Une nouvelle directive secoue les marchés européens

Par La rédaction | 8 janvier 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Entrée en vigueur mercredi dernier, la directive MIF 2 (Marchés d’instruments financiers, version 2) encadre désormais davantage les produits dérivés, les obligations ainsi que les transactions à haute fréquence, rapporte Le Monde.

Dix ans après le début de la crise de 2008, son objectif est « d’apporter plus de transparence et de promouvoir un meilleur encadrement des marchés », explique le quotidien, qui estime que cette mesure doit « en principe » permettre un meilleur contrôle des produits dérivés et des obligations, traditionnellement échangés « de gré à gré », c’est-à-dire directement entre un acheteur et un vendeur et sans passer par la Bourse.

« Ce changement est majeur », affirme au journal français Grant Lee, du cabinet d’audit PwC. Une appréciation confirmée par Brian Schwieger, haut dirigeant à la Bourse de Londres, qui estime qu’il s’agit là de « la plus grande réforme des marchés financiers depuis le « big bang » » (la dérégulation instaurée en 1986 par la première ministre britannique Margaret Thatcher).

VOLONTÉ DE MIEUX ENCADRER LES MARCHÉS

La directive MIF 2 résulte de la volonté des pays membres de l’Union européenne (UE) de mieux réguler les banques et d’encadrer plus étroitement les marchés financiers, ce qui était également le but de la loi Dodd-Frank aux États-Unis, rappelle Le Monde. « Jusqu’à présent, explique le quotidien, l’immense majorité des échanges de produits dérivés et d’obligations se faisait « de gré à gré ». Ainsi, il y a quelques années, il fallait encore décrocher son téléphone et appeler les acheteurs potentiels un à un pour connaître le prix qu’ils étaient disposés à payer pour une obligation ou un produit dérivé. »

Or, si les échanges s’effectuent aujourd’hui en majeure partie de façon électronique, le vendeur et l’acheteur continuent de tester le marché et de conclure un accord dans l’anonymat et sans annoncer la transaction ni son montant. « On est loin de la transparence des marchés d’actions, où il est possible de tracer chaque échange », souligne Le Monde.

Désormais, ajoute-t-il, la directive MIF 2 leur impose de publier le prix du produit dérivé ou de l’obligation avant et après chaque transaction. Une avancée « bénéfique non seulement pour les régulateurs, qui pourront mieux superviser les flux financiers, mais aussi pour les traders, qui travailleront sur un marché plus sain », estime le quotidien. Un avis partagé par Grant Lee, qui prévoit que cette mesure « devrait permettre de réduire fortement les écarts de prix entre les produits, alors qu’actuellement deux produits identiques peuvent avoir des prix très différents ».

LES COURTIERS POURRONT ÊTRE RETRACÉS

En outre, précise Le Monde, chaque courtier possède désormais son propre numéro d’immatriculation et celui-ci sera associé à toutes les transactions. « En cas de fraude ou de crise, il sera donc possible de savoir exactement qui a fait quoi, alors que jusqu’ici, seule la firme qui avait exécuté l’opération pouvait être identifiée, mais pas le courtier. »

La nouvelle directive de l’UE s’applique par ailleurs aux algorithmes, qui régissent un grand nombre de transactions boursières effectuées sans intervention humaine. En conséquence, chaque société, en particulier dans le secteur des transactions à haute fréquence, est désormais tenue de déposer auprès du régulateur ses codes informatiques. Selon Brian Schwieger, ce dispositif pourrait permettre « de détecter en temps réel si un algorithme s’emballe, d’intervenir très rapidement et d’éviter les flash crashes [chutes des marchés de quelques secondes à quelques minutes] ».

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