Le secteur de la construction occupe une place démesurée au Canada

9 novembre 2007 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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L’économiste Adrienne Warren, de la Banque Scotia, estime que la contribution du secteur de la construction à la création de richesse du Canada est démesurée.

Depuis 2003, dit-elle, ce secteur a généré un quart de la croissance de la production intérieure, « soit le double de la place qu’il occupe dans l’économie nationale ». Plus de 250 000 emplois ont été créés dans ce secteur durant cette période, soit près d’un nouvel emploi sur cinq.

Le boom de la construction qu’on connaît actuellement est le plus important depuis l’après-guerre. Corrigées en fonction de l’inflation, les dépenses liées aux projets de construction, y compris la construction résidentielle, les bâtiments non résidentiels et les ouvrages de génie civil tels les routes et les barrages, ont augmenté de près de 6 % en taux annuel moyen depuis le milieu des années 1990, ce qui représente près du double de la croissance économique générale. En 2007, la valeur totale des investissements dans la construction franchira, pour la toute première fois, le cap des 200 milliards de dollars.

Bien qu’elle note une stabilisation du côté du résidentiel, Adrienne Warren souligne que le secteur de la construction en général continuera à jouer un rôle de premier plan dans la croissance. Les activités liées à la rénovation devraient demeurer soutenues étant donné le nombre record de ventes d’habitations existantes cette année. Le retour en force, à l’échelle nationale, d’investissements dans les immeubles commerciaux, les ressources et les infrastructures contribuera également au maintien de cette dynamique. « Les investissements dans les structures et les bâtiments non résidentiels, lesquels s’élevaient à 114 milliards de dollars en 2006, sont d’environ 40 % supérieurs aux dépenses liées à la construction résidentielle et à la rénovation », calcule l’experte.

Malgré ces perspectives favorables, elle exhorte les constructeurs à devenir plus prudents à l’égard de nouveaux projets commerciaux, vu le nombre élevé de grands chantiers en cours. D’ici 2009-2010, un nombre considérable de nouveaux bureaux arrivera sur le marché, ce qui fera regrimper les taux d’inoccupation, prévient Adrienne Warren. Le récent resserrement des conditions de crédit mondiales dans la foulée des problèmes liés aux prêts à risque aux États-Unis pourrait également freiner certains projets d’expansion.

On pourrait également assister à un certain ralentissement dans le secteur industriel. En effet, les fabricants en sont à réduire l’ampleur de leurs projets d’expansion en raison de la faiblesse des exportations et de l’achèvement imminent de nombreux projets portant sur les ressources naturelles. Le secteur institutionnel canadien est aussi en perte de vitesse. « Bien que les établissements d’enseignement et de soins de santé fassent l’objet d’investissements accrus, peu de nouveaux édifices de l’administration publique sont construits dans le contexte gouvernemental actuel axé sur l’impartition des services et la réduction des coûts », constate l’économiste.

En revanche, les travaux de génie devraient se maintenir à un niveau élevé. Tous les ordres de gouvernement cherchent à consolider leurs infrastructures publiques vieillissantes, dont des routes, des ponts, des voies de transport en commun et des services d’électricité. Les investissements dans le secteur de l’énergie et des mines continueront à dynamiser le secteur privé, soutenu par les cours élevés des produits de base et la forte demande mondiale.