Jim Flaherty lance deux messages

26 septembre 2007 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Au cours d’une allocution prononcée lundi à Montréal, Jim Flaherty, le ministre canadien des Finances, a annoncé qu’il va de l’avant avec la création d’un comité d’experts qui doit lui recommander la façon de faire progresser le dossier de la réglementation des valeurs mobilières au pays. Et au cours d’un point de presse qui a suivi son discours, il a invité les Bourses de Toronto et de Montréal à fusionner leurs activités.

M. Flaherty s’adressait aux participants de la Conférence canadienne annuelle des dérivés organisée par la Bourse de Montréal.

Il a réitéré sa position relative à l’encadrement secteur des valeurs mobilières au pays. « Il faut un organisme unique de réglementation du commerce des valeurs mobilières en remplacement du système actuel. Cela stimulera les investissements et les emplois tout en protégeant les investisseurs », a-t-il dit.

Pour mettre en place cette agence nationale, le ministre donne le feu vert à mise sur pied d’un comité d’experts qui lui fera des recommandation sur la meilleure façon de procéder. Il nommera les membres de ce comité d’ici peu. Il a assuré que l’organisme unique de réglementation ne serait pas une instance « fédérale », ni un organisme centré sur l’Ontario. Ce ne sera pas non plus une agence de réglementation réservée à la grande entreprise.

À ses yeux, une commission unique des valeurs mobilières améliorerait la réputation du Canada aux yeux des marchés mondiaux. Elle donnerait lieu à plus d’investissements étrangers, « en permettant au Canada de parler d’une même voix au lieu de 13, tout en protégeant et en faisant la promotion des intérêts des participants canadiens au marché, à l’étranger », a indiqué le ministre.

En ce qui concerne la fusion des deux grandes Bourses canadiennes, M. Flaherty a invité les deux entreprises à reprendre les discussions. Il a souligné que le regroupement des activités boursières se ferait dans les meilleurs intérêts du pays et qu’il était disposé à encourager les deux parties durant les négociations.

Luc Bertrand, le pdg de la Bourse de Montréal, a dit qu’il avait approché la Bourse de Toronto il y a environ un an afin de discuter d’une éventuelle fusion, mais qu’on lui a signifié un fin de non-recevoir.

En entrevue au Globe and Mail, Luc Bertrand a indiqué qu’une fusion profiterait aux clients des deux parquets tout en créant une entité forte qui remplacerait avantageusement deux entreprises qui s’affaiblissent en se livrant concurrence.

Cependant, la fusion des deux institutions entraîne des complications d’ordre financier, car les investisseurs évaluent les deux institutions de manière différente. De plus, des considérations politiques viennent brouiller les cartes. En effet, une éventuelle fusion des deux Bourses devra recevoir l’autorisation des organismes réglementaires du Québec et de l’Ontario. Or, Québec a toujours défendu farouchement la présence de la Bourse de Montréal sur son territoire et s’enorgueillit de son succès. Il est loin d’être acquis que le gouvernement du Québec laissera la Bourse de Montréal passer dans le giron de la Bourse de Toronto sans bouger. Qui plus est, si un ministre fédéral intervient dans le dossier, les réactions politiques au Québec pourraient être vives.

Luc Bertrand n’a pas précisé pourquoi la Bourse de Toronto avait rejeté son offre. Selon le Globe and Mail, la Bourse de Toronto croit pouvoir développer elle-même son marché des dérivés et chiper de la clientèle à sa concurrente montréalaise. Ce faisant, elle diminuerait la valeur de la Bourse de Montréal, rendant la fusion inintéressante.

Pour l’heure, les deux parquets poursuivent leurs activités en parallèle, sans lutte ouverte, en vertu d’une entente de non-concurrence qui viendra à échéance en 2009.