Unification des ordres comptables : des réactions

Par Ronald McKenzie | 29 mars 2012 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Sans surprise, les ordres professionnels des CA, des CGA et des CMA ont accueilli « avec plaisir » le dépôt du projet de loi créant le nouvel Ordre des comptables professionnels agréés du Québec (CPA).

« Il va sans dire que la création d’un seul ordre contribuera à accroître la protection du public. Avec un seul titre professionnel, et surtout une porte d’entrée unique vers les mécanismes de contrôle de la profession, il est clair que le nouvel ordre pourra encore mieux jouer son rôle de protection du public », a déclaré Manon Durivage, présidente du conseil de l’Ordre des CA, dans un communiqué conjoint.

Pour les trois ordres, le nouvel organisme présentera les avantages suivants :

* Mise en commun des compétences et expertises des professions comptables actuels.

* Influence accrue qui aura une portée à l’échelle mondiale. L’Ordre des CPA profitera d’un « pouvoir d’attraction notable » auprès de la relève, des employeurs et du milieu des affaires.

* Pouvoir de la force du nombre. En effet, le futur organisme réunira quelque 35 000 comptables professionnels. « En plus de regrouper les forces vives de la profession comptable, cette nouvelle réalité permettra de réaliser des gains d’efficacité et d’efficience dont bénéficiera l’ensemble de la profession », a indiqué Charles Auger, président du conseil de l’Ordre des CMA.

Notons que le dépôt de ce projet de loi pourrait inciter plusieurs autres provinces canadiennes à faire de même. « Tout porte à croire que le Québec fera office de pionnier, et que d’autres provinces lui emboîteront bientôt le pas », prévoient les trois ordres comptables.

Un projet conçu « à la hâte »

La décision d’unifier les trois ordres comptables ne fait pas que des heureux. En effet, l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés (OCRHA) déplore qu’un projet d’une telle importance ait été conçu « à la hâte et sans consultation des professions connexes ».

L’organisme qui compte 8500 membres salue l’initiative qui vise à rassembler ces trois professions. Toutefois, il constate que la démarche a été « réalisée en vase clos ». Il signifie donc son désaccord avec le projet de loi et demandera à être entendu en commission parlementaire.

« La modernisation des champs de pratique d’un secteur d’activité doit se faire en collaboration avec toutes les professions qui travaillent en connexité, et ce, dès le début des travaux et non quelques semaines avant le dépôt d’un projet de loi ou au moment de celui-ci », a déclaré Florent Francoeur, président-directeur général de l’OCRHA.

L’OCRHA fait remarquer que ses membres, les professionnels de la gestion des ressources humaines, font partie intégrante de la vie des entreprises. Or, tel que déposé, le projet de loi décrit « de façon très large » les gestes que peuvent poser les comptables professionnels en matière de gouvernance, de stratégie, de gestion des risques, de rentabilité, d’optimisation de la performance, de fiabilité de l’information et de reddition de comptes, entre autres.

« Cette définition très englobante de tout ce que font les comptables professionnels interdira-t-elle à d’autres intervenants des secteurs droit, administration et affaires de prétendre qu’ils accomplissent une partie ou l’ensemble de ces gestes professionnels? Les notions de ‘management’, de ‘gouvernance’ ou de ‘stratégie’ pourront-elles être reprises pour décrire le champ de pratique d’autres professions? C’est à ce genre d’inquiétudes que nous sommes confrontés », a indiqué Florent Francoeur.

L’OCRHA estime que l’urgence d’adopter la Loi sur les comptables professionnels agréés ne doit pas justifier un travail « fait à la va-vite et sans consultation autrement qu’à la veille du dépôt du projet de loi ».

Ronald McKenzie