Le Portefeuille Permanent, vous connaissez ?

29 juillet 2010 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Le journaliste Rob Carrick, du quotidien The Globe and Mail, présente une stratégie de placement qui a fait ses preuves depuis plusieurs décennies : le Portefeuille Permanent.

Conçu par le conseiller américain Harry Browne, décédé en 2006, le Portefeuille Permanent est censé être capable de traverser tous les cycles boursiers et économiques sans coup férir. D’une totale simplicité, il consiste à diviser en parts égales le capital de l’investisseur dans les quatre actifs suivants :

1- Métaux précieux : 25 %.

2- Actions : 25 %.

3- Obligations gouvernementales : 25 %.

4- Bons du Trésor : 25 %.

« En principe, avec un tel portefeuille, vous n’avez plus à vous tracasser sur la direction que prendront l’économie et les Bourses », dit Rob Carrick.

Selon Harry Browne, les métaux précieux (l’or, plus particulièrement) prémunissent l’investisseur contre l’inflation. Si au contraire l’économie est frappée par la déflation (baisse systématique des prix), les obligations gouvernementales servent de rempart. Les actions, elles, procurent de bons rendements durant les périodes de prospérité. Quant aux bons du Trésor, ils représentent une source de liquidités à l’abri de l’humeur des marchés.

Une fois que le Portefeuille Permanent est en place, l’investisseur n’a qu’à le rééquilibrer une ou deux fois par année pour que la pondération de départ soit respectée. Et il le conserve tel quel durant toute sa vie.

Le Portefeuille Permanent tient-il sa promesse ? Difficile à dire. Rob Carrick a repéré un fonds communs américain, le Permanent Portfolio Fund, qui s’inspire des idées de Harry Browne. L’ennui, c’est que ce fonds ne répartit pas son capital comme le prône Harry Browne. Il offre plutôt la pondération suivante :

– Or : 20 %.

– Argent : 5 %.

– Actifs libellés en francs suisses : 10 %.

– Immobilier et actions de ressources naturelles : 15 %.

– Actions de croissance : 15 %.

– Obligations, bons du Trésor : 35 %.

Eh bien, depuis son lancement en 1982, ce fonds affiche un retard entre 6,5 % et 10,6 % en moyenne par année par rapport à l’indice S&P 500.

Mais il reprend du poil de la bête sur une période de 10 ans, enregistrant + 9,8 % sur cette période, comparativement à – 1,6 % pour le S&P 500 et à + 2,6 % pour l’indice Citigroup des bons du Trésor américains.

Sur 3 ans, les résultats sont encore plus probants : + 6,5 % pour le Permanent Portfolio Fund, alors que le S&P 500 rapporte – 3,8 % et l’indice Citigroup des bons du Trésor américains, + 1,4 %.

À la canadienne Ces informations en main, Rob Carrick s’est amusé à concocter un Portefeuille Permanent à la canadienne, c’est-à-dire avec des actifs disponibles ici. Pour se simplifier la tâche, il a choisi des fonds négociés en Bourse (FNB) qui pistent des indices spécialisés dans les métaux précieux, les actions et les titres à revenu fixe. Puis, en communion avec la pensée de Harry Browne, il a réparti les FNB en quatre parties égales.

Sur une période de 12 mois, voici les résultats qu’il a obtenus :

Fonds négociés en Bourse Rendement 12 mois (%)
Claymore Gold Bullion 18,7
iShares S&P/TSX Capped Composite Index 9,5
iShares DEX Long Term Bond Index 5,2
Claymore Premium Money Market 0,0
Rendement total 8,4
Indice composite S&P/TSX 9,5

Comme on peut le constater, le Portefeuille Permanent accuse un certain retard par rapport à l’indice composite S&P/TSX. Mais Rob Carrick reconnaît qu’une comparaison basée sur une seule période 12 mois n’est pas très solide. Il a cherché à mesurer la performance de son Portefeuille Permanent sur de plus longues durées. Mais comme certains des FNB qu’il a retenus (et de nombreux autres) sont des nouveautés sur le marché canadien, leur historique ne dépasse pas une année.

Si un Portefeuille Permanent peut se tirer d’affaire dans toutes les situations, il ne convient pas malheureusement à tous les investisseurs. « Lorsque les taux d’intérêt sont très bas, comme c’est le cas actuellement, il génère peu de revenus. Et quand les marchés boursiers sont en nette progression, le Portefeuille Permanent ne parvient pas à suivre le rythme », constate Rob Carrick.

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