Le soccer miné par des scandales d’évasion fiscale

Par La rédaction | 6 Décembre 2016 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Cristiano Ronaldo, l’attaquant vedette du Real Madrid, aurait dissimulé plus de 150 millions d’euros (213 millions de dollars canadiens) en l’espace de huit ans dans des paradis fiscaux en Suisse et aux Îles Vierges britanniques, rapporte Le Devoir.

Et il serait loin d’être le seul, puisque plusieurs autres joueurs et entraîneurs de soccer, notamment l’entraîneur en chef du célèbre club Manchester United, José Mourinho, sont soupçonnés d’avoir blanchi et dissimulé au fisc des dizaines de millions d’euros.

Ces révélations sont le fruit d’une enquête menée par un consortium de 12 journaux européens, dont l’hebdomadaire Der Spiegel (Allemagne), les quotidiens El Mundo (Espagne), The Sunday Times (Royaume-Uni) et Le Soir (Belgique) et le site web d’information Mediapart (France).

UNE FUITE DE 18,6 MILLIONS DE DOCUMENTS

L’origine de cette affaire remonte à plusieurs mois, lorsque Der Spiegel a reçu huit disques durs portables contenant quelque 18,6 millions de documents sur le monde du football. Pour « digérer » cette masse d’informations, l’hebdomadaire allemand a alors décidé de s’associer avec 11 autres médias européens regroupés au sein du réseau European Investigative Collaborations (EIC).

Après avoir épluché et analysé cette montagne de données durant sept mois, une cinquantaine de journalistes et une dizaine d’informaticiens ont mis à jour le plus vaste réseau d’évasion fiscale que le monde du soccer ait connu, explique Le Devoir. Ce dernier souligne qu’« après WikiLeaks et les Panama Papers, Football Leaks promet au cours des prochaines semaines d’ébranler ce sport et ses intouchables, à coups de révélations explosives prouvant fraude, évasion fiscale, prostitution et exploitation de joueurs mineurs ».

L’expéditeur de ces données, un certain « John », originaire du Portugal, a indiqué aux médias européens qu’il avait agi afin de mettre un terme à la corruption qui gangrénerait le soccer.

« Il est temps d’enfin nettoyer le [soccer]. Les partisans doivent comprendre qu’avec chaque place, chaque maillot qu’ils achètent, avec chaque abonnement de télé, ils alimentent un système extrêmement corrompu qui n’a que ses propres intérêts en tête », a-t-il justifié.

« SYSTÈME MASSIF D’ÉVAPORATION D’ARGENT »

Si l’on en croit les journaux européens, le cas de Ronaldo est particulièrement emblématique puisque celui-ci aurait eu recours à un système « massif et très organisé d’évaporation d’argent » élaboré par son agent Jorge Mendes, explique Le Devoir. Citant Mediapart, le quotidien montréalais précise que le joueur vedette du Real Madrid aurait ainsi empoché un total de 149,5 millions d’euros de revenus de commandites, détournés vers les paradis fiscaux, ne payant pour ce pactole que 4 % d’impôt.

Jorge Mendes a toutefois vivement contesté ces allégations, déclarant en fin de semaine que ses poulains et lui respectaient « pleinement leurs obligations fiscales envers les autorités espagnoles et britanniques ».

Les Îles Vierges britanniques sur la sellette

Le Football Leaks montre une fois encore que les Îles Vierges britanniques occupe une place de choix dans les montages financiers parallèles, note Le Figaro, qui relève qu’il n’est pourtant plus considéré comme un paradis fiscal par la France depuis l’an dernier.

Hormis ses plages de sable blanc et ses eaux turquoise et chaudes, ce «petit coin de paradis» demeure surtout renommé pour sa fiscalité plus qu’accueillante, avec un taux d’imposition de 0% sur les revenus, les entreprises, les bénéfices, les dividendes, les plus-values et les successions. Résultat, alors que les Îles comptent seulement 28 000 habitants, elles abritent plus de 430000 entreprises enregistrées!

Pointées du doigt en 2014 comme étant « non-coopératives », elles ont néanmoins changé de statut l’année suivante lorsqu’elles se sont engagées à automatiser les échanges de renseignements en matière fiscale. Malgré cela, certains pays européens continuent de les faire figurer sur leur « liste noire », notamment la Belgique, la Grèce, la Pologne, le Portugal et l’Espagne.

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