Le secteur bancaire parallèle pèse lourd

Par La rédaction | 12 mars 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Maitree Laipitaksin / 123RF

Le secteur bancaire parallèle, ou shadow banking en anglais, pesait entre 45 000 et 99 000 milliards de dollars américains à la fin de 2016.

Cette manne, réalisée aux trois quarts par des fonds non traditionnels, des fonds d’investissement ou des fonds monétaires, a enregistré une progression de 7,6 % sur un an, indique Le Figaro, s’appuyant sur les données publiées dans un récent rapport du Conseil de stabilité financière (Financial Stability Board, ou FSB).

Surtout présents aux États-Unis (31 %), en Chine (16 %), au Japon (6 %) et dans des paradis fiscaux, en particulier les îles Caïmans (10 %), ces fonds représentent aujourd’hui 13 % du total de l’actif des systèmes financiers des 29 pays qui relèvent de la compétence du FSB. Selon le FSB, le secteur de la finance non bancaire représente désormais 45 200 milliards de dollars, voire jusqu’à 99 000 milliards de dollars, soit 30 % de l’actif financier mondial, si l’on inclut l’ensemble de l’actif financier hors banques, assureurs et fonds de pension.

L’OPINION DU FSB A CHANGÉ

Mais alors que de nombreux experts jugent qu’il y a là un danger pour la stabilité du système bancaire mondial, le FSB estime au contraire que ce type de financement « offre une alternative utile » au crédit bancaire, et même qu’il « contribue à soutenir l’activité économique ».

Pourtant, rappelle Le Figaro, l’organisme international basé à Bâle (Suisse) n’a pas toujours été de cet avis. Il y a encore quelques mois, il pointait en effet du doigt ce monde parallèle composé d’assureurs, de fonds spéculatifs, de fonds communs de créances ou de fonds monétaires qui peuvent emprunter et prêter de l’argent, comme le feraient des banques, mais qui n’en sont pas et ne sont donc pas soumis aux mêmes contrôles. La raison? Il avait largement contribué au déclenchement de la crise financière de 2008, notamment par le biais des activités de titrisation.

Depuis l’an dernier, explique le quotidien, le FSB a changé son fusil d’épaule et assure maintenant que le shadow banking ne présente plus de risques pour la stabilité du système financier mondial, tandis que « l’Union européenne mise sur ces financements dans son projet d’Union des marchés de capitaux, qui entend réduire la dépendance des entreprises aux banques ».

« RISQUE SYSTÉMIQUE CROISSANT »

Dans un article publié l’été dernier, la rédactrice en chef du magazine économique suisse Bilan et ex-banquière estimait pour sa part que le risque de crise financière est aujourd’hui largement concentré dans la « finance de l’ombre », à la fois en raison de son poids et du fait qu’elle n’est pas assujettie aux mêmes règles prudentielles que le secteur bancaire traditionnel. « Toutes ces institutions brassent de plus en plus de dette, sur des bases moins strictes que les banques, corsetées par Bâle III. Pourquoi le font-elles? Parce que les taux d’intérêt bas incitent plus d’un investisseur institutionnel à emprunter bas, pour prêter haut, empochant la différence », expliquait alors la spécialiste.

« Cette masse de crédits peu ou pas régulés crée un risque systémique croissant », ajoutait-elle, car « toute une cascade de fonds à levier et d’entreprises endettées se retrouveraient insolvables si les taux d’intérêt remontaient » de façon importante.

La rédaction