Le pétrole coûtera autour de 140 $US la baril d’ici la fin de la décennie, croit la Scotia

23 mai 2008 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Autant s’y faire: le prix du baril de pétrole demeurera élévé pour le reste la décennie, disent les économistes de la Banque Scotia.

«À la suite d’une analyse détaillée de l’évolution de l’offre et de la demande mondiales, qui semble indiquer des approvisionnements hors OPEP extrêmement serrés, nous révisons à la hausse nos prévisions des prix [du pétrole brut], les situant en moyenne à 125 $US pour 2008, en supposant des prix de 140 $US au second semestre de l’année, et entre 135 $US et 140 $US pour 2009», a indiqué Patricia Mohr, vice-présidente des Études économiques Scotia et spécialiste du marché des produits de base à la Banque Scotia.

Des observateurs invoquent habituellement deux arguments pour expliquer la flambée des prix du pétrole:1.Les subventions gouvernementales accordées dans bon nombre des pays émergents d’Asie et du Moyen-Orient maintiennent les prix à la consommation de l’essence et du diesel en deçà des niveaux mondiaux. Cela a pour effet de stimuler la demande en carburant. 2. Pour se prémunir contre la faiblesse du dollar américain et les risques d’inflation, les investisseurs prennent des positions importantes dans le pétrole.

«Bien que ces facteurs soient importants, notre propre analyse indique que les difficultés liées à la mise en service de nouveaux champs pétroliers dans des régions hors OPEP sont responsables en majeure partie de la progression spectaculaire actuelle des prix du brut», a souligné Patricia Mohr.

Elle a ajouté que les risques géopolitiques liés à l’approvisionnement pèsent lourd dans un monde où l’industrie pétrolière tourne quasiment à plein régime. De plus, l’intérêt manifesté pour les fonds de couverture reflète essentiellement la perception de stocks très bas et d’une rareté de ressources et ne représente pas une simple bulle. «Il importe de mentionner que le dollar américain s’est en fait stabilisé depuis la fin mars et n’a eu qu’une faible incidence sur la progression des prix, qui sont passés de 100 $US à 133 $US», a-t-elle fait remarquer.

La hausse de la consommation de pétrole en Chine, dans d’autres pays d’Asie et au Moyen-Orient, d’un nombre estimatif de 950 000 barils par jour, sera la grande responsable de la croissance de la demande mondiale en 2008. En revanche, la consommation des pays du G7 reculera d’environ 420 000 barils par jour, surtout aux États-Unis, et la demande dans le reste du monde progressera de 480 000 barils par jour, pour une augmentation globale d’un million de barils par jour.

En Asie, les pressions à la hausse sur la demande risquent d’être encore plus importantes. Rien qu’en Chine, la consommation a augmenté de 11 % sur une base annualisée. On importe des quantités massives de diesel pour combler les besoins de l’industrie agricole et pour utiliser comme combustible d’appoint en cas de pannes de centrales électriques alimentées au charbon ou au gaz.

Les prix record du brut font naturellement grimper les prix de l’ensemble des ressources énergétiques. Les prix Nymex du gaz naturel se sont raffermis, passant d’un modeste 7,39 $US le mmbtu au 4e trimestre de 2007 à 11,64 $US, hausse bien accueillie par les entreprises de forage albertaines en difficulté.