L’économie canadienne continuera de résister aux déboires de l’économie américaine

22 juillet 2008 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Même si l’économie du Canada est ralentie sous certains aspects par la crise des prêts hypothécaires, les produits de base et la prudence des ménages canadiens en matière d’habitudes immobilières sauvent en partie la mise, comme le montre le dernier rapport d’Études économiques Scotia, Perspectives mondiales, intitulé A Long and Winding Road to Recovery (Un long et sinueux chemin vers la reprise).

Au Canada, la croissance est freinée par la faiblesse de la demande aux États-Unis, le retour à la parité entre les devises des deux pays, et les prix extrêmement élevés du pétrole et du gaz naturel. Tandis que ces facteurs assombrissent les perspectives de nombreuses industries manufacturières et d’autres axées sur la mondialisation, comme celle du tourisme, le secteur automobile s’est retrouvé au coeur de ces ajustements.

«Il convient de ramener les ajustements difficiles que subit actuellement l’industrie canadienne à de justes proportions. En effet, depuis le début de la décennie, le nombre d’emplois manufacturiers a diminué de 11 % au Canada, à savoir moitié moins qu’aux États-Unis, où la baisse atteint 22 %, a indiqué Warren Jestin, économiste en chef, Banque Scotia. Dans la zone euro, le nombre d’emplois manufacturiers a chuté de près de 25 %, depuis 1990.»

Le rapport souligne que la diminution des exportations du secteur manufacturier canadien a été amortie par une montée rapide des profits issus des produits de base. Ceux-ci représentent désormais la moitié de la valeur des exportations de marchandises. L’année dernière, l’excédent commercial des produits de base s’est chiffré à 117milliards de dollars au Canada, soit presque une fois et demi le total des déficits composés d’autres catégories commerciales. La hausse spectaculaire des ventes de produits de base a également coïncidé avec la baisse de la dépendance du Canada à l’égard des marchés américains, qui, cette année, absorberont environ 77 % des exportations canadiennes, contre un sommet de 84 % il y a cinq ans.

Le repli de la demande aux États-Unis, en Europe et au Japon, ainsi que les multiples hausses des taux d’inflation des produits de consommation, montrent les retombées importantes de la demande en produits de base des marchés émergents sur les tendances économiques mondiales. Même si la poussée inflationniste provoquée par les produits de base s’essoufflait dans les prochains mois, les prix de nombreux produits énergétiques, industriels et agricoles seraient soutenus par la demande robuste de puissances comme la Chine, l’Inde, la Russie et le Brésil.

En outre, contrairement aux ménages américains, qui dépendent de plus en plus des emprunts garantis liés à l’avoir propre foncier pour soutenir leurs dépenses, les Canadiens, dans la dernière décennie, ont eu tendance à se constituer des capitaux propres en achetant une résidence. La hausse du nombre de ménages qui a précipité la crise des prêts hypothécaires à risque et le resserrement des conditions de crédit n’ont pas eu lieu au Canada. Même si la construction de résidences s’y est repliée de près de 10 % par rapport au record de 2006, et bien que les ventes et les prix baisseront probablement l’année prochaine, le ralentissement de l’activité du secteur résidentiel n’affectera pas autant la croissance générale.

M. Jestin explique que le fait que le Canada soit un des grands producteurs de produits de base mondiaux, son avantage stratégique en termes de finances publiques et la prudence des ménages canadiens ont aidé à préserver l’activité nationale contre les tourments économiques qui déferleront sur les États-Unis. «En 2008, la croissance de la production canadienne ne dépassera probablement pas celle des États-Unis, les fluctuations des stocks et les perturbations météorologiques ayant provoqué une petite contraction de ce côté de la frontière au début de l’année, et les importantes mesures de relance budgétaire étant en train d’augmenter temporairement la demande aux États-Unis. Les ajustements difficiles infligés au secteur automobile devraient également poser un important défi aux deux pays.»

Quant à la devise canadienne, dpuis le début de l’année, elle a été plutôt stable et près de la parité avec le billet vert, malgré la propulsion des prix des produits de base et la forte crainte face aux perspectives économiques et financières américaines. Même si le huard risque d’être agité par le ralentissement de la croissance nationale et internationale dans les prochains mois, la position enviable d’un pays riche en ressources comme le Canada et les revenus afférents qui soutiennent les doubles excédents commerciaux et budgétaires laissent présager une nouvelle appréciation de la devise. Face à la volatilité et à la faiblesse du dollar américain, le dollar canadien devrait dépasser la parité en 2009.