La France inaugure le premier « compte sans banque »

Par Rémi Maillard | 14 février 2014 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Depuis le 11 février, en France et dans les Antilles françaises, il est possible d’ouvrir un compte bancaire dans un bureau de tabac.

Baptisé Compte-Nickel, ce « compte sans banque » bon marché (moins de 50 euros de frais par an) se veut accessible à tous, sans condition de revenus, de dépôts ou de patrimoine. Seule obligation : avoir plus de 18 ans, présenter un document d’identité valide et posséder un numéro de téléphone mobile.

Il est ouvert à toutes les populations sans discrimination, « riches ou pauvres, jeunes ou vieux », « ceux qui ne veulent plus des banques ou dont les banques ne veulent plus », vante la publicité. Y compris les personnes frappées d’interdiction bancaire.

Ce nouveau produit a été inventé par Hugues Le Bret, ex-banquier à la Société générale, en collaboration avec l’ingénieur Ryad Boulanouar, qui a réalisé le pass Navigo, la carte qui permet de circuler dans le métro parisien.

Les concepteurs du Compte-Nickel espèrent séduire une clientèle diversifiée de consommateurs, qui « souhaitent payer le moins cher possible pour les services bancaires, comme ils le font pour d’autres services ». « Nos clients, ce seront ceux qui roulent en [Renault] Logan, volent avec easyJet et téléphonent avec Free », explique Hughes Le Bret dans le quotidien français Le Monde.

Autrement dit, des clients qui ne veulent de la banque que l’essentiel, du « 100 % utile, 0 % toxique », comme l’annonce le slogan publicitaire.

Selon Jocelyne Ozdoba, co-auteure d’une récente étude intitulée Clientèles fragiles, quelles réponses commerciales et responsables ?, il s’agit d’« une innovation particulièrement intéressante, qui se positionne d’une manière très différente des banques et se donne un objectif d’intégration des clients fragiles ».

Lors de sa phase test, le Compte-Nickel a séduit une clientèle diversifiée : 35 % d’employés, 16 % de demandeurs d’emplois, mais aussi des cadres, des entrepreneurs et des commerçants. Un quart étaient des femmes et la moyenne d’âge des utilisateurs était de 41 ans.

Un fonctionnement très simple

Le Compte Nickel fonctionne comme un compte en banque ordinaire, sans chèque mais avec virements et carte bancaire associée (MasterCard). Toutefois, les découverts sont interdits et s’il manque de l’argent avant la tombée d’un virement, le titulaire du compte est prévenu par texto. Aucun crédit n’est possible.

« Concrètement, l’ouverture du compte est censée ne pas durer plus de cinq minutes, le temps pour le buraliste de scanner la pièce d’identité sur sa “ borne Nickel ” afin de l’authentifier et de croiser avec les mêmes fichiers que ceux des banques (personnes sensibles, terroristes, etc.), enregistrer le numéro de téléphone portable du client, recueillir une signature électronique et, finalement, activer la MasterCard », rapporte Le Monde.

Le compte est immédiatement utilisable et, une fois créé, il peut être géré à distance, soit par téléphone mobile, par Internet ou par téléphone fixe.

Pour l’instant, le Compte-Nickel est offert seulement chez une soixantaine de buralistes répartis sur tout le territoire français. Cependant, ses promoteurs espèrent une montée en puissance rapide, avec une vingtaine de débits de tabac supplémentaires par mois. Objectif visé : 5 000 ouvertures de comptes par mois fin 2014.

Rémi Maillard

Journaliste multimédia. Santé, environnement, société, finances personnelles. Également intéressé par les affaires publiques, les relations internationales, la culture… Passionné de cyclisme.