 960 853 $US (1,3 M$ CAN).

UN TITRE GONFLÉ, ET PAYANT

Après avoir émis des millions d’actions graduellement en 2010 et 2011, les actionnaires de Solo Internationale Inc procèdent à une première campagne promotionnelle. Du 23 janvier au 7 février 2012, Solo publie six communiqués de presse, en plus de faire l’objet d’une campagne de promotion boursière massive sur six sites Internet, par ailleurs payés par Solo. À ce moment, rien dans les activités de Solo ne justifie une telle campagne, mais elle aura tout de même son effet. Entre le 20 janvier et le 25janvier 2012, le cours du titre augmente de 87%, avant de retomber le 8 février.

Pendant cette période, le volume de négociation du titre atteint des sommets, avec notamment 2 227 978 actions échangées le 23 janvier 2012. Or, ces transactions résultent en majeure partie de celles répétées orchestrées par trois des intimés, soit Frederick Langford Sharp, Shawn Van Damme et Pasquale Antonio Rocca. En se délestant massivement d’une partie de leurs titres, ils engrangent un profit total de 390 249 $.

2,6 MILLIONS DE DOLLARS DE PROFIT

L’opération se répète le 14 novembre 2012. Cette journée-là, alors que Solo est toujours aussi inopérante, huit promoteurs font campagne pour son titre. Un effort mené par Northwest Marketing et financé par Solo. Le titre augmente sa valeur à 0,101 $ l’action, avant de retomber en deux semaines à 0,01 $.

Encore une fois, Frederick Langford Sharp, Shawn Van Damme et Pasquale Antonio Rocca se retrouvent du côté des vendeurs, avec un autre intimé dans cette affaire, Vincenzo Antonio Carnovale. Cette période de délestage sera bien plus payante que la première. Les intimés se partageront 2 241 726 $. Au total, ils auraient donc touché 2 631 975 $, qu’ils se sont répartis via différentes sociétés-écran et comptes bancaires à l’étranger.

RÉCUPÉRER L’ARGENT

Michel Plante est accusé d’avoir servi de prête-nom après avoir agi comme actionnaire majoritaire, PDG, directeur aux finances, secrétaire et trésorier de Solo International Inc. Shawn Van Damme, Frederick Langford Sharp, Vincenzo Antonio Carnovale et Pasquale Antonio Rocca sont tous également visés par la poursuite de l’AMF.

L’Autorité demande notamment au TMF d’émettre une ordonnance d’interdiction d’opération sur le titre de Solo International Inc. Elle demande aussi d’émettre à l’encontre de ces cinq individus des ordonnances d’interdiction d’opération sur valeurs, d’interdiction d’agir comme administrateur ou dirigeant d’un émetteur, d’un courtier, d’un conseiller ou d’un gestionnaire de fonds d’investissement pour une période de cinq ans.

L’AMF ne compte pas non plus laisser les présumés fraudeurs jouir de leur butin. Elle exige des pénalités administratives salées. Frederick Langford Sharp pourrait devoir payer 2 M$, Shawn Van Damme 500 000 $, Vincenzo Antonio Carnovale 300 000 $ et Pasquale Antonio Rocca 630 000 $.

La rédaction