Les changements climatiques menacent 2 500 G$ d’actifs financiers

Par La rédaction | 5 mai 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Jusqu’à 2 500 milliards de dollars d’actifs financiers sur les marchés mondiaux seront menacés si les changements climatiques entraînent une hausse des températures de 2,5 °C d’ici à 2100, estime une étude britannique citée par l’Agence France-Presse.

Cela représente 1,8 % de la valeur totale des actifs financiers mondiaux, soit l’équivalent de la moitié de la capitalisation totale du secteur des énergies fossiles, souligne l’étude menée par le professeur Simon Dietz, de la London School of Economics and Political Science.

UN ENJEU IMPORTANT POUR LES INVESTISSEURS

Le chercheur évoque un scénario encore plus dramatique, dans lequel les pertes atteindraient le montant astronomique de 24 000 G$. Cette éventualité a toutefois seulement 1 % de chances de se produire, selon lui.

« Notre étude montre pourquoi la menace du changement climatique devrait être un enjeu important pour tous les investisseurs sur le long terme, comme les fonds de pension », souligne-t-il.

La solution? Simon Dietz estime qu’il faudrait prendre de toute urgence des mesures afin de limiter les émissions de gaz à effet de serre (GES) pour contenir la hausse de la température nettement en-deçà de 2 °C, comme la communauté internationale s’y est engagée lors de la conférence de Paris en décembre. D’après lui, rester sous le seuil de 2 °C permettrait de circonscrire à 1 700 G$ le montant des actifs en péril.

De leur côté, nombre de scientifiques spécialistes du climat anticipent plutôt un réchauffement de 4 °C d’ici la fin du siècle si rien n’est fait. Et même si tous les États appliquaient les mesures promises en décembre, ils calculent que la hausse serait malgré tout comprise entre 2,7 °C et 3 °C. Or, rappelle l’AFP, on est loin du compte, puisque l’accord de Paris, scellé par 195 États sous l’égide de l’Organisation des nations unies, doit encore être ratifié et, surtout, être appliqué concrètement.

INACTION AU CANADA

Les grands investisseurs institutionnels canadiens négligent souvent de faire des gestes concrets pour réduire leur exposition au risque climatique, rapporte Le Devoir. Un jugement étayé par plusieurs données du Bulletin mondial 2016 de l’Asset Owners Disclosure Project (AODP), une organisation non gouvernementale spécialisée dans les questions financières et environnementales.

Dans son classement des investisseurs les plus proactifs devant les changements climatiques, l’AODP attribue un score médiocre au Canada, puisqu’il n’arrive qu’au 11e rang sur 25, derrière la Chine et, surtout, des pays comme la Suède et la Norvège. Les 500 plus gros gestionnaires d’actifs du monde sont évalués dans ce palmarès.

Du côté des assureurs et des gestionnaires de caisses de retraite ou de fonds d’investissement canadiens, c’est le fonds de pension des enseignants de l’Ontario Teachers qui récolte la moins mauvaise note (un triple C), en se classant à la 64e place.

PAS MIEUX AU QUÉBEC

Pire, trois importants fonds québécois ne mèneraient aucune action contre le réchauffement climatique, affirme l’AODP : le Régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes publics, le Régime de retraite des enseignants du Québec et le Fonds d’amortissement des régimes de retraite pour les employés de l’État.

Résultat, « 40 % des grands investisseurs canadiens sont aujourd’hui dans le déni à propos des risques associés au changement climatique », déplore Julian Poulter, chef de la direction de l’organisation non gouvernementale.

« Les risques associés au changement climatique constituent désormais un enjeu dominant pour les investisseurs institutionnels. Or, ils ne sont qu’une poignée à protéger leur portefeuille contre un danger réel de se retrouver avec des actifs dégradés », ajoute le dirigeant de l’AODP, qui se dit également surpris du fait que « près de la moitié des plus grands investisseurs dans le monde ne font rien pour atténuer le risque climat » ni pour « décarboner » leur portefeuille.

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