Les changements de réglementation menacent les banques canadiennes

Par La rédaction | 5 novembre 2014 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Les changements de réglementation, combinés avec d’autres risques, exercent une pression accrue sur les modèles d’affaires traditionnels. Dans ce contexte, les banques canadiennes ne sont pas à l’abri, indique le dernier rapport annuel d’Ernst & Young sur la gestion des risques des grandes institutions financières dans le monde.

Intitulé Shifting focus : Risk culture at the forefront of banking, ce document a été réalisé en collaboration avec l’association des grandes banques et institutions financières mondiales, l’IIF (Institute of International Finance).

Trouver un juste équilibre

Le sondage sur lequel il est basé a été réalisé de janvier à avril 2014. Il a impliqué 53 sociétés membres de l’IIF dans 27 pays, dont les responsables de la gestion des risques. D’autres représentants de la haute direction ont répondu à un questionnaire en ligne et participé à des entrevues téléphoniques.

Résultat : plus de la moitié des établissements bancaires interrogés (56 %) admettent que « l’atteinte d’un équilibre entre une culture axée sur les ventes et une culture du risque à l’échelle de la société constitue un obstacle de taille au renforcement de la culture du risque en général », résume EY.

Au pays, les banques « se trouvent en première ligne des efforts de l’ensemble du secteur pour gérer plus efficacement » cette culture, affirme Michel Bergeron, responsable du secteur des services financiers de Montréal chez EY.

« Fortes pressions » sur le guichet

Dans ce contexte, estime-t-il, « déplacer au guichet la responsabilité en matière de risque et veiller à ce que les contrôles soient en place et efficaces constituent des enjeux permanents ».

« Le guichet subit de fortes pressions pour stimuler les résultats » alors que, traditionnellement, « il se concentrait sur les revenus ciblés, et les responsabilités liées au risque se bornaient à ne pas dépasser les limites », ajoute-t-il.

Mais aujourd’hui, les choses changent, note EY, et « de nombreuses banques croient que les outils entourant les responsabilités et la transparence ne sont pas suffisants pour authentifier la responsabilité du guichet vis-à-vis du risque ».

Rendements plus faibles

Toutefois, relève Michel Bergeron, « pour que le guichet s’approprie les risques et se sente responsable du processus entier, cela requiert des changements à la culture, aux systèmes et aux structures ».

En outre, « le juste équilibre entre une culture des ventes et une culture des risques demeure difficile à établir, surtout quand les investisseurs ne sont pas prêts à accepter des rendements de capitaux propres plus faibles », insiste-t-il.

Selon le sondage, 82 % des banques dans le monde ont réduit l’objectif fixé pour le rendement des capitaux propres, et ce, avant la crise. Plus de la moitié continuent à le réduire depuis l’an dernier.

Revoir la rémunération des dirigeants

Le sondage d’EY révèle par ailleurs que 68 % des banques affirment qu’elles travaillent à renforcer leur responsabilité en matière de gestion des risques, tandis que 58 % d’entre elles disent éprouver de la difficulté à mettre en œuvre la prise de risque dans leurs activités.

Enfin, 58 % des institutions financières interrogées alignent la rémunération de leurs dirigeants sur des mesures de performance ajustées selon les risques.

« À la sortie de la crise financière, les banques canadiennes étaient un exemple de saine culture des risques, conclut Michel Bergeron. Mais elles ne peuvent s’offrir le luxe de se reposer sur leurs lauriers. Le renforcement de la culture des risques est un processus continu qui est essentiel pour rendre efficace la prise de risque dans son ensemble. »

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