Le commerce extérieur ralentit la croissance économique du Canada, selon RBC;

14 janvier 2008 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Le Québec subira les contrecoups du secteur de la fabrication

Selon les prévisions publiées vendredi par RBC, l’économie du Canada, freinée par le commerce extérieur, devrait croître de 2,1 % en 2008, comparativement à 2,6 % en 2007. En contrepartie, même si la croissance économique du Québec devrait descendre un peu en dessous de 2 % en 2008, elle devrait croître légèrement plus vite que celle de l’Ontario.

Le tassement du commerce extérieur du Canada provient de la vigueur du huard et de la faible croissance prévue aux États-Unis, particulièrement lors de la première moitié de 2008. Le resserrement récent des conditions de crédit pèsera à court terme sur la croissance des deux pays, indique le rapport de RBC.

L’amélioration des termes de l’échange du Canada s’est avérée importante pour soutenir l’économie intérieure, explique Craig Wright, premier vice-président et économiste en chef de RBC. « En raison d’une meilleure tenue des prix à l’exportation qu’à l’importation, les Canadiens ont bénéficié d’un plus grand pouvoir d’achat, dit-il. Cependant, le volume des importations a augmenté plus vite que celui des exportations, si bien que, globalement, le secteur du commerce extérieur a pesé sur la croissance du PIB réel. »

RBC s’attend à ce que l’effet de ralentissement du commerce extérieur en 2008 soit partiellement contrebalancé par le renforcement des termes de l’échange, la vigueur du marché du travail, l’augmentation des salaires, la réduction d’un point de pourcentage de la TPS et le plus faible taux de chômage depuis près de 33 ans. Ces facteurs devraient aussi stimuler les dépenses de consommation en 2008.

Contrastant fortement avec le recul considérable du marché immobilier résidentiel américain, le secteur immobilier résidentiel et les prix des maisons au Canada continuent de grandir de façon soutenue. Cependant, la vigueur de ce marché au Canada commence à réduire l’accès à la propriété et contribuera à freiner les achats résidentiels.

La croissance de l’économie américaine devrait diminuer à 1,5 % au début de 2008 et rebondir au deuxième semestre à une moyenne annuelle de 2,5 % lorsque les conditions de crédit seront moins rigides. Malgré la correction du marché immobilier résidentiel aux États-Unis, les prix élevés de l’énergie et l’érosion récente de la valeur nette des particuliers due au marché boursier, les dépenses de consommation devraient rester positives. Même si le resserrement des conditions de crédit a freiné les dépenses des ménages et les investissements des entreprises, l’économie américaine a bénéficié de la forte dépréciation de sa monnaie et d’une forte demande mondiale.

Quant aux provinces, même si la croissance économique du Québec devrait décliner un peu en dessous de 2 % en 2008, elle devrait croître légèrement plus vite que celle de l’Ontario, les deux provinces étant influencées par le secteur de la fabrication.

Tout comme pour l’Ontario, l’économie du Québec ressentira les pressions du dollar canadien fort et du tassement du marché américain, mais dans une moindre mesure, étant donné la composition différente de son secteur de la fabrication, dont les principaux moteurs incluent l’aviation et la biotechnologie, affirme Craig Wright, premier vice-président et économiste en chef de RBC. « N’ayant pas d’usine de montage d’automobiles et étant moins directement exposée aux secteurs américains les plus en difficulté, l’économie du Québec pourrait connaître moins de risque de chute de sa croissance que celle de son voisin de l’ouest. »

Par ailleurs, le marché immobilier résidentiel du Québec pourrait maintenir des niveaux nettement plus élevés, puisque la demande accumulée a commencé à être comblée plus tard que dans d’autres régions du pays. Les nouvelles réductions d’impôt de 950 millions de dollars de cette année pourraient aussi contribuer à cette situation.

Dans l’ensemble du Canada, l’Alberta arrive en tête des provinces quant à sa croissance économique, suivie de la Saskatchewan et de la Nouvelle-Écosse. À l’opposé, Terre-Neuve-et-Labrador enregistrera le taux de croissance économique le plus lent de 0,5 %, suivi de l’Île-du-Prince-Édouard, du Québec et de l’Ontario que freinent les difficultés du secteur de la fabrication. Cependant, une perspective plus optimiste s’ouvrira d’ici la fin de la décennie pour Terre-Neuve-et-Labrador, le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse et surtout la Saskatchewan. Cette dernière pourrait profiter de l’extraction minière (diamants, gisements d’uranium), ainsi que de la découverte massive de pétrole dans le sud-est de la province.