Les banques canadiennes dévoilent les secrets de leur réussite

Par Alizée Calza | 3 avril 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
5 minutes de lecture

Impressions, réussites, bouleversements technologiques : les grands patrons de la finance nous dévoilent leurs stratégies de l’année 2017 et les occasions et défis qui retiendront leur attention en 2018.

Réunis à l’occasion de la 16e conférence annuelle sur les services financiers canadiens, une vingtaine de compagnies ont répondu aux questions concernant leur pratique de Jean-Philippe Cousineau, directeur général et cochef des ventes institutionnelles à la Financière Banque Nationale.

Un constat se détache de ces réponses, les banques ont bien performé cette année malgré la révolution technologique qui bouleverse le secteur et les quelques scandales, comme le rapport sur les pratiques de vente des banques de l’Agence de la consommation en matière financière du Canada (ACFC).

Il est d’ailleurs intéressant de voir que certaines banques ont enregistré des bons résultats en utilisant des stratégies opposées. La Banque de Montréal (BMO) attribue ainsi ses bons rendements au fait de la moindre représentation du secteur bancaire canadien dans son institution.

« Du côté structurel, notre secteur le moins compétitif est notre activité bancaire canadienne personnelle et commerciale. Il représente environ 50 % de ratio d’efficacité, c’est donc le plus petit pourcentage de toutes les activités des grandes banques. C’est donc ce qui est le moins représenté dans notre institution », déclare Tom Flynn, directeur financier de la BMO.

Leur taux de rendement est surtout dû à leurs actions et investissement sur le marché américain. La Banque Nationale, qui a enregistré d’excellentes performances sur le marché des capitaux, évite quant à elle ce marché qu’elle trouve trop onéreux et compétitif.

« Une des raisons pour lesquelles nous performons bien sur le marché des capitaux, c’est notre franchise qui grandit. Nous bénéficions aussi du fait que celle-ci est presque exclusivement canadienne », explique Louis Vachon, président et chef de la direction à la Banque Nationale.

DES INSTITUTIONS TOURNÉES VERS LA TECHNO

Si leurs stratégies d’investissement diffèrent, les institutions se tournent toutes vers la technologie, leur avenir selon eux. Ainsi, Christina Kramer, première vice-présidente exécutive et chef de groupe, Services bancaires personnels et aux petites entreprises, explique qu’en matière de distribution, 82 % des transactions se font maintenant par téléphone ou en ligne.

« Nous diminuons le nombre de centres pour des transactions bancaires. Nos clients disent vouloir venir à un centre pour s’entretenir avec un conseiller, donc nous nous adaptons et avons décidé de transformer 30 % de nos centres urbains en centres-conseils », déclara-t-elle.

À BMO, chaque année, Tom Flynn explique qu’environ deux milliards de dollars sont investis dans la technologie.

« Nos clients disent vouloir venir à un centre pour s’entretenir avec un conseiller, donc nous nous adaptons et avons décidé de transformer 30 % de nos centres urbains en centres-conseils », raconte-t-il.

Du côté de la Banque Nationale aussi. Louis Vachon explique qu’ils se tournent vers la technologie afin de « produire le même volume d’opération et même plus, mais d’une autre façon ». Une façon également de réduire les coûts pour faire certaines opérations avec moins de personnes et déployer mieux certaines fonctions. Ainsi, dans un futur proche, certains de leurs produits comme les hypothèques et les prêts vont être automatisés.

LE RAPPORT DE L’ACFC

Interrogée au sujet du rapport sur les pratiques de vente des banques qui a fait scandale, Christina Kramer a dit avoir pris en note les recommandations de l’ACFC. Cependant, elle a précisé que la CIBC publie régulièrement ses propres rapports.

« Nous faisons régulièrement des rapports pour regarder comment les ventes se comportent, ce qui fonctionne, ce qu’on doit améliorer, c’est un processus annuel », explique-t-elle.

En ce qui concerne les problèmes soulevés par le rapport quant aux assurances et hypothèques, Christina Kramer a affirmé qu’ils étaient confortables sur ce marché en raison de leur transparence et leurs rapports réguliers aussi dans ce secteur.

L’AVENIR DU QUÉBEC

Malgré les menaces qui pèsent sur le marché, comme la fin l’ALENA, les sauts boursiers en début d’année ou le possible ralentissement économique, les banques restent confiantes. Louis Vachon a même tenu à préciser que la Banque Nationale ne « s’inquiétait pas pour l’économie québécoise ».

« Les bonnes nouvelles pour l’économie québécoise ne font pas partie d’un cycle, mais sont structurelles. Quand vous regardez les finances publiques, où on réduit la dette sur du long terme avec le fonds de génération et la discipline là-dedans, c’est structurel. La population grandit avec l’immigration. Le Québec est avec le Manitoba l’une des deux économies les plus diversifiées du Canada. Nous sommes donc bien positionnés pour l’économie de demain », explique-t-il.

Ainsi, ils ne s’attendent pas seulement à un bon développement pour les deux prochaines années, mais plutôt pour les cinq ou dix à venir.

Alizée Calza Alizee Calza

Alizée Calza

Alizée Calza est rédactrice en chef adjointe pour Conseiller.ca et pour Finance et Investissement.