Investissement responsable : le Québec à la croisée des chemins

Par La rédaction | 6 novembre 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Le récent colloque québécois de l’investissement socialement responsable (ISR) qui s’est tenu à Montréal a constitué un « réel momentum », affirme Jean-Philippe Renaut, directeur général d’Æquo.

Selon le patron de la firme montréalaise de services d’engagement actionnarial, par ailleurs coresponsable du colloque, la principale nouveauté de l’événement résidait avant tout dans le nombre élevé d’inscriptions, soit 400 personnes francophones, majoritairement québécoises et issues du monde de la finance.

Le colloque est désormais une référence au Québec « pour lancer annonces, initiatives et appels à la collaboration visant à mieux considérer les grands enjeux de la société dans les décisions de placement des grands investisseurs », estime-t-il, rappelant que ces derniers pèsent aujourd’hui quelque 457 milliards de dollars, soit la moitié de l’épargne de la province.

APPELS À LA COLLABORATION

« Encourager les comportements à long terme chez les investisseurs est certainement au cœur de l’investissement responsable », souligne Jean-Philippe Renaut, puisque « les entreprises qui alignent leurs pratiques aux principes de bonne gouvernance, du développement durable et du respect des droits humains génèrent de meilleurs rendements à long terme ».

Les principaux « appels à la collaboration » que lance le directeur général d’Æquo à la lumière des interventions effectuées dans le cadre du colloque sont les suivants :

  • Y affecter des moyens humains et financiers suffisants. Si ces sujets sont importants, il faut les étudier, leur allouer des budgets, embaucher des spécialistes et comparer les approches.
  • Affecter des ressources pertinentes à l’ISR. Tous les comités de retraites et les comités d’investissements des fondations et des fonds de retraite devraient avoir un spécialiste des enjeux environnementaux, sociaux, et des thèmes de gouvernance des entreprises (critères ESG) assis à la table.
  • Réviser les définitions dépassées du devoir fiduciaire. Il faut cesser de justifier l’immobilisme en se disant coincé par la nécessité de courir après les rendements.
  • Collaborer doit devenir une mission prioritaire. Autrement dit, la compétition à tout va ne devrait plus être de mise quand il s’agit d’aborder l’impact environnemental et social des placements.

2018 SERA UNE ANNÉE CHARNIÈRE

Enfin, Jean-Philippe Renaut juge que 2018 sera « une année charnière ». En effet, insiste-t-il, « il y a une urgence et une opportunité à ne pas manquer l’an prochain, lorsque le Canada deviendra l’hôte du G7, dans un monde en grand besoin de renouveau de leadership ».

Parmi les grands défis qui se posent aux investisseurs figure celui de l’amélioration de l’impact des entreprises dans lesquelles ils sont déjà présents via leur engagement actionnarial. Et en particulier la question de savoir « comment contrecarrer l’effet pervers des courts horizons de placements des investisseurs tout en y intégrant des enjeux multigénérationnels ».

S’il n’apporte pas de réponse, le dirigeant d’Æquo relève qu’en 2016, la durée moyenne de détention d’un titre dans un portefeuille était de sept mois. Dans ces conditions, conclut-il, « pas facile de se soucier réellement des abus de droits humains chez les sous-traitants, de la place des femmes sur le conseil d’administration ou de la solidité du modèle d’affaire dans un monde en voie de décarbonisation ».

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