La Fed relève son taux directeur pour la première fois depuis 2006

Par La rédaction | 17 Décembre 2015 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Confiante dans l’économie américaine, la Réserve fédérale a relevé hier son taux d’intérêt directeur d’un quart de point pour le porter à 0,25 %, indique La Presse canadienne.

Annoncée à l’issue d’une réunion de deux jours de son Comité de politique monétaire (FOMC), cette hausse votée à l’unanimité est la première depuis presque une décennie, la dernière remontant à juin 2006, avant l’éclatement de la crise financière.

La banque centrale américaine a rompu avec le statu quo dans un mouvement qui était à la fois prévu et très attendu par les marchés et les analystes, comme en témoigne la réaction positive enregistrée par la Bourse de New York dès l’annonce faite.

RESSERREMENT SYMBOLIQUE DU CRÉDIT

« Il est important de ne pas exagérer la signification de cette hausse; c’est seulement 0,25 % », a néanmoins relativisé la présidente de la Fed, Janet Yellen, lors d’une conférence de presse.

À la suite de ce léger resserrement du crédit, le taux interbancaire au jour le jour, qui évoluait depuis la fin de 2008 entre 0 % et 0,25 %, devrait passer à une fourchette de 0,25 % à 0,50 %.

La Réserve fédérale a profité de la journée d’hier pour divulguer ses nouvelles prévisions économiques sur la croissance, l’inflation et le taux de chômage aux États-Unis pour les prochaines années.

Ce dernier est bas depuis sept ans, à environ 5 %, mais ce chiffre masque une réalité moins positive. En effet, de nombreux Américains n’occupent pour l’instant qu’un travail à temps partiel, explique l’Agence France-Presse.

VERS UNE INFLATION À 2 %

Quant à l’inflation, que la Fed aimerait voir rejoindre le niveau de 2 %, elle demeure très faible et marquée par les bas prix du pétrole. Sur un an, elle se situe à 0,2 % pour l’indice PCE, le baromètre préféré de l’institution fédérale.

« Le comité juge qu’il y a eu cette année une amélioration considérable des conditions du marché du travail et il est raisonnablement confiant dans le fait que l’inflation progressera à moyen terme vers son objectif de 2 % », déclare le FOMC.

En conséquence, cette hausse de taux n’est qu’une première étape d’un resserrement « progressif » de sa politique monétaire, même si tout nouveau relèvement dépendra avant tout des progrès qui seront réalisés quant à l’atteinte de la cible d’inflation, poursuit-il.

VOIX DISCORDANTES

Au sein du comité, au moins trois membres avaient récemment exprimé des doutes sur la date du relèvement des taux, préférant que la Réserve fédérale attende que l’inflation donne des signes plus fermes de remontée et que les inquiétudes sur le ralentissement économique à l’étranger se dissipent, souligne l’AFP.

« Je ne vois pas de bonne raison pour relever les taux […], avançait lui aussi Mark Weisbrot, porte-parole du Center for Economic and Policy Research. Le marché de l’emploi est encore faible, les hausses de salaire aussi. Relever les taux va ralentir l’économie. »

Un point de vue également partagé par Lawrence Summers, ancien secrétaire au Trésor de Barack Obama.

« Le timing est impeccable », estimait en revanche Harm Bandholz, économiste pour UniCredit.

« Ce sera très progressif. Peut-être trois autres hausses au maximum l’année prochaine afin de se retrouver dans les environs de 1 % à la fin de 2016, peut-être même moins », expliquait pour sa part Stephen Oliner, économiste à l’American Enterprise Institute, un groupe de réflexion proche du patronat américain.

DES TAUX DE 3 % DANS DEUX ANS?

Les décideurs de la banque centrale américaine « ont clairement prôné leur souhait de revenir à des taux d’intérêt “ normaux ” » et « visent des taux directeurs de l’ordre de 1,5 % à la fin de 2016 et de presque 3 % d’ici deux ans, une hausse qui dépendra toutefois du niveau de l’emploi et de l’inflation aux États-Unis », peut-on lire dans Le Figaro.

« Toute la question est de savoir à combien de hausses successives procédera la Fed pour arriver à un tel niveau, et donc quel sera l’ampleur de chaque augmentation des taux », conclut un économiste interrogé par le quotidien français.

Une décision « attendue depuis longtemps », selon Desjardins

La décision de la Fed « marque la fin d’une époque », estime Francis Généreux, économiste principal chez Desjardins.

Toutefois, « le mouvement demeure modeste » et les taux « extrêmement bas », ce qui fait que l’économie américaine « devrait facilement supporter ce début de resserrement monétaire », souligne-t-il.

Par ailleurs, la banque centrale américaine a bien spécifié que le relèvement sera très graduel, tout en rappelant que les prochains mouvements dépendront des perspectives économiques dans le pays, insiste l’économiste.

« UN SYMBOLE »

La hausse décrétée hier représente « un symbole » et constitue « un premier pas vers une normalisation de la politique monétaire, qui s’avérera très lente », analyse Francis Généreux.

« Au cours des prochaines années, la Fed semble envisager des augmentations de 25 points par trimestre, mais il est cependant probable que des dégradations temporaires de la conjoncture l’amènent à prendre quelques pauses supplémentaires », conclut-il.

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