La CSF, ce « girls club »

Par Hélène Roulot-Ganzmann | 15 Décembre 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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La direction de la Chambre de sécurité financière (CSF) est entièrement féminine.

Huit femmes sur huit. Ne cherchez pas les hommes, il n’y en a pas. Marie Elaine Farley en tête, ce sont donc huit femmes qui dirigent les équipes de la CSF. Soixante-dix employés en tout, dont là encore une majorité de femmes, à savoir cinquante-quatre.

« Ça s’est fait comme ça, explique Me Farley. À la Chambre, on recrute au mérite et il semble que les meilleures candidatures soient venues de femmes. La direction est entièrement féminine depuis mon arrivée en 2015. Les trois quarts étaient d’ailleurs déjà en poste, mais lorsque j’ai refait la structure de management, il s’est avéré que celles qui s’étaient le mieux illustrées étaient des femmes. »

Surprenant puisque l’industrie paraît être a contrario un grand « boys club ». Avec une majorité d’hommes dans les équipes de haute direction et les CA des principales entreprises du secteur financier.

« Nous ne sommes en revanche pas une exception si on regarde du côté des organismes de réglementation, souligne la présidente et cheffe de la direction de la CSF. Il y a aussi beaucoup de femmes au sein des équipes de direction de la Chambre de l’assurance de dommages, l’OACIQ ou encore de l’OCRCVM. »

TROP PEU DE FEMMES AUX CA

Marie Elaine Farley y voit sans doute une attirance, de la part de la gent féminine, pour la protection du public. Elle cite notamment les résultats d’un sondage publié par la CIBC en mars dernier qui démontrent que les femmes sont plus prudentes que les hommes en matière d’investissement.

Elle estime également que le fait que tant de femmes prennent leur place dans l’industrie est une bonne nouvelle, faisant valoir que la moitié des représentants inscrits à la Chambre sont des femmes. Mais elle regrette qu’elles soient encore si peu nombreuses aux conseils d’administration des sociétés inscrites en Bourse.

« Il y a des efforts à faire à ce niveau-là, le marché s’en porterait mieux, souligne-t-elle. On sait aujourd’hui que les entreprises qui avaient des hautes directions diversifiées ont mieux résisté à la crise de 2008. Elles ont une meilleure capacité à réagir aux turbulences du marché. »

Parce que cette diversité vient avec une diversité de points de vue, de manières de faire, de solutions, etc.

GESTION PARTICIPATIVE

Me Farley estime par ailleurs que la manière dont évoluent nos sociétés va faire en sorte qu’on retrouvera de plus en plus de femmes tout en haut de la hiérarchie des entreprises. La crise a fait en sorte que la performance ne peut plus aujourd’hui être le seul objectif d’une entreprise. Celle-ci doit vivre avec des objectifs de responsabilité sociale. Elle doit également tenir compte de l’arrivée en masse dans ses rangs d’une nouvelle génération, elle-même moins axée sur le tout à la performance et désireuse de trouver un bon équilibre au travail.

Autant d’évolutions qui vont faire en sorte que les femmes finiront par prendre vraiment leur place, même dans le secteur encore très masculin de la finance.

« En règle générale, les femmes ont une manière d’administrer plus participative, croit la présidente de la CSF. Elles ont la capacité de mener des troupes sans égards aux titres. Elles sont fortes et humbles à la fois. Elles savent recevoir la critique sans se braquer. Cela contribue au bien-être collectif. J’ai le sentiment que les entreprises vont de plus en plus avoir besoin de ce type de gestion. »

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Hélène Roulot-Ganzmann