Le CELI : antidote financier

Par Michelle Munro | 28 juin 2011 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Michelle MunroRéduire les risques qui menacent le revenu de retraite avec un compte d’épargne libre d’impôt.

Dans les annonces publicitaires, la retraite est représentée comme un âge d’or de confort et de loisirs, où le stress et la nécessité de travailler sont remplacés par une vie d’enrichissement personnel étayée par la sécurité financière. Qui n’a vu ces photos de couples âgés radieux et en pleine forme, marchant sur une plage ou admirant un coucher de soleil? Je ne me perdrais pas en conjectures sur l’enrichissement personnel car cette notion varie d’une personne à l’autre, mais je sais avec certitude que la sécurité financière de la retraite ne saurait être tenue pour acquise.

Comme pour chacune des étapes de la vie, des risques financiers non négligeables menacent la retraite. Fidelity Investments Canada a récemment publié un rapport intitulé Après la crise – Revoir les cinq principaux risques de la planification de la retraite, qui met en lumière les risques dont tout investisseur doit être conscient : la longévité, l’inflation, la répartition de l’actif, le taux de retraits et les soins de santé. Quelle que soit sa situation, quiconque approche de la retraite doit gérer ces risques. Depuis la crise financière et la récession de 2008-2009, les investisseurs sont rongés par l’incertitude quant à l’avenir, et le surplace de la reprise économique depuis lors continue à miner leur confiance.

L’apport d’un conseiller est précieux pour contribuer à rétablir cette confiance, ne serait-ce qu’en aidant les clients à dresser un plan de retraite écrit. Dans cet article, je désire discuter d’un outil en particulier, le compte d’épargne libre d’impôt (CELI), grâce auquel il est possible de réduire les cinq principaux risques susceptibles d’affecter la retraite. Malgré le plafond annuel de cotisation de 5000 $ (5500 $ dès le 1er janvier 2013), le CELI comporte des avantages certains en matière de sécurité du revenu à long terme.

Longue vie et prospérité… La tendance est indéniable : les gens quittent la vie active plus tôt et vivent une retraite pIus longue. Actuellement, l’âge moyen de la retraite au Canada est de 62 ans; compte tenu de l’espérance de vie, la période de retraite pourrait bien égaler celle de vie active pour de nombreux Canadiens. Cependant, le potentiel de vivre encore une trentaine d’années après la retraite augmente le risque qu’une personne épuise ses économies de son vivant; il est donc impératif que la planification de retraite tienne compte de la longévité.

À cet égard, l’utilité des CELI est évidente en comparaison aux autres produits d’épargne courants, notamment les comptes d’épargne non enregistrés et les régimes enregistrés d’épargne-retraite (REER).

Tout d’abord, comparons le CELI et le compte d’épargne non enregistré. Dans les deux cas, les cotisations sont effectuées après impôt et la diversité des placements admissibles est similaire. Toutefois, les gains réalisés sont exonérés d’impôt dans le cadre d’un CELI, mais imposables s’il s’agit d’un compte d’épargne non enregistré. Les gains réinvestis sont donc supérieurs dans le cas d’un CELI puisque ceux d’un compte non enregistré seront grugés par l’impôt. Qui plus est, l’impact de la composition fera en sorte que le solde d’un CELI fructifiera davantage à long terme.

Le CELI offre également un avantage en cas de gain en capital. La vente de placements d’un compte non enregistré peut facilement entraîner une plus-value. Quel que soit le bien vendu, la moitié de ce gain fait partie du revenu imposable du contribuable. Les gains en capital réalisés dans le cadre d’un CELI ne font pas partie du revenu imposable et les retraits d’un CELI sont exonérés d’impôt. Sur le plan de l’avantage fiscal et de la valeur à long terme, le CELI est clairement plus profitable que le compte non enregistré.

Par rapport au REER, le CELI présente également un atout. Si les cotisations du CELI sont nettes d’impôt, celles à un REER sont en dollars avant impôt, car elles sont destinées à diminuer le revenu imposable. Le produit des placements d’un CELI est exonéré d’impôt. En revanche, bien que les gains d’un REER fructifient à l’abri de l’impôt, ils seront ultérieurement assimilés à un revenu et imposés lors du retrait du régime.

En règle générale, le CELI est préférable si le taux d’imposition courant du client est inférieur à celui qu’il prévoit avoir à la retraite. Parallèlement, le REER est plus approprié si le taux d’imposition actuel du client est supérieur à celui qu’il prévoit avoir à la retraite.

Réduire l’érosion de l’inflation Selon l’Enquête 2010 de Fidelity sur la retraite, l’inflation – c’est-à-dire la hausse soutenue de l’ensemble des prix des biens et des services – ressort comme la préoccupation première des Canadiens, retraités ou non, concernant la retraite. Cette inquiétude est tout à fait fondée. Bien que l’inflation soit relativement modeste depuis une vingtaine d’années, avec un taux annuel inférieur à 2 %, une hausse des prix de cet ordre pendant 25 ans aurait comme impact d’engloutir quelque 40 % du pouvoir d’achat d’un retraité. Un taux d’inflation plus élevé serait encore plus dévastateur.

Logiquement, vos clients devraient s’assurer de choisir les placements les plus rémunérateurs et fiscalement avantageux. Les CELI offrent un avantage fiscal puisque les gains et les retraits sont exonérés d’impôt et limitent par conséquent le risque d’inflation.

Une diversification à l’abri de l’impôt Il va sans dire que vos clients doivent veiller à une répartition judicieuse de l’actif et garder un équilibre entre un certain risque et leurs objectifs de revenu à long terme. Quelle que soit la pondération qu’il accorde aux actions, aux obligations et aux placements à court terme (liquidités), tout portefeuille doit produire des gains et être viable à long terme. Par ailleurs, les investisseurs doivent tenir compte du rendement après impôt car, en définitive, c’est précisément cette somme qu’ils empocheront.

Il faut également prendre en considération le taux d’imposition des diverses catégories de placement. Un placement qui procure un faible rendement peut se révéler plus intéressant qu’un véhicule à rendement supérieur si ce dernier est visé par un taux d’imposition plus élevé. Au Canada, le traitement fiscal le plus avantageux est généralement celui des gains en capital, suivis des dividendes admissibles puis des dividendes non admissibles. Les gains les moins intéressants à cet égard sont les revenus d’intérêt, car ils sont imposés au même titre qu’un revenu ordinaire.

C’est là que le CELI prend toute sa valeur car, du fait de son traitement fiscal, l’investisseur peut y détenir des placements fiscalement désavantagés et ainsi maximiser leur rendement après impôt. Le conseiller peut aider son client non seulement en examinant la répartition de son actif, mais aussi en l’invitant à tenir compte du rendement après impôt de ses placements et à recourir au CELI pour ceux dont le taux d’imposition est défavorable. Grâce à ce procédé, le client perd moins d’argent en impôt.

Limiter les dégâts des retraits Le pourcentage des retraits annuels est déterminant pour la longévité d’un portefeuille et toute variation, même minime, peut faire une grande différence. Nous avons fait l’exercice et pris pour modèle un portefeuille équilibré nord-américain; avec un taux de retrait de 4 %, le portefeuille durait 25 ans. À 5 %, cette durée chutait à 19 ans et à 8 %, le portefeuille avait fondu au bout de 11 ans, scénario catastrophique pour quelqu’un qui espère devenir centenaire! Pour un retraité, le défi est de déterminer (et de rectifier régulièrement) un taux retrait adéquat pour conserver un niveau de vie raisonnable sans épuiser trop rapidement toutes ses économies.

Le CELI permet de réduire autant que possible le taux de retrait tout en conservant un bon niveau de vie. Les retraités ne font pas exception et leurs revenus sont imposables, qu’il s’agisse des prestations gouvernementales, de leurs revenus de pension (y compris les retraits d’un FERR) et des revenus de placement. En payant moins d’impôt, ils seront peut-être en mesure de diminuer leur taux de retrait de leur portefeuille ou, s’ils conservent le même taux de retrait, d’avoir un meilleur niveau de vie.

Le CELI dessert cet objectif de deux manières. Premièrement, les placements effectués par l’intermédiaire d’un CELI fructifient à l’abri de l’impôt et les revenus qu’ils produisent ne sont pas imposables. Deuxièmement, les retraits d’un CELI sont exonérés d’impôt, contrairement aux retraits d’un FERR qui sont assimilés à un revenu imposable.

Protection contre les urgences médicales L’Enquête 2010 de Fidelity sur la retraite révèle que les dépenses de soins de santé sont une des principales préoccupations des retraités. La surcharge chronique du système médical public n’est pas pour apaiser leurs inquiétudes. Mais ces craintes tiennent en partie à une information inappropriée. Les gens ne savent pas exactement ce que les régimes gouvernementaux couvrent ou excluent. Par exemple, les régimes couvrent un vaste éventail de médicaments et de services hospitaliers, mais pas certains nouveaux médicaments, ni les services non standards ou les soins spécialisés comme la réadaptation, l’hébergement de luxe dans un foyer de soins infirmiers, ou encore certains instruments thérapeutiques.

Vos clients ne peuvent prévoir quels seront tous leurs besoins en soins de santé, mais ils ont intérêt à savoir comment mettre à profit le CELI dans ce but. En effet, les retraits y sont autorisés en tout temps, quel que soit leur objet, sans aucune imposition.

Outil financier polyvalent Les principaux risques qui menacent la retraite ne vont pas disparaître. Au contraire, ils s’intensifient alors que l’économie mondiale se débat pour surmonter la récession de 2008-2009. Plus que jamais, l’investisseur doit évaluer ses risques et définir par écrit son plan de retraite.

Sans être une panacée, le CELI est certainement un outil de choix. Ce type de compte existe depuis trois ans, ce qui représente un cumul de cotisations de 15 000 $. Si le plafond de cotisation annuel de 5000 $ pour tout Canadien âgé de 18 ans minimum n’a rien d’extraordinaire, son potentiel de croissance est considérable. Au fur et à mesure que leur solde fructifie, ces comptes occuperont une place notable dans l’arsenal de planification de retraite des investisseurs. De plus, Ils offrent un avantage fiscal incontournable pour palier à divers risques.

Michelle Munro est directrice, Planification fiscale, à Fidelity Investments Canada. Pour lire ses autres chroniques, cliquez ici.

Bien que les renseignements contenus dans cet article aient pour but de décrire différentes questions de planification fiscale, ils sont de nature générale. Ces renseignements ne doivent pas être interprétés ou considérés comme des conseils fiscaux. Les lecteurs devraient consulter leurs propres conseillers, avocats et fiscalistes avant de mettre en pratique une stratégie fiscale ou de placement.

Consultez notre dossier CELI.

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