La GRC et l’AMF font une descente chez Amaya

12 Décembre 2014 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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La Gendarmerie Royale du Canada et l’Autorité des marchés financiers ont effectué une visite-surprise dans les bureaux d’Amaya mercredi dernier, selon ce qui a été rapporté par le magazine Forbes. L’AMF a confirmé l’information jeudi en soirée.

Outre Amaya, un géant qui gère des sites de poker en ligne tels que PokerStars et Full Tilt Poker, deux autres entreprises ont reçu la visite des enquêteurs, soient la Financière Manuvie et Canaccord Capital.

Le caporal de la GRC François Gagnon a également confirmé la descente dans les bureaux d’Amaya, précisant que les agents fédéraux étaient sur place « pour une question de sécurité ».

Dans un communiqué émis jeudi soir, Amaya a indiqué que l’enquête était « en lien avec la sécurité des transactions financières entourant l’acquisition du groupe Oldford par Amaya en 2014. À [notre] connaissance, il n’y a aucune allégations de malversations par la corporation. […] L’enquête n’a eu aucuns impacts sur les activités d’Amaya, ni sur celles de ses employés ou de ses compagnies ».

Un porte-parole de Canaccord Capital a indiqué à la Presse Canadienne que « l’entreprise coopérait pleinement avec les demandes d’informations soumises ». La directrice des relations médias de la Financière Manuvie, Rebecca Freiburger, a quant à elle affirmé à advisor.ca qu’ils étaient « bien au courant des démarches entreprises par l’AMF et la GRC ». « Nous allons coopérer pleinement, a-t-elle ajouté, mais toutes les questions doivent être adressées à l’AMF. »

Une grosse année pour Amaya

L’action d’Amaya a gagné 341 % de sa valeur depuis l’année dernière. À la fermeture des marchés jeudi, l’action en hausse de 0,22 $, finissait la journée à 35,06 $. Vendredi matin, elle était en baisse de 4,13 $ ou 11,8 %.

Rappelons qu’en juin dernier, Amaya a conclu la plus grosse transaction de l’année au Québec en faisant l’acquisition du groupe Oldford ltd, soit la plus importante compagnie de jeux en ligne au monde. Le montant de l’achat a atteint les 4,9 milliards de dollars américains. La transaction a été approuvée le 1er août. Canaccord Capital et deux autres institutions étaient les courtiers souscripteurs. Canaccord était également l’un des deux conseillers principaux lors de la transaction et dirigeait le syndicat de financiers souscripteurs.

Pendant le processus d’acquisition, Canaccord Capital a accepté d’acheter pour 130 M $US d’actions privilégiées convertibles des mains d’Amaya. Onze jours plus tard, ils ont bonifié l’offre d’achat à 180 M $US invoquant une demande accrue pour le titre, de telle sorte que le produit total brut de l’émission de titres a atteint 1,05 G $US

En novembre, Amaya a surpassé les attentes tandis que ses résultats au troisième trimestre ont été multipliés par dix, à près de 70 M$, ou 0,43 $ l’action pour la période se terminant en septembre. En comparaison, la hausse de l’action l’année précédente s’élevait à 0,07 $, ou 6,8 M$. Les revenus déclarés cette année atteignent d’ailleurs 239 M$, en hausse de 38,6 M$ en comparaison avec l’année fiscale 2013.

Mercredi, Canaccord Capital a payé un dividende trimestriel total de 0,10 $ à ses actionnaires. Lors du dévoilement de ses résultats trimestriels à la fin septembre, l’entreprise a déclaré des revenus de 236 M$, en hausse de 29 % par rapport à l’année précédente. En novembre, les revenus net de la Financière Manuvie s’élevaient à 1,1 milliard de dollars, en hausse de 0,03 $ l’action depuis un an.

Pas de raisons de paniquer

Selon le gestionnaire de portefeuille d’Agilith Capital Inc, Patrick Horan, les clients de la Financière Manuvie et de Canaccord Capital – qui font partie de son portefeuille, contrairement à Amaya – ne doivent pas s’inquiéter outre mesure malgré l’enquête en cours.

« Je peux comprendre pourquoi les actions sont à la baisse, vu la paranoïa qu’on observe chez les investisseurs », a-t-il indiqué, ajoutant au passage que le marché canadien, normalement favorable aux investisseurs, avait connu des moments difficiles en novembre et que plusieurs d’entre eux avaient subi des pertes.

« Par contre, je dirais qu’il ne faut pas s’en faire avec cela. Je ne crois pas qu’il y ait de grands risques pour l’une ou l’autre de ces deux compagnies », a-t-il ajouté.

Pourquoi? Parce qu’il croit que l’enquête ne concerne que quelques individus, et non pas les entreprises en tant que telles.