Vendre sa maison comme plan de retraite

27 août 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Le domicile est l’un des plus gros actifs, sinon le plus gros, de beaucoup d’épargnants. Sans surprise, il occupe une place majeure dans la stratégie d’épargne-retraite de nombreux Canadiens. Mais trop s’en remettre à cet actif n’est pas sans risque, rappelle Advisor.ca.

Un sondage de la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario révélait en 2017 que 45 % des travailleurs propriétaires de leur domicile comptaient sur la montée des prix de l’immobilier pour financer leur retraite. Plus de la moitié des répondants qui n’avaient pas de plan d’épargne-retraite soutenaient qu’ils misaient sur la vente de leur maison pour la financer. Le sondage avait été réalisé auprès d’un échantillon représentatif de 1 516 Ontariens âgés de 45 ans et plus. Environ les trois quarts (76 %) étaient propriétaires de leur domicile.

CERTAINS RISQUENT D’ÊTRE DÉÇUS

Cependant, au Canada, les règles plus sévères d’accès aux prêts hypothécaires, les taxes sur les acheteurs étrangers imposées en Colombie-Britannique et en Ontario, la remontée des taux d’intérêt et d’autres éléments économiques, comme les fluctuations du prix du pétrole en Alberta, peuvent rendre une telle stratégie hasardeuse, selon AGF. Depuis le début de l’année, les prix des maisons ont baissé chaque mois pour atteindre leur niveau le plus bas en cinq ans. Les prix ont chuté respectivement de 35 % et 23 % à Vancouver et Toronto.

Il ne faut pas s’attendre à une remontée importante des prix en 2018 et 2019, selon un rapport de RBC. L’institution prévoit une hausse modeste de 1,8 % en 2018, et une progression d’à peine 0,2 % en 2019. Au Québec, les prix des maisons devraient augmenter de 3,0 % en 2018, mais de seulement 0,6 % en 2019. Dans l’ensemble du Canada, le faible nombre de maisons mises sur le marché vient compenser des conditions généralement favorables à une baisse des prix, provoquant un certain équilibre et une stagnation des prix. Dans les six premiers mois de l’année, les reventes de maison ont baissé de 13 % au pays.

L’EFFET DES HAUSSES DE TAUX

Les ventes de maison devraient reprendre un peu de vigueur en 2019 (+1,6 %), mais en raison de la remontée des taux, elles resteront sous le niveau moyen d’activité des 10 dernières années. RBC s’attend à voir la Banque du Canada augmenter son taux directeur trois fois d’ici à la mi-2019, pour atteindre 2,25 %, une hausse de 75 points de pourcentage.

« Ces hausses de taux rendront encore plus difficile pour les premiers acquéreurs de se qualifier pour une hypothèque et leur impact se fera aussi de plus en plus sentir sur ceux qui sont déjà propriétaires », soutient le rapport. Ceux dont l’hypothèque cinq ans à taux fixe arrive à échéance en 2018 ou 2019 devront renouveler à un plus haut taux d’intérêt pour la première fois depuis 2008. Les propriétaires dont les finances sont déjà serrées risquent de trouver cela ardu.

DES RETRAITÉS ENDETTÉS

Comme le rappelle, AGF pour financer sa retraite avec sa maison, encore faut-il avoir fini de la payer. Environ un retraité canadien sur cinq verse encore des paiements de remboursement d’hypothèque, selon le Baromètre financier Sun Life de février 2018. Par ailleurs, un sondage de Sun Life réalisé en 2017 montrait que 66 % des retraités ont des dettes de cartes de crédit.

Cela montre bien que tous les retraités ne sont pas nécessairement en bonne position pour financer leur retraite en vendant leur domicile.