Les lacunes de l’épargne au féminin

Par Pierre-Luc Trudel | 9 mars 2015 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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En plus de devoir composer avec un salaire souvent inférieur à leurs collègues masculins, les femmes accuseraient un important retard en matière d’épargne-retraite et de planification financière, selon un récent sondage de BlackRock réalisé dans le cadre de la Journée internationale de la femme, qui se tenait dimanche.

Non seulement les Canadiennes gagnent moins et consacrent une moins grande part de leur revenu à l’épargne et aux placements que les hommes, mais elles sont aussi beaucoup moins impliquées dans la gestion de leurs finances.

Bien qu’une proportion semblable d’hommes et de femmes (environ trois sur cinq) affirment avoir commencé à épargner pour la retraite, les femmes ont l’impression qu’il leur sera très difficile de réaliser leurs objectifs financiers. Comme ces dernières sont beaucoup moins nombreuses à occuper un emploi, et que celles qui en ont un sont beaucoup plus nombreuses que les hommes à occuper un emploi à temps partiel, il leur est en général plus difficile de mettre de l’argent de côté.

Le revenu personnel moyen des femmes est ainsi inférieur de 25 % à celui des répondants masculins, tandis que la valeur de l’épargne et des placements des femmes est inférieure de 46 % à celle des hommes. Plus de femmes que d’hommes invoquent le coût de la vie élevé (55 %) et la faiblesse de leur revenu (52 %) comme principaux obstacles à l’épargne (contre 46 % et 42 % des hommes, respectivement).

« Les femmes affectent une plus grande part de leur revenu aux dépenses de base comme le prêt hypothécaire, le loyer et les services publics, ce qui leur laisse moins d’argent à investir, indique Karrie Van Belle, directrice générale de BlackRock Asset Management Canada. Toutefois, le revenu ne constitue qu’une partie de l’équation. Les femmes s’intéressent moins que les hommes à l’épargne et aux placements, et le sondage révèle que plusieurs répondantes présentent un manque de connaissances flagrant en matière de planification de la retraite. »

Participation plus faible

Selon le sondage mené par la société d’investissement, beaucoup moins de femmes que d’hommes indiquent connaître le revenu dont elles auront besoin à la retraite (41 % contre 51 % pour les hommes), et seulement 39 % des femmes savent combien elles doivent épargner pour atteindre leurs objectifs de retraite, alors que 46 % des hommes ont une idée assez précise.

Elles sont aussi moins nombreuses à participer à un régime de retraite au travail et à détenir un REER ou un CELI. De plus, les femmes qui participent à un régime de retraite de leur employeur sont beaucoup moins actives. En effet, près de la moitié (46 %) des femmes qui participent à un régime à cotisation déterminée affirment qu’elles ne rajustent jamais la répartition de leurs cotisations, contre seulement 18 % des hommes, et 42 % des femmes disent qu’elles n’ont aucune idée du montant de la cotisation maximale permise dans le cadre de leur régime.

Aversion pour le risque

Si les femmes ont plus de mal que les hommes à se constituer un patrimoine, c’est aussi parce que leur peur du risque leur fait adopter des stratégies de placement qui ne génèrent qu’un faible rendement. La plupart des répondantes (62 %) ont indiqué qu’elles ne voulaient pas prendre de risques avec leur argent (contre 49 % des hommes), et peu de femmes (22 %) ont affirmé être prêtes à prendre plus de risques pour obtenir un meilleur rendement alors que cette proportion grimpe à 37 % chez les hommes.

Plus précisément, seulement 19 % des femmes ont indiqué qu’elles étaient à l’aise d’investir directement dans les actions, comparativement à 37 % des hommes. Ainsi, l’épargne de la majorité des Canadiennes est sous forme de liquidité (66 %), contre 59 % pour les hommes. Les actions ne représentent en moyenne que 15 % du portefeuille des investisseuses, comparativement à 21 % pour celui des hommes.

Cette aversion pour le risque est symptomatique d’un manque de confiance plus généralisée chez les investisseuses. Plus d’une répondante sur cinq (21 %) a admis ne pas avoir confiance en son portefeuille (contre 14 % des hommes), la principale raison étant le manque de connaissances sur l’établissement d’un portefeuille. Malgré tout, moins de la moitié d’entre elles (45 % contre 54 % des hommes) ont affirmé vouloir en savoir plus sur les placements.

Les Canadiennes sont finalement plus nombreuses que la moyenne mondiale à ne pas considérer la gestion de leurs placements comme une activité positive. Plus précisément, seulement 29 % des Canadiennes aiment gérer leurs placements, contre 41 % des femmes à l’échelle mondiale.

« Le manque d’engagement des femmes à l’égard de leurs finances personnelles semble les rendre plus pessimistes face à leur avenir. Notre sondage indique clairement que les femmes sont moins confiantes que les hommes quant à leur capacité à réaliser leurs objectifs financiers, qu’il s’agisse d’épargner, de se constituer un capital-retraite ou d’accroître la valeur de leur patrimoine », conclut Mme Van Belle.

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Pierre-Luc Trudel