Le cerveau, ennemi de votre réussite financière ?

12 octobre 2010 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Des recherches en neurosciences démontrent que le cerveau valorise instinctivement les gains à court terme, affirme TD Waterhouse. Cette réaction serait profondément ancrée dans notre subconscient. Elle remonterait à l’époque lointaine où nos ancêtres, voyant un tigre s’élancer vers eux, savaient d’instinct qu’ils devaient prendre leurs jambes à leur cou pour sauver leur vie.

L’ennui, c’est que ce réflexe de survie télescope les qualités requises pour réussir ses placements qui, eux, ne sont profitables que dans une optique à long terme.

Puisque différentes parties du cerveau sont responsables de différentes réactions, TD Waterhouse a consulté la docteur Alain Ptito, chercheur en neurosciences cognitives, afin de comprendre ce qui se passe pendant le processus de prise de décisions des investisseurs.

Selon ce spécialiste, quatre parties du cerveau influent sur les décisions de placement.

1. La bataille du cerveau : le cortex préfrontal Lorsqu’on doit prendre une décision risquée, les études en imagerie cérébrale montrent une lutte entre deux zones concurrentes : le cortex préfrontal médio-ventral, qui traite l’appât du gain, et le cortex préfrontal medio-dorsal, qui traite la peur du risque. Cette « bataille du cerveau » fait en sorte que les émotions peuvent facilement l’emporter sur la raison. Un bon moyen d’éviter ce genre de situation est de retenir les services d’un conseiller apporte de l’objectivité au processus de placement.

2. Vaincre la peur : le rôle de l’amygdale L’amygdale est une partie du cerveau qui agit sur la peur. C’est elle qui détermine si l’on affrontera un danger potentiel ou si l’on décidera de fuir. « Ce peut être une force irrésistible, qui s’est forgée sur plusieurs milliers d’années », explique le Dr Alain Ptito. C’est connu, la peur peut être un obstacle de taille dans le domaine des placements. Elle fait poser des gestes irrationnels que l’on peut regretter par la suite. Quand on réussit à maîtriser la peur, on respecte mieux sa tolérance au risque et on adopte plus facilement une vision à long terme. Les creux boursiers apparaissent alors moins dramatiques.

3. La sensation de bonheur : le noyau accumbens Le centre du système de récompense du cerveau se trouve juste derrière les yeux, dans le noyau accumbens. Cette zone, responsable du bonheur, fait autant de tort à certaines personnes qu’en fait la peur à d’autres personnes. « Si vous prenez des décisions de placement qui font augmenter la valeur de votre portefeuille, votre degré de bonheur augmentera sans doute aussi. Le noyau accumbens est une zone qui s’allume lorsque cela se produit. Le fait d’agir exclusivement sous son influence peut amener à commettre des erreurs », explique le spécialiste. « Le bonheur peut être dans la discipline, dans le fait de viser des objectifs à long terme rigoureux et d’éviter la tentation de déjouer le marché », ajoute TD Waterhouse.

4. La création des souvenirs : le rôle de l’hippocampe Même si beaucoup d’autres structures du cerveau engendrent les souvenirs et permettent de s’en rappeler, l’hippocampe est souvent perçu comme étant essentiel à la formation des souvenirs à long terme. Quand nous créons un nouveau souvenir à long terme, il passe plusieurs fois par l’hippocampe, jusqu’à sa formation complète. « Les investisseurs doivent s’assurer que les souvenirs potentiellement négatifs rattachés à une expérience comme la récession n’entraînent pas une paralysie face aux placements. Il est important d’être conscient de ce qui a fonctionné comme de ce qui n’a pas fonctionné, mais il faut aussi regarder devant soi, et non derrière, en comprenant bien que, même si on ne peut pas éviter les ralentissements économiques, on peut s’y préparer », indique TD Waterhouse.

Que peut-on conclure de cette analyse cérébro-financière ? Quatre choses :

  • Les décisions qui touchent les questions d’argent sont presque toujours chargées d’émotions.
  • Ces émotions étant difficilement à refouler, il faut apprendre à composer avec elles.
  • Pour y arriver, il faut adopter de bonnes habitudes et s’y tenir, s’assurer d’avoir un plan financier bien défini et trouver un conseiller de confiance.
  • Les études sur l’imagerie cérébrale montrent que le fait de recevoir des conseils avisés de sources fiables peut amener le cerveau à mettre de côté son parti pris émotif pour adopter une vision à plus long terme.