Le bitcoin fait une entrée remarquée en Bourse

Par La rédaction | 11 Décembre 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Le bitcoin a fait une entrée remarquée dimanche à la Bourse de Chicago en s’échangeant à 15 000 $ US l’unité, rapporte l’Agence France-Presse.

Un peu après 23 h (GMT), le cours de la cryptomonnaie a même atteint 15 940 dollars pour le contrat à terme dont le règlement est prévu le 17 janvier prochain, selon les données de l’opérateur boursier Chicago Board Options Exchange (CBOE), qui est l’une des deux plateformes boursières américaines de contrats à terme.

« Cet instrument financier permet de parier sur l’évolution et l’avenir de la monnaie virtuelle et c’est la première occasion officielle pour les investisseurs professionnels d’investir dans le bitcoin, dont ils se méfient à cause de son absence de régulation et de son manque de transparence », note l’AFP. Celle-ci précise que « la volatilité a été présente dans les 20 premières minutes des échanges ».

« UNE FORME DE LÉGITIMITÉ »

Avec cette apparition sur les marchés officiels, il s’agit d’une nouvelle étape vers une reconnaissance populaire pour la « mère des monnaies virtuelles », estime Radio-Canada. Interrogé par l’AFP, Nick Colas, analyste à Data Trek Research, croit en effet que le CBOE lui offre « de la légitimité », puisqu’il reconnaît désormais qu’il s’agit d’un actif comme un autre, par exemple le dollar, l’euro ou une marchandise quelconque, qu’on peut échanger.

La reconnaissance par les marchés boursiers constitue une première étape « dans l’ambition affichée du bitcoin de devenir un actif aussi populaire que l’or auprès du grand public », souligne également l’agence de presse. Celle-ci ajoute que ses partisans envisagent maintenant de demander à la Securities and Exchange Commission qu’elle autorise la création d’un fonds négocié en Bourse en bitcoin « dans lequel Madame et Monsieur Tout-le-Monde pourront placer leurs économies ».

L’AFP rappelle toutefois que, jusqu’à présent, le gendarme de la Bourse américain s’est refusé à accéder à ce genre de demande, notamment en raison du manque de transparence dans la fixation du prix de la monnaie virtuelle et parce que son cours peut être facilement manipulé.

PLUSIEURS BANQUES PRÉFÈRENT S’ABSTENIR

Pour limiter les risques, et en particulier prémunir les investisseurs contre les fluctuations extrêmes de la cryptomonnaie, le CBOE indique avoir mis en place certains garde-fous. Ainsi, la plateforme a prévu de suspendre les échanges pendant deux minutes si les prix des produits augmentent ou chutent soudain de 10 %, tandis que l’arrêt durera cinq minutes si les mouvements à la hausse ou à la baisse atteignent 20 %, détaille l’AFP.

Malgré ces assurances, l’agence relève que plusieurs experts continuent de mettre en garde le grand public contre une possible manipulation des échanges. « Nous demeurons inquiets sur l’absence de transparence et de régulation [du bitcoin] et nous demandons si les échanges seront contrôlés de façon appropriée afin de s’assurer qu’il n’est pas objet de manipulation et de fraude », écrit par exemple la FIA, une association qui regroupe les grandes institutions financières servant d’interface entre les investisseurs sur le marché des contrats à terme.

En conséquence, JPMorgan, Bank of America Merrill Lynch, Citigroup et Barclays n’ont pas joué les intermédiaires dimanche pour leurs clients désireux d’investir dans les produits en bitcoin. Seules Goldman Sachs et ABN Amro ont accepté de le faire, mais seulement pour un petit nombre de clients afin de minimiser les risques dus à sa volatilité, précise l’AFP.

Les ICO, face sombre des monnaies virtuelles

Le succès grandissant des initial coin offerings (ICO), ces collectes de fonds en monnaies virtuelles, inquiète les États de la planète, rapporte l’AFP. Échappant à toute régulation, elles concurrencent en effet désormais les moyens de financement traditionnels des start-up, précise l’agence de presse, qui rappelle qu’avant leur essor en 2016, ces opérations ne représentaient que 96 millions de dollars. Or, depuis l’été dernier, elles dépassent même en montant le volume mondial de capital-risque.

Leur mode de fonctionnement est simple, explique l’AFP : « Dans ce Far West du financement, pas besoin d’épais formulaire, de banque-conseil ou de feu vert des autorités : il suffit de présenter son projet sur son site Internet, en précisant le prix du  »jeton » que l’on s’apprête à émettre et les droits qu’il ouvre. Cet actif numérique s’acquiert et s’échange contre des cryptomonnaies, généralement les plus connues comme l’éther ou le bitcoin. Elles-mêmes sont disponibles sur des plateformes spécialisées, en contrepartie de sommes bien réelles. »

« C’EST COMME LE CASINO »

Le problème, souligne l’agence, c’est que dans la vraie vie, la valeur des « jetons » émis est « encore plus instable que lors d’une entrée en Bourse classique ». « C’est comme le casino, […] le cours d’un jeton peut s’effondrer dans la journée, il faut être extrêmement réactif et pouvoir s’en occuper dans l’heure », explique un spécialiste.

Autre problème : les fausses ICO se multiplient sur le Net, ce qui a incité les principaux régulateurs financiers européens à multiplier les mises en garde. Le Royaume-Uni a ainsi dénoncé des « investissements extrêmement spéculatifs et risqués », tandis que la France a lancé un projet de livre blanc sur les ICO et que l’Allemagne alerte sur « ce grand intérêt du public qui attire des escrocs ». Au pays, les Autorités canadiennes en valeurs mobilières ont récemment publié un avis à valeur d’avertissement pour les fintech qui seraient tentées de se lancer dans l’aventure sans respecter les règles.

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