Les conseillers doivent encourager la diversification à l’étranger

15 juin 2007 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Les portefeuilles des investisseurs devraient ressembler à une assemblée des Nations Unies, et le rôle des conseillers consiste à les aider à les bâtir.

Voilà les propos qu’a tenus Michele Gambera, économiste principal à la firme américaine Ibbotson Associates, lors d’une allocution prononcée mercredi dernier dans le cadre de la Conférence annuelle de Morningstar.

L’expert a indiqué qu’une diversification internationale est généralement considérée comme un moyen valable pour donner un coup de fouet à l’efficacité et aux rendements prévus dans le portefeuille d’un investisseur. « Comme les marchés ne sont pas exactement corrélés, cela réduit la volatilité », a-t-il expliqué.

Le modèle de diversification « classique » est de suivre les pondérations de l’indice mondial tous pays MSCI. « Si les prix sont efficients, alors la capitalisation de chaque pays devrait être représentée par l’indice mondial MSCI.» Par conséquent, les régions Amérique du Nord et Pacifique excluant le Japon devraient représenter 47 % et 10,3 % du portefeuille, respectivement. De manière générale Michele Gambera estime qu’un investisseur nord-américain devrait détenir au moins 25 % d’actifs étrangers dans son portefeuille, avec une limite de 50 %. Pour ce qui est des placements nord-américains, il devrait favoriser les actions américaines au détriment des titres canadiens afin que son portefeuille reflète la différence de poids entre les deux économies. Bref, le contenu canadien devrait osciller entre 10 % et 20 % du portefeuille.

Mais les investisseurs d’ici et de partout dans le monde sont loin de ce compte. En effet, ils ont une forte inclination pour les instruments de placement locaux, car ils jugent les avantages d’une diversification mondiale comme étant négligeables. Ils arguent que de nombreuses entreprises canadiennes réalisent le gros de leur chiffre d’affaires à l’étranger. Donc, en achetant les titres de ces sociétés, ils croient diversifier leurs placements par la bande. Par ailleurs, les retraités feront remarquer qu’ils se procurent la plupart de leurs biens et services dans le marché national. « Ils auront donc besoin de moyens financiers pour acheter des biens, qui dans certains cas ne peuvent pas être importés. » D’où ce penchant compréhensible pour des placements domestiques.

Malgré ces arguments valables, Michele Gambera estime que les investisseurs qui mettent tous leurs oeufs dans le même panier géographique risquent de se mordre les pouces.

Il a proposé plusieurs approches aux conseillers pour qu’ils encouragent leurs clients à adopter des positions mondiales « plus représentatives ». Outre la diversification classique, il a décrit notamment le modèle macroéconomique, qui consiste à axer le portefeuille en fonction des pays où ils comptent vivre dans l’avenir. « Si vous avez l’intention de prendre votre retraite, où iront vos dépenses? Au Canada? Au Costa Rica? Au Royaume-Uni? », a-t-il demandé.

Michele Gambera travaille actuellement à mettre au point une approche macroéconomique qui se concentre autant sur les biens négociables que non négociables. Mais la tâche est ardue, car il n’existe par de moyen simple pour mesurer approximativement la proportion des biens provenant de l’étranger que les consommateurs prévoient acheter dans l’avenir.