Une technologie pour démocratiser le crédit

Par Alizée Calza | 19 novembre 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Paiement par carte de crédit
Photo : dolgachov / 123RF

Grâce à sa technologie, la firme montréalaise Flinks permet aux institutions financières de prêter à davantage de clients sans prendre plus de risques. L’analyse du comportement bancaire au moyen de l’intelligence artificielle permet à cette fintech de dénicher les consommateurs admissibles à un crédit mais qui sont classés comme étant à risque selon les méthodes d’analyses traditionnelles.

Plutôt que de se concentrer sur l’historique de crédit, Flinks s’intéresse au comportement bancaire des clients, à la façon dont ceux-ci gèrent leur argent, afin de proposer une meilleure gestion du risque. Avec le consentement du client, Flinks récupère les données transactionnelles de celui-ci et les associe avec celles de son institution financière pour comparer leur comportement bancaire avec une base de données centralisée.

« Notre technologie aide certaines institutions financières à mieux comprendre le portrait de leurs clients », explique Yves-Gabriel Leboeuf, PDG et cofondateur de l’entreprise.

Par exemple, si un client est un étudiant en droit fraîchement sorti de sa faculté, qu’il vient de décrocher un emploi dans un cabinet d’avocat à 150 000 $ par an, mais qu’il paie sa facture de téléphone en retard chaque mois – parce qu’il l’oublie – cela risque d’affecter son dossier de crédit.

En revanche, la technologie de Flinks est en mesure d’établir une corrélation entre ces différents éléments et peut montrer que le client a tout à fait la capacité de repayer le prêt qu’il demande.

POUR AIDER LES CONSOMMATEURS

« Nous travaillons à la fois pour l’institution financière et pour le client. Du côté de l’institution, il s’agit d’une meilleure gestion du risque. Et pour le client, c’est d’être capable de puiser certaines situations financières qui sortent un peu de l’ordinaire. »

Leur technologie peut ainsi aider le consommateur à obtenir du crédit alors que les méthodes traditionnelles l’en auraient peut-être empêché.

Ainsi, un travailleur autonome a souvent du mal à obtenir un prêt hypothécaire en raison de la grande variabilité de ses revenus et du fait que son crédit a peut-être été affecté dans le passé, lors du lancement de son entreprise, par exemple. À nouveau, Flinks est en mesure de comprendre cette situation et de montrer que l’argent est bien géré.

De plus, cette technologie permet également d’éliminer la discrimination.

« Plutôt que d’utiliser des données identifiables telles qu’un code postal ou le nom de la personne, la technologie qu’on a bâtie s’intéresse aux entrées et aux sorties d’argent du client. Ainsi, les utilisateurs ne peuvent juger que sur la façon dont l’argent est géré, peu importe l’individu, son âge ou autre », souligne Yves-Gabriel Leboeuf.

D’AUTRES UTILITÉS

Flinks ne s’occupe pas uniquement des institutions financières, mais également d’autres entreprises qui effectuent, par exemple, des transferts de fonds internationaux.

« Notre technologie est un facilitateur pour tout ce qui touche au risque. »

Lorsqu’un client souhaite transférer de l’argent à un proche à l’autre bout du monde, il y a un moment dans le transfert où il sera long de mettre la main sur les fonds qui sont dans le compte en banque de la personne voulant envoyer ces fonds. Ces délais peuvent prendre de 24 h à 48 h.

« Ces délais sont négatifs pour la personne qui attend les fonds. Car si l’entreprise attend d’avoir les fonds en main avant de les envoyer, le bénéficiaire devra attendre encore plus longtemps avant de toucher l’argent », explique Yves-Gabriel Leboeuf.

Le recours à l’analyse de crédit dans ce genre de situation permet aux compagnies de transfert de fonds de s’assurer que la personne qui envoie les fonds est « peu risquée », ce qui lui permet d’avancer les fonds requis.

UN BEL AVENIR

Alors que l’entreprise n’a pas encore soufflé ses deux chandelles, elle fait déjà affaire avec 200 entreprises différentes au Canada. Sa technologie est employée par plus de deux millions d’utilisateurs uniques canadiens, rapporte le PDG de l’entreprise.

Flinks est également soutenue par de grosses pointures. Ainsi, la Banque Nationale et Luge Capital ont investi 1,75 million de dollars dans ce leader des technologies financières afin de l’aider à accélérer sa croissance.

Yves-Gabriel Leboeuf a également mentionné qu’ils étaient à quelques semaines de conclure partenariat d’envergure, sans toutefois donner plus de détails.

On peut donc conclure que Flinks a un bel avenir devant elle.

Alizée Calza Alizee Calza

Alizée Calza

Alizée Calza est rédactrice en chef adjointe pour Conseiller.ca et pour Finance et Investissement.