Voici Jocelyne Mercier

13 janvier 2014 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Il y a deux ans, Jocelyne Mercier, 43 ans, a quitté son emploi de vice-présidente du marketing chez un détaillant de vêtements d’envergure moyenne afin de concrétiser son rêve de devenir entrepreneure. Elle a lancé un cabinet-conseil qui fournit des services aux entreprises et a commencé à se constituer une clientèle fidèle. Mais, financièrement, ce fut un coup dur.

Jocelyne a retiré toutes les économies qu’elle avait placées dans son compte d’épargne libre d’impôt (CELI) – 13 000 $ au total – afin de couvrir certains frais de subsistance pendant qu’elle faisait connaître ses services. À court d’argent, elle a souscrit à une marge de crédit non garantie de 40 000 $ au taux préférentiel plus 3 %. Une fois la limite de cette marge atteinte, et cherchant à éviter de toucher à son REER de 120 000 $, elle a commencé à accumuler des dettes de carte de crédit.

Elle aimerait acheter une maison, mais pour l’instant, elle paie 1800 $ de loyer par mois. Ses revenus varient entre 3000 $ et 4000 $ par mois, une fois l’impôt et les frais d’entreprises payés. Dans les périodes creuses, elle ne dispose pas de suffisamment d’argent pour couvrir ses frais de ménage; toutefois, elle vient d’obtenir un contrat pour un important projet qui lui rapportera un revenu régulier de 5800 $ par mois, une fois l’impôt et les frais d’entreprises payés. Ce contrat commence dans quatre mois.

Que doit-elle faire en attendant et sur quoi devrait-elle mettre l’accent lorsqu’elle se sera sortie de cette période critique et qu’elle disposera d’un revenu excédentaire?

Voici un portrait des revenus et dépenses mensuels de Jocelyne :

  • 3000 $ à 4000 $ de revenus après impôt; ses revenus atteindront 5800 $ dans quatre mois
  • 200 $ pour rembourser la dette de 40 000 $ sur sa marge de crédit (taux préférentiel + 3 %)
  • 229 $ pour rembourser la dette de 5000 $ sur sa carte de crédit (19 %); le montant inclut le remboursement minimal du capital de 3 %
  • 1800 $ de loyer
  • 1400 $ en frais de ménage supplémentaires

Bill Vollmer, conseiller financier principal, Arca Financial Group, recommande…

  • Lorsque ses revenus augmenteront, Jocelyne doit s’assurer de rembourser d’abord ses dettes de carte de crédit et de marge de crédit;
  • Ensuite, accumuler de l’épargne dans son CELI en vue de faire un versement initial de 20 % sur une maison en empruntant aussi dans son REER dans le cadre du Régime d’accès à la propriété (RAP);
  • Une fois les droits de cotisation au CELI pleinement utilisés, commencer à cotiser à son REER afin de rattraper le temps perdu en matière d’épargne-retraite.

La situation de Jocelyne est corsée et, à court terme, chaque mois où ses revenus seront de 3000 $ ou moins, elle s’enfoncera un peu plus. Afin d’éviter l’augmentation de sa dette de carte de crédit, elle devrait essayer de réduire ses dépenses et de tenir compte de ses revenus actuels. Pour y arriver, elle pourrait se trouver un colocataire. Ainsi, elle survivrait mieux à ses difficultés financières et pourrait commencer plus rapidement à économiser en vue du versement initial sur sa maison. Sa seule autre source de revenus semble être son REER, sauf que les retraits entraînent bien sûr des conséquences fiscales.

Dans quatre mois, lorsque ses revenus augmenteront, elle aura plus de 2100 $ en revenu excédentaire. Elle devrait d’abord rembourser ses dettes le plus rapidement possible, en commençant par la dette de carte de crédit, dont le taux est élevé. Même la marge de crédit lui coûte environ 6 % par année et un investissement ne pourrait lui garantir l’équivalent en revenus.

Pour atteindre son objectif d’accès à la propriété, elle peut travailler avec un conseiller en services financiers, qui l’aidera à analyser ses flux de trésorerie pour les cinq prochaines années. En se basant sur ses dépenses et son revenu projetés, elle aura une meilleure idée de sa capacité à acheter une maison. Une fois qu’elle aura remboursé sa carte de crédit et sa marge de crédit, elle pourra recommencer à épargner dans son CELI. Elle pourra également utiliser 25 000 $ de son REER pour son versement initial dans le cadre du RAP.

Jocelyne devrait accumuler un versement initial de 20 % afin d’éviter les frais supplémentaires d’un prêt hypothécaire garanti. Si elle n’y arrive pas d’elle-même, elle pourrait demander l’aide de membres de sa famille – par exemple ses parents ou ses frères et soeurs – pour voir s’ils peuvent lui faire un prêt à court terme pour l’aider à atteindre son objectif de 20 %. Une fois la propriété achetée, sa priorité devrait être de rembourser sa famille.

Si elle veut acheter un condo d’une valeur de 280 000 $, qu’elle retire 25 000 $ de son REER dans le cadre du RAP, et qu’elle ne peut obtenir d’aide de sa famille, elle devra avoir 31 000 $ dans son CELI pour pouvoir faire l’achat. Justement, il s’agit du total des droits de cotisation au CELI dont elle disposera à partir de janvier 2014.

Lorsqu’elle aura repris les rênes de sa vie financière, Jocelyne pourra se concentrer sur son épargne-retraite, mais elle devra mettre les bouchées doubles pour rattraper le temps perdu.


Les personnes et situations décrites dans cette étude de cas sont fictives et toute ressemblance à une personne vivante ou décédée est une simple coïncidence. Cette étude de cas n’a pas pour but d’offrir des conseils juridiques, comptables, fiscaux ou de planification financière. Les clients devraient consulter leur propre conseiller en ce qui concerne leurs circonstances particulières. L’opinion du conseiller ne reflète pas nécessairement l’opinion de Banque Manuvie..